Olivier Besancenot était l'autre matin l’invité de France Inter. J’aime bien Olivier Besancenot. Vraiment. A chaque fois qu’il parle c’est un peu de l’histoire politique des XIXème et XXème siècle qui s’éclaire. Et puis il a des arguments très forts, qu’il assène plutôt adroitement. Avec un seul objectif : le bien du peuple.
Non, Olivier n’est pas que dans la protestation systématique. La preuve ; il veut même exercer le pouvoir. Mais pas dans le système actuel, je le cite ou à peu près: « Je veux prendre le pouvoir mais ne pas être pris par le pouvoir ». Il faut donc changer le système et donner le pouvoir au peuple, à tous les niveaux. Des comités du peuple dans chaque village, dans chaque département, dans chaque région, à la tête de l’Etat, à la tête de l’Europe, à la tête du Monde. L’internationale quoi, celle qui sauvera le genre humain. Pour le bien du peuple.
Bien sur, Olivier Besancenot reconnait que les expériences communistes n’ont jamais donné de bons résultats. Mais, attention, ce n’est jamais la faute du communisme. Et Olivier prend deux exemples. Premier exemple : l’URSS. L’idée de base était bonne mais elle a été pervertie par le dictateur Staline. Olivier n’aime pas Staline parce qu’il a fait assassiner Trotski. Et comme Olivier est trotskiste… Bon, bien sur, Trotski n’était pas un ange non plus, mais passons. Second exemple : la commune de Paris en 1871. Le peuple de Paris se soulève, prend le pouvoir et exalte l’idéal communiste pour construire un monde meilleur. Mais ce mouvement est tué dans l’œuf par les riches (c’est le terme employé avec gourmandise par Olivier), les méchants Versaillais. C’est trop bête d’être passé si près du Grand Soir : essayons encore une fois !
En fait, Olivier Besancenot trouve injuste qu’en France ce soit une minorité qui dirige le pays. Ah bon ? Je croyais que justement le pouvoir était en France élu démocratiquement avec plus de 50% des voix. Mais non. Pour Olivier la majorité ne se compte pas en nombre de voix sur bulletin de vote mais en nombre de voix…qui crient le plus fort. Ce qui permet, dans le système que Olivier propose, à une minorité (car finalement l’extrême gauche ne fait que 10% tout compris aux élections) de prendre le pouvoir. Pour le bien du peuple bien entendu. Ce qui est remarquable avec ce système c’est que la minorité dirigeante agit tellement pour le bien du peuple que rapidement elle ne prend plus la peine de lui demander son avis, au peuple. Et donc supprime les élections.
Olivier veut le bien du peuple. Moi aussi. Pour cela il souhaite instaurer un régime totalitaire. Je ne sais pas s’il ira loin, mais il ira sans moi.