Comme il a existé Gainsbourg et Gainsbarre, Renaud et Renard, il y a Melenchon et Melenchard. Personnage double, capable de faire naître les plus grands espoirs comme d’engendrer les plus grandes déceptions, il n’existe pas ou peu de personnes ayant un sentiment mitigé à son égard. Certain(e)s le suivent depuis longtemps et l’admirent, d’autres qui le suivent depuis tout aussi longtemps ne peuvent plus le voir en peinture (ou en mème devrait-on dire à notre époque). Les deux personnages coexistent pourtant et chacun ne semble pouvoir s’accrocher qu’à une seule facette du bonhomme. Sauveur de la gauche pour les uns, fossoyeur de cette dernière pour les autres. Alors reste la question suivante : à 70 ans bientôt, Mister Melenchard va-t-il prendre le dessus sur Monsieur Melenchon ? Petits éléments de réflexions d’un électeur tiraillé.
Commençons par Monsieur Melenchon. Oui, au milieu de la scène politique, il est un OVNI. Sa culture est immense dans de nombreux domaines : de l’histoire à la politique en passant par la littérature, il est l’un des hommes les plus instruits de la représentation nationale (il faut dire que le niveau ne semble pas aller en s’arrangeant ce qui contribue à creuser l’écart). Surtout, il possède un talent oratoire pour transmettre ses connaissances sans aucun équivalent en France. Quiconque a regardé des émissions politiques ou, mieux encore, assisté à ses meetings ne peut qu’en convenir. Cependant, s’il y avait quelques réticent(e)s, on ne saurait trop leur conseiller de visionner l’interview de 2h40 qu’il a donné à la chaine Thinkerview. Pour bon nombre, il reste celui qui peut émouvoir en faisant la lecture d’une simple notice Ikea. Si bien qu’on serait tenté de lui appliquer le bon mot que partage à la fois Bourdieu et Booba, Jean-Luc Mélenchon a «tellement d’ennemis mais si peu d’adversaires ».
De même, si sa longévité est perçue comme insupportable par beaucoup, pour d’autres elle constitue au contraire un argument de poids pour souligner la cohérence du personnage. Née d’une famille de classe moyenne, il quitte l’Algérie lors du divorce de ses parents pour s’installer en France avec sa mère. De là, il suit un parcours scolaire classique, si l’on peut dire, en obtenant une licence de philosophie à l’Université de Besançon, loin de Science-Po ou de l’ENA censés former l’élite politique de la nation. Jeune homme militant, adhérent du parti communiste, il est pleinement engagé lors des évènements de Mai 68. La suite est plus connue, il fait partie du gouvernement de Mitterrand ayant décidé de rejoindre le PS qui, durant cette période, avait avalé une bonne partie du mouvement communiste. Il fera ensuite toujours partie de l’aile gauche du PS, regrettant son «oui » pour le traité de Maastricht en 1992, il fait campagne contre l’avis de son parti pour le « non » au Référendum de 2005 portant sur le traité de Constitution Européenne. L’histoire est désormais célèbre, le « non » l’emportera largement lors de ce référendum mais Nicolas Sarkozy le fera avaler aux Français en 2007 sans consultation sous la forme du traité de Lisbonne.
C’est probablement à ce moment-là de son parcours qu’il prend son plus grand risque. Comprenant après la défaite de Ségolène Royal que le PS est entré dans une dérive droitière, il quitte le confort du parti pour fonder son propre mouvement le « Parti de Gauche », en 2009, un mouvement « sans concession face à la droite ». S’avançant à l’époque dans le désert, il anticipe, avec presque 10 ans d’avance, la déroute morale du Parti Socialiste qui, sous le mandat de François Hollande, cédera tout à la logique du marché, se contentant de faire quelques réformes de société comme «le mariage pour tous » mais ayant complètement abandonné la lutte sur le terrain des inégalités. La question se pose alors et elle est indéniablement un argument en faveur de Monsieur Mélenchon aujourd’hui : Si ce dernier n’avait pas eu le courage de fuir le PS à une époque où celui-ci était encore en état de marche (et assurait un poste bien au chaud), que resterait-il de la gauche aujourd’hui ? Olivier Faure ? Yannick Jadot ? Emmanuel Macron ? Soyons sérieux, pour ceux qui ne supporte pas Melenchon, il faut bien, au moins, lui reconnaître cela : sans lui, il n’existerait aucun courant de gauche capable de peser dans le champ politique aujourd’hui. Et son travail ne s’est pas arrêté là. Il a été le premier à prendre en compte les enseignements du mouvement écologiste et à les intégrer dans un programme politique ambitieux et cohérent. Fini le productivisme fou et la croissance comme seul horizon dans une planète aux ressources limitées, il faut désormais retourner à la planification afin de gérer au mieux les transformations du monde qui nous attendent sur le long terme. Fini également la Vème République aux effets délétères, régime qui concentre les pouvoirs de manière disproportionnée sur un seul homme. Le constat est le suivant : ce n’est pas les hommes au pouvoir qui sont mauvais, ce sont les pouvoirs qu’on leur confère qui leur donne tous les droits. On parle tout de même ici d’une constitution rédigée en 1958 pour et par un seul homme, le Général de Gaulle, et dans un contexte proche de la guerre civile puisque la France devait faire face à la guerre d’Algérie qui divisait profondément le pays. 60 ans après l’avènement de cette dernière, la société française n’a plus grand chose à voir avec celle de l’époque. Place donc à la VIème République qui se dessinera autour d’une assemblée constituante permettant aux citoyens de redéfinir les règles qui les font vivre ensemble. Le programme l’Avenir en Commun, qui n’est pas l’oeuvre d’une personne mais d’un collectif, portera cet horizon autour du candidat Melenchon. Pour finir, ce dernier a fait émerger ces dernières années des personnes politiques de qualité comme Mathilde Panot, Adrien Quatennens, Ugo Bernalicis et d’autres.
Bon, très bien et alors pourquoi il est pas déjà au pouvoir le Meluche ? Il est parfait non ? Déjà, parce qu’il existe des gens qui ne partagent pas ces convictions : des macronistes, des républicains, des gens votant à l’extrême droite pour toutes sortes de raisons. Ils sont là, dans les villes, dans les campagnes, sur les réseaux sociaux (geste vague montrant l’horizon). Ok, mais alors, il peut au moins rassembler les gens de gauche non ? Maintenant que tout le monde s’est bien aperçu de la farce socialiste, on a plus vraiment d’autres choix ? Oui, mais voilà, Monsieur Melenchon se transforme parfois en Mister Melenchard et lorsque c’est le cas, sa personne ne transpire pas tellement l’Avenir en Commun mais plutôt l’Aventure en Solo.
La première observation que l’on peut faire est qu’à l’évocation de son prénom les électeurs de gauche qui ne le portent pas dans leur cœur sont pris d’urticaire. Il parle fort, il est agressif, parfois méprisant. Bref, certains ne goûtent guère « le bruit et la fureur » et, surtout, derrière cette image ne se reconnaissent pas dans la posture du chef. On a coutume de dire qu’à droite l’électeur se moque bien de la moralité et des attitudes du candidat qu’il soutient à partir du moment où le programme, présenté par ce dernier, porte les idées que l’électeur veut voir triompher. Le score de François Fillon lors de la dernière élection donne clairement du crédit à cette assertion. A gauche, il n’en irait pas de même, le programme et le candidat devraient faire corps, entendez que l’un devrait être le reflet de l’autre et réciproquement. Or, la question se pose aujourd’hui clairement lorsqu’il s’agit d’évoquer La France Insoumise. D’un côté, un programme plébiscité par le plus grand nombre et, d’un autre côté, un candidat qui est loin de faire consensus en la personne de Jean-Luc Melenchon. À ce titre, une étrange rhétorique s’est installée depuis quelques années qui pourrait se résumer dans la phrase suivante :« C’est pas le candidat qui compte, c’est le programme ! ». Ainsi, les fervents soutiens de Jean-Luc Melenchon défendent ce dernier en brandissant un argument traditionnellement lié à la droite. Au diable le candidat, que restent les idées, rien que les idées ! Seulement, ce n’est pas si simple. Le régime présidentielle de la Vème Republique amène d’avantage à faire campagne autour d’un homme que sur les idées. Puisqu’une personne est amenée à représenter tout un programme, comment diable pourrait-il en être autrement ? Encore, lorsqu’il n’y avait que la télévision, on pouvait peut-être encore atténuer cet effet car l’image du candidat ne faisait apparition que sur ce support et dans la presse papier. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pour moteur l’image et les émissions de radio sont à présent filmées. Si bien que l’on se retrouve dans toutes sortes de débats brumeux afin de déterminer si tel candidat est « présidentiable » ou pas.
A ce jeu-là, la personnalité de Mister Melenchard n’en sort pas gagnante et incarne plus un repoussoir au programme de l’Avenir en Commun qu’un catalyseur. Bien sûr, les médias jouent de cette image mais il a bien fallu l’asseoir sur quelques réalités. Ce dernier à beau avancer l’argument que sa gloire est faite et que sa participation à l’élection présidentielle relève d’un défi pour faire triompher des idées, jamais le soupçon d’une pratique autoritaire du pouvoir ne s’effacera complètement. D’abord, parce que l’argument qu’il sert à présent de « ma gloire est faite » est bien maigre. La gloire ne finit jamais de s’écrire tant que l’on est en vie, Joe Biden m’en soit témoin. Ensuite parce qu’il s’agit ici de juger de ses intentions et que s’agissant des intentions d’une personne, il est très difficile d’établir des certitudes. Enfin, parce que devenir président, quoique vous ayez fait auparavant, vous fait entrer dans l’Histoire par la grande porte. Pour faire court, il y a tension entre le programme de l’Avenir en Commun proposant de renforcer la démocratie et la figure du chef d’un Mister Melenchard au caractère bien trempé.
Pour ma part, cette posture ne m’a jamais dérangé. Le monde dans lequel nous vivons est d’une grande violence et je n’attends pas que l’on dénonce avec un grand calme le licenciement de centaines d’employés lorsque cela arrive. J’ai toujours apprécié le côté tonitruant de Monsieur Melenchon lorsqu’il s’agissait de dénoncer sur les plateaux télés la violence de la logique économique qui s’abattait sur les hommes. Que sont quelques éclats de voix lorsque des centaines de salariés se retrouvent sans emploi et sans perspective d’avenir pour nourrir leur famille ? La violence vient toujours des actes, cela est bien normal qu’elle se retrouve dans le ton et dans les mots. Peut-être que certaines personnes qui votent à gauche avec «une bonne conscience », comme dirait l’Abbé Pierre, ne comprennent pas cela. Elles sont nées dans des familles qui n’ont jamais eu à subir ce genre de chose et souhaiterait que le débat reste « mesuré, posé, poli et courtois ». En somme, il s’agit de ne pas venir déranger le confort de leur vie par quelques paroles qui ne respectent pas les convenances. Elles ne réalisent pas que l’ouvrier licencié sur lequel s’est abattu l’injustice, qui est plein de colère et de désespoir, ne veut pas de ce langage convenu qui anesthésie le réel. Celui-là veut sentir dans le langage de son représentant que ce dernier partage et surtout comprend sa colère. Il ne veut pas d’une réalité adoucie, vidée de ses affects, et qui convient à la bienséance. Il veut la réalité toute entière, crue et dure, dans la parole de celui qui le représente.
On me répondra que le caractère de Mister Melenchard a finalement été accepté par le plus grand nombre lors de la dernière élection puisqu’il a recueilli 7 millions de voix. Sans doute a-t-il trouvé le juste milieu pour rassembler ces deux gauches et sa campagne a été exemplaire. Le problème est que, depuis cette élection, les actes de Mister Melenchard prennent le pas sur les mots de Monsieur Melenchon.
Revenons d’abord sur l’épisode le plus célèbre de ces dernières années : les perquisitions. On a dit tout un tas de choses à ce sujet, sur l’ampleur de l’opération, sur les images sorties de leur contexte, sur le fait que la justice serait inféodée au pouvoir macroniste... Evidemment, on a le droit et même le devoir de réfléchir à tout cela. Mais j’aimerais quand même revenir à quelques questions simples. Qui a sorti son téléphone pour se filmer chez lui en pleine perquisition ? Qui, alors qu’il est au milieu de son appartement, s’enrobe de son écharpe tricolore en déclarant «Ma personne est sacrée, je suis parlementaire » ? Bien sûr, Mister Melenchard en a donné une justification après coup en mentionnant que cette phrase renvoie "au statut des premiers tribuns du peuple à Rome en 494 avant l'ère chrétienne", lorsque les représentants de la plèbe obtinrent "une immunité totale pour leurs actes et leurs propos" afin d'être "protégés de la répression". Mais enfin, chacun le sait bien, et Mister Melenchard mieux que quiconque, une phrase dépend toujours de son contexte ! Pensait-il réellement qu’en train de se filmer via son smartphone, en pleine perquisition, au milieu de son salon, entouré de policiers, les analystes allaient conclure : « Ah oui, non mais là, il fait clairement référence aux tribuns du peuple à Rome en 494 avant l`ère chrétienne » ? Soyons sérieux et qu’on ne nous prenne pas pour des idiots ! Je note également une certaine hypocrisie de la part de Mister Melenchard car il a récemment épinglé l’Archevêque de Toulouse, après le meurtre de Samuel Paty, pour la phrase suivante : «On ne se moque pas impunément des religions, vous voyez le résultat que ça donne». Cet archevêque pourrait se défendre de la même manière que Mister Melenchard en mettant en avant qu’il fait un constat et que cette phrase procède d’une analyse historique. Le fait est, qu’après l’épisode des perquisitions, il n’a pas eu un mot d’excuse ou de regret pour les sympathisants de la France Insoumise pour s’être filmé au milieu d’une perquisition comme un adolescent se filmerait en réalisant une chorégraphie sur le titre «Pookie ». N’est-il pas au courant que son image engage le mouvement tout entier car il en est le représentant ? Est-il conscient du nombre de gens qu’il a blessé à cette occasion ? Sûrement pas sinon il aurait au moins fait son autocritique pour avoir fourni aussi facilement des armes à nos adversaires. Il semble qu’il ait été plus question de sa personne que de la dignité du mouvement.
Un autre exemple, Mister Melenchard est un grand critique de la presse. Il a bien raison, la France est 34ème au classement mondial de la liberté de la presse. Pour un pays démocratique, ça fait tâche. Le problème est qu’il boycotte obstinément depuis plusieurs années le seul média d’envergure qui se passe de publicité et qui soit financé par ses lecteurs : Mediapart. Je ne sais trop d’où vient la brouille, si cette dernière provient d’un différend entre M. Plenel et Mister Melenchard ou qu’il juge ce média trop critique à son égard. Au final, cela n’a pas d’importance. Encore une fois, il est notre représentant et, dans un monde idéal, c’est ce type de média que nous voulons voir fleurir. Alors peu importe ses rancunes personnelles et/ou ses guerres d’égos avec untel ou untel, il doit s’y rendre ou, au moins, acceptez quelques-unes de leur interview. Notre intérêt commun passe avant sa personne, il est « à notre service », si l’on peut dire, et nous souhaitons qu’il donne de la visibilité aux médias qui ont construit dans la douleur leur indépendance. Toutes les autres personnalités inscrites à gauche s’y sont rendues de Philippe Poutou à Emmanuel Macron (qui n’est pas de gauche mais qui n’a pas reculé à s’y rendre lors de l’élection). Alors pourrait-il mettre de côté ses querelles personnelles et jouer son rôle de représentant ? Ou est-ce aux sympathisants et militants de la France Insoumise de suivre et d’accepter ses desiderata ? Personnellement, je n’ai pas envie d’encourager les médias aux mains d’actionnaires privées mais lorsque Mister Melenchard leur donne une interview, je fais l’effort de le suivre. Ne peut-il pas en faire de même de son côté ?
Il faut bien le dire cet article a été motivé par la récente annonce de sa candidature. Annonce qui s’est faite sur un média privé : TF1. N’étant pas au courant de l’heure précise à laquelle il prenait la parole, j’ai dû regarder les reportages de cette chaîne sur l’élection américaine. Des reportages qui n’expliquaient rien, ni de la situation du pays, ni des idées des candidats mais, au moins, on a pu sentir l’approche de Noël à travers les belles histoires qui nous y étaient contées. On y a vu le gentil gagner et le méchant perdre, ce qui m’a donné l’envie de me replonger dans les Disney. C’est sur ces entrefaites que Mister Melenchard a fait son apparition sur le plateau pour une intervention de 10 minutes maximum. C’est un peu étrange d’avoir consacré aussi peu de temps à l’annonce de sa candidature, décision qui selon ses mots n’était pas «une petite affaire ». Cependant, la chose étant faite, regardons ce qui a été dit. Il se présente à la condition que 150 000 personnes soutiennent sa candidature en signant sur une plate-forme. Ce chiffre a été choisi car il figurait déjà dans la Commission Jospin et qu’il correspond à une proposition de loi déposée il y a peu par La France Insoumise avec comme argumentaire que cette voie serait plus démocratique que le parrainage des 500 maires. Déjà, si on était quelque peu de mauvais esprit, on pourrait vous soupçonner d’avoir proposé récemment cette loi dans le seul but de servir votre argumentaire. Mais, pas de ça chez nous, nous sommes de gauche, la confiance règne ! Alors revenons sur ce chiffre de 150 000 personnes. Est-il sûr de parvenir à obtenir un tel plébiscite Mister Melenchard ? N’a-t-il pas surestimé sa popularité ? Après tout, il ne possède que 470 000 abonnés sur sa chaîne Youtube, à peine plus de 2 millions sur Twitter et n’a obtenu que 7 millions de voix lors de la dernière élection. Ça risque d’être un peu juste non ? Et que se passerait-il si un autre candidat de La France Insoumise le devançait dans le recueil de ces voix ? Ah ben non, il n’y a que lui. Alors, on ne lui reprochera pas de ne pas organiser à nouveau des primaires, elles représentaient une absurdité dans le système électoral français. Ce qu’on lui reproche, c’est de nous prendre pour des imbéciles. Il avait deux solutions : soit annoncer sa candidature sans aucun plébiscite populaire et en affirmant sa posture de leader du mouvement, soit d’organiser un vrai plébiscite populaire en demandant a minima un million de voix. Reconnaissons que ça aurait eu de la gueule comme on dit et que cela aurait pu donner une réelle assise, une réelle force à sa candidature. Soyez sûr, qu’on aurait aussi préféré un discours franc du style : «Oui, je me sens le plus légitime pour me présenter et c’est ce que je vais donc faire. » Rien de tout cela, il a fait le choix de la mesquinerie : faux plébiscite pour masquer une vraie posture autoritaire.
J’arrête ici l’argumentaire des déceptions, je me doute bien que d’autres pourraient ajouter des reproches sur le fonctionnement interne de la France Insoumise. A ce sujet, j’ai été très peiné de voir Charlotte Girard quitter le mouvement alors que je la tenais en haute estime. Heureusement, il nous reste Sophia Chikirou qui assume de parler de propagande pour un candidat lorsque ce même candidat dit faire campagne en faisant appel à l’intelligence collective. Elle est actuellement au cœur de deux affaires judiciaires, dont l’une concerne des surfacturations par sa société de communication Mediascop lors de la campagne présidentielle de 2017. Cette même personne et cette même société s’apprêtent à diriger de nouveau la campagne présidentielle de Mister Melenchard en 2022. Il comprendra donc qu’en renouvelant sa confiance ainsi, il engage toute la crédibilité du mouvement qui se construit autour de lui.
Comprenez bien que si j’ai écrit tout cela, c’est parce que j’ai de l’estime pour Monsieur Melenchon. Cependant, son comportement ces dernières années me laisse comme un goût de Suze dans la bouche. Monsieur Melenchon semble de plus en plus céder la place à Mister Melenchard. Ce dernier n’accepte aucune remise en cause, fait passer ses intérêts personnels avant la représentation qu’il se doit d’incarner et semble prendre son électorat pour un troupeau de brebis égaré. Il souhaite que les gens votent « pour » et non pas « contre » durant la prochaine élection présidentielle. Je voterai probablement «pour » l’Avenir en Commun car la planification écologique et la sortie de la Vème Republique sont des choses tout à fait urgentes mais je voterai à contre-coeur « pour » sa personne. Ce sera une défaite pour moi, c’est certain. Je veux bien l’accepter si c’est pour gagner la guerre.