Antine Legrand (avatar)

Antine Legrand

Abonné·e de Mediapart

32 Billets

3 Éditions

Billet de blog 7 juin 2008

Antine Legrand (avatar)

Antine Legrand

Abonné·e de Mediapart

Sex and the City

Je fais partie de la génération des filles élevées à Sex and the City. On y peut rien, c’est comme ça, matraquage médiatique oblige, on crée des classes d’âge par série.

Antine Legrand (avatar)

Antine Legrand

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je fais partie de la génération des filles élevées à Sex and the City. On y peut rien, c’est comme ça, matraquage médiatique oblige, on crée des classes d’âge par série. Celle à laquelle appartiennent mes parents a eu Thierry La Fronde ; Pour les filles de 25/30 ans aujourd’hui, c’est Sex and the city… Après réflexion, j’aurais peut-être pu écrire « pour les filles de 15 à 45 ans aujourd’hui, c’est Sex and the city ». Je n’ai pas été une fan de la première heure mais, par la force des choses-comprendre 10 ans de diffusion, rediffusion sur plusieurs chaines nationales et du câble, plus une coloc’ accro et un coffret DVD offert par une grand-tante qui s’était égarée-, j’ai bien du voir 80% des épisodes. Trois fois. Donc oui, j’assume. J’ai été forgée aux articles romantico-introspectifs de Carrie, j’ai admiré/envié les prouesses de Samantha Jones et la carrière de Miranda, j’ai béni Charlotte pour ses conceptions idéalistes du monde et de l’amour qui m’ont parfois fait sentir moins seule, moins con. J’ai aimé leur indépendance, leur assurance, leur fragilité, leur indéfectible amitié et leur humour. Mais faire un film d’une série à succès, adapter à un format long ce qui était justement un concept percutant (parce que) court, est un exercice périlleux. J’avais donc un peu peur en y allant. Peur d’être déçue, évidemment.Je ne m’attendais pas ça. Voir le film le jour de sa sortie, dans l’une des plus grandes salles de Washington (dont tous les habitants nourrissent secrètement un complexe d’infériorité envers New York même s’ils ne l’avoueront jamais) relevait plus de l’expérience culturelle que de la séance de ciné. 95% de filles, 5% d’homos, pas un hétéro. Des filles par bans entiers. Excusez la métaphore poissonnière, mais c’était vraiment l’impression que ca donnait, vu qu’elles bougeaient en masse, sans leader ni direction apparente et que leurs robes en lamé brillaient sous les néons du plafond. Il y avait même un exemple de ban de poisson-camouflages : 4 filles dont deux blondes, une brune, une rousse, la plus petite des blondes dans des escarpins que nombreux yeux avertis et envieux semblaient identifier comme étant des Manolo Blahnik. D’ailleurs, Carrie et ses Manolos… Véritable trademark ou climax du placement de produit ? Je ne sais pas mais aucun des articles ou critiques du film n’oublie de mentionner le nom du créateur-chausseur. Après cette percutante nouvelle du phénomene que représente SATC (puisqu' apparemment c'est l'acronyme de rigueur quand on est "connoisseur"), le film en lui-même passe vraiment au second plan. Ce n’est pas parfait, ce n’est jamais parfait. C’est moins féministe que je ne l’aurais voulu (oui, oui, il faut que je me soigne, on me l’a déjà dit… Etre féministe de nos jours, c’est soit ridicule, soit lesbien… et ben moi j’aime bien !). Moins entier que la série à ses débuts (pour une analyse complète de comment le film est une clôture trop politiquement correcte d’une série qui avait le potentiel beaucoup plus révolutionnaire, lire « Girls gone Mild »- http://www.newsweek.com/id/137300). Ceux qui s’extasient le plus (hormis les vrais fans susmentionnées mais leur objectivité quant au contenu du film pourrait être mise en doute), ce sont les hommes qui s’y sont fait trainer de force par leur copine et qui ont l’impression d’avoir appris plus sur la psyché féminine pendant ces 2 heures que dans toute leur existence. Mais au fond, on passe quand même un bon moment avec ses copines et c’est exactement pour ca qu’on était venu, non ? Parce que comme disait très justement ma Miranda à moi, c’est un « girls buddy movie ». Un genre à développer peut-être ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.