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Billet de blog 29 octobre 2024

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Thon 80Hg en boite – Quand leurs profits passent avant nos vies

Dans les filets que nous jetons pour nourrir nos foyers, se faufile sans cesse une menace invisible, un neurotoxique nommé mercure, pourtant bien connu des acteurs de la grande distribution. Pour la santé publique, pour l’éthique et pour l'avenir, il faut que les enseignes retirent immédiatement de leurs rayons toute boite de thon dont la contamination dépasse 0,3 mg/kg.

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Quand leurs profits passent avant nos vies : Episode 12.214.556.999, billet inspiré par le travail de l'association "BLOOM".

Draguer dans les eaux sinueuses de l'industrie de la pêche, vous trouverez du poison.

Il y a des eaux que l'on traverse avec candeur et d'autres qui, sous des promesses de pureté, dissimulent des dangers profonds. Ainsi va l'industrie de la pêche aujourd'hui, une mer aux reflets trompeurs qui dissimule un poison insidieux. Dans les filets que nous jetons pour nourrir nos foyers, se faufile sans cesse une menace invisible, un neurotoxique nommé mercure, pourtant bien connu des acteurs de la grande distribution.

Cette industrie se targue de nourrir le monde et de combler les besoins des consommateurs, mais à quel prix ? Le thon, ce prédateur des mers et symbole de force, est aujourd'hui l'espèce la plus lourdement contaminée par des métaux lourds, en particulier par le mercure. Ce dernier, loin de se dissoudre dans les flots, persiste et s’accumule dans le tissu de ces géants marins. Et il ne se contente pas de hanter les océans ; il s'invite sur nos tables, franchissant impunément la barrière de l’éthique et de la santé publique pour pénétrer dans notre quotidien.

La science a depuis longtemps démontré la dangerosité du mercure : neurotoxique avéré, cancérogène possible, ce poison insidieux pénètre les cellules cérébrales, s’ancrant durablement dans les organismes, y compris les plus vulnérables, comme les fœtus et les jeunes enfants. Le thon est contaminé surtout du fait de son alimentation : petits poissons, crustacés et autres créatures sont contaminées par des résidus de mercure, eux-mêmes issus des activités humaines terrestres — industries polluantes, extraction minière, combustion de charbon, centrales thermiques et effluents rejetés dans les océans. Ainsi, chaque bouchée imprudente de ce poisson noble nous lie un peu plus à un pacte toxique avec la mer, et fait de nous les complices d’un système qui tue, goutte après goutte, nos corps tout autant que les océans. Ironiquement, l’homme est à la fois créateur de cette contamination et victime de ses propres toxines, sacrifiant la santé des générations futures et l’équilibre de tout l’écosystème marin.

Cependant, alors que le danger est manifeste, que le poison est identifié, les grandes enseignes de distribution, « gardiennes » de nos assiettes, continuent à nous vendre ce poison sous le couvert de normes fallacieuses. Ces seuils "acceptables" de contamination sont des artefacts juridiques plus que des protections. Qui sert-on, sinon les puissants lobbies de la pêche industrielle, avec des règles qui permettent non pas de protéger, mais de contourner ? Il est insensé que la "légitimité" de l'industrie repose sur la simple adaptation de la norme aux taux de mercure constatés dans les poissons, au mépris de la santé publique, ternissant non seulement la santé mais aussi l'éthique de nos démocraties.

Alors, vous qui draguez les eaux troubles de cette industrie, qui sous le vernis du marché et de l’offre tentante, ramenez dans vos filets ces poissons souillés, comprenez votre responsabilité. Chaque boîte de thon remplie de mercure est un engagement tacite dans un pacte toxique, une complicité de fait dans ce scandale de santé publique.

Il n’est plus temps de se cacher derrière des normes imparfaites. Il est immoral de différer le moment de vérité, d'attendre une prise de conscience politique qui viendrait rehausser un seuil de sécurité trop bas. La vérité est claire : le mercure est un poison, et les lobbies qui profitent de son déni nous éloignent de notre devoir fondamental de protéger les océans ainsi que nos vies.

Pour la santé publique, pour l’éthique et pour l'avenir, il faut que les enseignes retirent immédiatement de leurs rayons toute boite de thon dont la contamination dépasse 0,3 mg/kg, qu’elles cessent de promouvoir ces produits dangereux et qu’elles informent chaque consommateur de cette vérité : en draguant dans les eaux sinueuses de l'industrie de la pêche, oui, on trouve du poison. C'est désormais une certitude, et chacun a le devoir moral d’agir en conséquence.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.