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Billet de blog 23 juillet 2008

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Escapade dans les vignes – Epitome of cultural choc.

Le terme de « wine tasting » évoque à tout bon français un mélange de découverte et de savoir-vivre ;une cave à l’atmosphère odorante ; le reflet d’un liquide divin dans un verre ballon ;un expert œnologue qui vous assomme d’adjectifs inappropriés (parce que pour vous, le vocabulaire vinicole se limite àsec/fruité/sucré/liquoreux) ; un cadre ancien, de préférence une propriété familiale, avec un blason et une appellation, ou encore une odeur mélangeant harmonieusement liège et sous-bois.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le terme de « wine tasting » évoque à tout bon français un mélange de découverte et de savoir-vivre ;une cave à l’atmosphère odorante ; le reflet d’un liquide divin dans un verre ballon ;un expert œnologue qui vous assomme d’adjectifs inappropriés (parce que pour vous, le vocabulaire vinicole se limite àsec/fruité/sucré/liquoreux) ; un cadre ancien, de préférence une propriété familiale, avec un blason et une appellation, ou encore une odeur mélangeant harmonieusement liège et sous-bois.

A l’évocation du mot, la plupart du temps, vous visualisez un couple, Marie-Christine et Charles-Henri en habit d’après-messe qui viennent déguster à l’œil du Cotes de Beaunes, par un dimanche après-midi ensoleillé, avant de remplir le coffre de la Safrane. Sauf que, depuis vos préconceptions adolescentes, les choses ont changé et que maintenant, c’est vous et Alice, remplissant le coffre de la Golf – voire un plus petit modèle encore, si vous êtes parisien.

Quelle ne fut donc pas ma surprise quand, le week-end dernier, lors d’une exploration dans les tréfonds du Maryland (1h30 de route au nord-est du Washington), je me suis retrouvée témoin d’un événement étrange : un concept hybride entre un wine-tasting à l’américaine et un festival des Vieilles Charrues.

Ce minotaure viticole s’annonçaient pourtant sur le site comme « reggae festival in a traditional Maryland vineyard ». Moi j’imaginais déjà les Skatalites jouant au milieu des vignes pour une dizaine de clampins venus de loin pour acheter un Cabernet local.

Le biotope était en fait tout différent. Il y avait certes des pieds de vignes aux alentours, mais aussi un parking géant où s’alignaient des SUV rutilant sous le soleil de juillet. On s’approchait plus de Woodstock que du concert intimiste. La population plutôt jeune avait pour but affiché de rentabiliser le prix d’entrée du billet en multipliant ce que j’ai du mal à appeler « dégustation » - parce qu’on ne « deguste » plus vraiment à la 15eme dégustation, les 12 vins proposés. Les vins eux-mêmes semblaient avoir été adaptés au public : jeunes, mielleux, facilement bus et facilement oubliés.

On y trouvait de tout : de la bande de frat’ boys et de lycéennes à peine « over 21 » venus boire tout ce qu’ils pouvaient loin des contrôles policiers aux familles avec enfants et matériel de pros, digne des pires vacances à Palavas-les-flots (i.e tente, chaises pliantes, table de camping et filet de volley). Les premiers, roulant déjà sous la table des seconds vers 3h de l’après-midi. Il y a même un groupe qui est arrivé dans les vignes en limousine blanche à vitres teintés.

Cela dit, en dépit de la qualité pitoyable du vin en question, cet événement avait un certain charme…et un objectif marketing indéniablement atteint. Savoir sortir de son élitisme ambiant (dans un pays où la Miller Light règne en maitre) un produit comme le vin pour le vendre comme des petits pains, c’est tout de même une prouesse.

C’est sur, ce n’était pas du Chassagne-Montrachet, mais apparemment, ce n’était pas non plus ce qu’on lui demandait.

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