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Billet de blog 24 juillet 2008

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Screen on the Green

L’un des pics de l’activité estivale washingtonienne est surement, simplement, le Screen on the green. Pas qu’il s’agisse d’un concept particulièrement révolutionnaire – à vrai dire, il en existe dans plusieurs villes des Etats-Unis et surement même encore à la Villette – mais parce qu’ici, cela se pratique avec une dévotion presque religieuse.

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L’un des pics de l’activité estivale washingtonienne est surement, simplement, le Screen on the green. Pas qu’il s’agisse d’un concept particulièrement révolutionnaire – à vrai dire, il en existe dans plusieurs villes des Etats-Unis et surement même encore à la Villette – mais parce qu’ici, cela se pratique avec une dévotion presque religieuse.

Le concept est simple. Chaque lundi, pour 6 semaines au milieu de l’été, un écran géant se monte sur les pelouses qui s’étendent devant le Capitole, et l’on y projette un classique, qui peut aller de Annie Hall à Arsenic et Vieilles dentelles, en passant par un James Bond « old school ». Chacun amène donc une nappe, un piquenique et tout ce qu’il a d’amis à venir partager ce rituel cinématographique. Le film comptant presque moins que le cadre : Il est dur de retrouver une salle obscure après avoir dégusté un chef d’œuvre du cinéma des années 50 (déjà une denrée rare en ce pays) entre le Capitole et le Washington Monument,le cul dans l’herbe, un verre de vin blanc frais à la main, au milieu des lucioles, avec la pleine lune émergeant au dessus des arbres en « guest star » au finish ! Pourquoi parlais-je de dévotion presque religieuse ? Cet événement pourrait effectivement, à première vue, laisser coi un non-adepte. Il y a tout d’abord ces légions organisées, arrivant en avance pour réserver des places à leurs amis attardés qui ne se pointeront qu’au dernier moment - les évangélistes. Il y a ces regroupements par sectes et fractions : On ne s’assoit pas à coté de n’importe qui dans ce temple à ciel ouvert ! (mais l’avantage c’est qu’on y trouve toujours un ami… Il y’a finalement beaucoup plus d’évangélistes qu’on ne le croit en ce bas monde !) Et surtout, il y a ce rituel qui pourrait sembler presque fanatique à l’agnostique égaré qui verra soudain se lever la quasi-totalité des 2000 personnes présentes pour gesticuler comme des brulés vifs sur les premières notes du générique de HBO, annonciateur du film à venir…. et se rassoir sagement après quelques mesures. Flash-mob style. Quand j’ai cherché à connaître la signification de cette transe introductive, je me suis heurté à une explication digne de la Genèse : Parce que cela a toujours été comme ça depuis la nuit des temps. Enfin, il y a un éminent sentiment de communion, en partie dû au lieu, en partie dû à la foule, quand tout le monde rie au même moment d’un film, sous le ciel étoilé.

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