Aujourd'hui j'ai lu une phrase à laquelle j'ai eu besoin de longuement réfléchir pour en comprendre le sens.
Genn Logomachi, membre de l'aile gauche du parti socialiste, déclare dans un entretien accordé à Rue89 :
"De ce point de vue, et je le dis ironiquement, l’aile gauche du parti socialiste n’a pas le monopole de l’irresponsabilité économique !"
Là je réfléchis, donc.
La forme la plus courante d'ironie étant l'antiphrase, qui consiste à dire le contraire de ce qu'on pense, il voulait peut-être dire :
"De ce point de vue, l’aile gauche du parti socialiste a le monopole de l’irresponsabilité économique !"
Ça doit pas être ça. Je réfléchis plus fort.
À moins qu'il n'use de la litote ironique, qui consiste à minimiser son propos, sa phrase pourrait alors signifier :
"À tout point de vue, l'intégralité du parti socialiste participe du délire économiciste !"
Je crois pas qu'il ait voulu dire ça non plus. Je réfléchis encore plus fort.
Ferait-il usage de l'hyperbole ironique, qui consiste à exagérer son propos ? Il aurait alors voulu dire :
"Vue de loin, la nuit, de dos et par un épais brouillard, l’aile la moins droitière du parti "socialiste" n’est pas en position de force en terme de légèreté comptable !"
Peut-être... Mais je réfléchis encore un peu. Par acquit de conscience.
Et là je réalise.
Dans le petit monde malade où je suis roi, quand on précise explicitement qu'on fait de l'ironie, ça peut plus être de l'ironie.
Ironiquement.
Genn Logomachi aurait donc inventé la méta-ironie, qui consiste à ironiser sur le fait de faire de l'ironie. Il voulait donc sûrement dire :
"De ce point de vue, et je le dis sans ironie, l’aile gauche du parti socialiste n’a pas le monopole de l’irresponsabilité économique !"
Maintenant, quand j'y réfléchis, je me dis qu'une tournure de phrase aussi brillamment intriquée était indispensable, pour exprimer une pensée si profonde.
À moins que je ne fasse preuve de trop de charité.