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Billet de blog 5 juin 2008

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Soaked is an understatement, darling!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il a plusieurs choses auxquelles je ne me suis toujours pas habituée en dépit de mes 3 – presque 4- années d’immersion au pays des juicy burgers et des cinnamon rolls. Il y a les porteurs de tongs par -5°C, l’accent incompréhensible des black américains, les « hugs » virils par ceux même qui invoquent haut et fort l’intrusion dans leur « private space » et les rivières tropicales dans les avenues de Washington.

Averse équatoriale sur palmiers couchés au sol, oui. Crachin sur immeubles gris, oui. Il y a même dans tout ça un certain respect de la norme, une organisation hiérarchique dans le déchainement des éléments. Mais la pluie tropicale qui transforme les rues en rivières, les geysers qui sortent des bouches d’égout, ça ne correspond juste pas à l’idée que j’avais – que j’ai toujours – de cette ville édulcorée à l’urbanisme un tantinet répétitif, pour ne pas dire simplement ennuyeux. Ça bouscule mes idées préconçues. Et les leurs aussi a priori… à en croire les coupures d’électricité dans les banlieues résidentielles, les inondations dans les quartiers pauvres et dépassement total des transports en commun, qui s’évertuent toujours à faire la liaison entre les deux. Néanmoins, j’aime ces moments rares où l’on se retrouve avec 25 pingouins en costards dégoulinants, fulminant de ne pas avoir quitté le boulot à 6h comme tout un chacun, s’abritant dans une entrée d’hôtel. Ceux qui appellent déjà à la maison pour prévenir de leur retard, en faisant ruisseler la pluie sur leur Blackberry embué. Les regards amusés de ceux qui préfèrent attendre à ceux qui s’élancent coûte que coûte sous la pluie battante. Les regards envieux de ceux qui n’ont rien à ceux qui ont quand même un parapluie. L’inventivité de ceux qui d’une mallette, d’un sac de sport ou d’un journal, font un parapluie de fortune. Les solidarités se créent : « Vous allez vers où ? On partage mon parapluie ? ». Et se défont aussi sec (mauvais jeu de mots) quand passe par là un animal rare sous ces latitudes: un taxi inoccupé. Les gens se sourient plus, se parlent plus que d’habitude. C’est marrant tout de même qu’il faille attendre un soir de tornade pour discuter avec le collègue du 3eme bureau au bout du couloir, non ? Il y a un romantisme intrinsèque (encore !) accompagnant presque toujours la pluie. De Brassens qui échangeait un p'tit coin d'parapluie contre un coin d'paradis à Verlaine dont il pleure dans le cœur comme il pleut sur la ville, en passant par Renaud qui sautait dans les flaques pour la faire râler, bousillait ses godasses et s' marrait, on a tous un petit coté « Mimi Cracra l’eau elle aime ca », un souvenir grisant d’une journée pluvieuse où notre pouls s’est emporté en courant sous l’orage. Un moment Gene Kelly.

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