Comme bon nombre de nos concitoyens, c'est avec le cœur lourd et l'esprit absent que nous entamons l'année 2024 en espérant qu'elle soit plus rayonnante que l'année précédente. Extrême inflation, guerre, conséquences du dérèglement climatique… Notre monde a connu bien des défis qu'il faudra continuer de résoudre dans les prochaines années. La France se doit d'être leader dans les batailles pour la paix et la justice sociale.
Or, le 19 décembre dernier, les 27 articles de la loi sur l'immigration votés par le gouvernement et l'extrême droite nous salissent dans notre chair. Préférence nationale, déchéance de nationalité, fragilisation du droit du sol, demande de caution pour les étudiants étrangers, conditionnement des APL, engagement d'une réforme de l'aide médicale d'État début 2024… Et tant d'autres mesures qui n'ont pour objectif que celui de nous refermer sur nous-mêmes, comme lors des pires heures de notre histoire.
Le nombre de Français inscrits au registre des Français établis hors de France s'élève en 2023 à 1 685 915. La CCI estime ce chiffre à 3,5 millions. Ce qui est sûr, c'est que nous sommes nombreux à avoir fait le choix de vivre hors de notre patrie pour des raisons diverses : études, regroupement familial, binationalité ou même migration économique. Nous restons cependant attachés aux valeurs qui fondent et font la République française, terre d'accueil et de fraternité. Nous sommes, comme vous, les enfants de la République française. Heureusement pour nous, nous ne subissons pas, pour la plupart, des lois xénophobes qui tapiraient de honte nos pays d'accueil. Des lois comme celle proposée par notre ministre de l'Intérieur, ministre dont nous sommes nombreux à souhaiter ardemment le départ.
Avec cette loi, l'extrême droite a remporté une grande victoire idéologique. Ce projet de loi, comme tous les projets de cette famille politique, vise à pointer du doigt l'étranger et à faire reposer sur lui tous les malheurs du peuple. Pour attaquer l'étranger, ils sont prêts à combattre, mais ils ne le sont jamais pour défendre le peuple français. Où sont-ils pour combattre l'inflation qui plonge dans l'extrême pauvreté nos concitoyens ? Où sont-ils pour combattre la politique ultra-libérale de notre gouvernement et de l'Europe qui fragilise nos industries et nos agriculteurs ? Où sont-ils pour combattre le réchauffement climatique qui menace notre territoire et nos vies ? N'hésitons pas à le rappeler solennellement, l'extrême droite n'a de projet politique que la haine, la fourberie et la détestation de l'idéal républicain.
Français du monde, nous sommes des millions à rejeter ce texte. Bien que tout nous sépare, nous saluons les députés issus du camp présidentiel qui ont eu le courage de voter contre ce texte et les ministres qui porteront leurs démissions pour ne pas subir le déshonneur d'être parmi ceux qui ont appliqué le projet de l'extrême droite au pouvoir.
Humanistes, notre réponse se doit d'être collective. Les forces de la NUPES ne doivent pas oublier le danger qui pèse sur notre démocratie et notre République. Dès le 9 juin, lors des élections européennes, nous devons nous rassembler et battre le national-libéralisme incarné par le nouvel axe Macron-Le Pen.
"Qui touche la terre de France est libre". Nous ne pouvons renier notre histoire, la France doit demeurer une terre d'accueil où la fraternité subsiste.
Antoine Dubreuil et ses camarades