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Billet de blog 23 mars 2011

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EN PLEIN COEUR DES " EVADES DU BOCAL"

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EN PLEIN COEUR DES « EVADES DU BOCAL »

« Et qu’est-ce qu’un aliéné authentique ?

C’est un homme qui a préféré devenir fou,

dans le sens où socialement on l’entend,

que de forfaire à une certaine idée supérieure

de l’honneur humain. »

(A. ARTAUD)

J’ai longtemps hésité, avant de me décider à me rendre à la soirée du 17 mars organisée au café du « lieu-dit » par ce Festival s’autoproclamant « Le Festival des Evadés du bocal » car, à mes yeux, rien ne me semblait m’y convier. Ni la moindre part de « folie » (d’une folie presque uniquement représentée : mieux, parlée par des soignants, si heureux, si satisfaits de ce mirobolant exploit qu’ils venaient de réaliser), ni la moindre part d’un « art » se disant « collectif », là où pour moi la plupart des arts se jouent et se cherchent dans le silence, et dans la solitude.

J’avais lu, sur leur site, leurs textes racontant l’inoubliable émerveillement consenti par leurs multiples rencontres, qui avaient fait jaillir ce Festival, et où se déclaraient entièrement et en pleine lumière, une sorte de satisfaction et de réjouissance extrêmes, qui me troublaient profondément. Car rien j’y avais trouvé du sentiment de risque et d’Aventure que j’avais ressentis dans ma propre approche de la folie, et dans mon voyage en solitaire qui m’avait amenée jusqu’à Bali, à la recherche d’une civilisation que j’aime passionnément. Le leur n’étant – à mes yeux – qu’un risque, une approche de l’aventure, bien au chaud, en pantoufles, protégés par l’enceinte d’un paisible chez soi.

Or, à ma grande surprise, le déroulement de cette soirée se révéla si heureusement désordonné, si vif, que j’en ressentis bonheur et réconfort. Car, tout au long de la rencontre, plusieurs personnes mirent à dure épreuve, le faisant même taire, le psychiatre présent, qui pourtant s’était toujours piqué d’être un rebelle, vis-à-vis de la psychiatrie traditionnelle.

Mon songe aurait été d’intervenir, mais – dès le commencement du débat – un garçon, X., s’était levé, et s’était mis à assener des lancinants coups d’épée sur le dos du psy, et à lui dire ses quatre vérités. Les mêmes que – si j’avais su vaincre mon intarissable timidité – j’aurais aimé moi–même prononcer. (Mais où retrouver mon ironie qui – à la suite de mon dernier, pourtant bref internement dans un hôpital psychiatrique – me semblait s’être enfuie désespérément loin de mes lèvres, devenues si âprement arides ?)

Ce garçon, X., avait commencé par rappeler que la folie est porteuse de souffrances, et que, donc, il n’y avait pas de quoi rigoler avec elle, comme semblaient le croire et professer ces organisateurs du Festival, qui pourtant (comme je l’ai dit plus haut) se targuaient d’être presque tous des « soignants ». Et puis, à ces mots fit suite une attaque en bonne et due forme contre le psychiatre présent, le devançant dans ses réponses, et l’empêchant presque de s’exprimer.

Cela dans un bouillonnant désordre, et au beau milieu d’un immense brouhaha, où tout d’un coup une femme se leva, décidée à partir, pour montrer ainsi – clairement – son opposition au psy, qui avait parlé de la nécessité d’« affinités » pour pouvoir mener une action, un combat, tandis qu’elle entendait le mener, son combat, avec des gens différents, divers entre eux. Ce qui marquait assurément une sorte de majeure dialectique, et une plus grande tolérance, moins élitiste, dans les rapports interpersonnels.

Une autre voix de femme se leva pour se plaindre d’être traitée – en tant qu’artiste – de tous les noms, y compris celui de « folle ». Une définition reprise par X. Et ce fut à ce moment–là, à ces mots, que le psychiatre parut s‘éveiller de sa stupéfaction muette (si mes souvenirs sont bons), et lui demanda qu’est-ce que c’était, pour lui, qu’un fou. « Un taré », fut la réponse lapidaire.

Là aussi je ne pris pas la parole, parce qu’il me sembla qu’un fou, à savoir quelqu’un qui, à un moment donné, perds son équilibre, une fois diagnostiqué dans l’enclos d’un hôpital psychiatrique en tant que « malade mental », même dans une « rencontre » de ce genre, axée sur les rapports entre art et folie, se déclarant comme ayant été « fou », et laissant lire sa souffrance, aurait été taxé, aux yeux des uns et des autres, véritablement come un « taré » A savoir un être à part, tel qu’il avait été défini, dans le prospectus présentant ce Festival, qui parlait joyeusement de « fous à temps plein » et de « fous à temps partiel », par trois fois de suite. Et cela, bien qu’en incitant tout le monde à faire résonner une Ode aux joies de la folie, afin qu’on puisse « délirer » tous ensemble, dans ce nouvel « assemblage » d’humains, signifiés par une innocence édénique.

Un fou : un être à part, donc, et à jamais marqué par une véritable, réelle, existentielle DIFFERENCE. Ce qui ne peut pas ne pas donner lieu à réflexion. Mais alors, les appels, les signatures de manifestes qui circulent aujourd’hui, et qui recèlent assurément une valeur éthique, qui veulent–ils protéger ? Les fous, ou surtout, et à y regarder de près, une partie de leurs « soignants » ? A savoir, ceux qui ne veulent pas descendre de leur piédestal si lourdement bâti, d’êtres–savants–en–folies ? Des êtres, en d’autres termes, dotés d’un véritable « pouvoir » (plus particulièrement auprès de leurs fous, et de l’entourages de ceux–ci) à cause de leur apparente tolérance nombriliste, et de leur propre savoir, qui pourra se métamorphoser en un pouvoir tacite, ramenant tous et tout à leurs propres, spécifiques interprétations, sans jamais s’interroger, ni opérer aucune remise en question de soi ou de sa parole. Des interprétations qu’on pourrait juger quasi délirantes, car elles se posent aveuglement au centre ombilical de toutes choses, ignorant, de ce fait, la véritable réalité de l’autre.

* * *

LES NUS DE L’AIR

Ils n’ont pas nié d’être des

étant indignés

Elles ont conquises

les immanences des

hommes

en apprivoisant à

leur juste valeur

l’objet fétiche et phallique

de la prostituée

Désir ou Mort

– telle est la problématique

souterraine

des réfugiés kabbalistes ou fétichistes

d’une foi encore intense –

En moi je savais résoudre les

problèmes

Inadéquat...

Vivons vivants

plutôt que

vivre mourants !

Désinstitutionnalisons

tout ce

FATRAS de

haines confuses et

faiblesses ennemies

Les vents des nus de

l’air !

Sous le vent des nus de l’air

nous respirons les airs de

chacun qui

nous influe sur

nos cortex

cérébro–spinales

Or l’air

– dehors les murs –

ne fait que renforcer `

d’être tentés par le

sort tir

deux hors

Limites infranchissables

à ce jour

Les contingences bibliques

se font attendre

Les fainéants les religieux

qu’est ce qu’ils prient !

Autre que d’yeux

aujourd’hui ?

Sommes–nous adéquats,

outre les politiques ?

Varices de l’heure,

voracités

n’en parlent qu’à

demi mot

À demi mort nous

sommes la barrière

infranchissables de la

véracité de

l’au–delà

X. ÂME ART

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