Une fable à la morale confuse dans le petit monde malade où je suis roi.
Le plan était ficelé.
Les animaux préparés.
La ferme était ensommeillée
Et le coq était bâillonné.
Comme toujours, les cochons,
Meneurs de la rébellion,
Abreuvèrent de leurs instructions
La chèvre, les poules et le chaton.
Coordonnés maintenant,
Se déployer prestement,
Cerner la niche du rottweiler
Sans réveiller l'agriculteur.
Et sans un seul aboiement,
Dans un silence glaçant,
Égorger le monstre endormi
Et vite se fondre dans la nuit.
En formation deux par deux.
Prêts à investir les lieux.
Une poule crochète la serrure.
Le chaton escalade le mur.
Il se glisse par la fenêtre
De la chambre des vieux.
Et dans l'obscurité, traître,
On ne voit que ses yeux.
Une fois infiltré,
Déverrouiller de l'intérieur,
Se hisser jusqu'à la poignée,
Lever l’entrebâilleur.
Ainsi pourront entrer
Toutes les bêtes armées
Pour mettre un point final
Au despote local.
Mais c'était ignorer
Une petite puce
Qui sans système nerveux central
N'a pas compris l'enjeu global
Et a sauté de feu-Brutus
Dans le poil du minet.
Et alors que cède la clanche,
Que la justice prête à trancher
S'amasse là, sur le palier
L'insecte pique la peau blanche
Et l'homme est réveillé.
Le chat accroché à la porte,
La chèvre armée d'une faux,
Une poule penchée sur son aorte,
Dans la cour l'échafaud.
Le réveil est brutal
La réaction aussi.
Un bec, c'est pas si mal.
Mais c'est mieux un fusil.