APHIZ (avatar)

APHIZ

Directeur adjoint - SàP

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 septembre 2016

APHIZ (avatar)

APHIZ

Directeur adjoint - SàP

Abonné·e de Mediapart

Une bonne « foi » pour toutes..!

¤¤¤ L’occasion d’injurier l’Histoire a une fois encore saisi J-M Le Pen qui inlassablement, jusqu’à son dernier souffle, osera toutes les profanations mémorielles.

APHIZ (avatar)

APHIZ

Directeur adjoint - SàP

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

¤¤¤ Révisionnisme lepéniste, quand l’esprit de l’escalier mène au 3e sous-sol. Être intransigeant et ne jamais accepter pour ne jamais se compromettre. L’occasion d’injurier l’Histoire a une fois encore saisi J-M Le Pen qui inlassablement, jusqu’à son dernier souffle, osera toutes les profanations mémorielles. Comme certains guettant l’ouverture de la chasse, lui a toujours son fusil chargé. Sur sa page Twitter, il écrit le 3 juillet 2016 : « On oublie de dire que Michel Rocard fut un combattant de la guerre d’Algérie : dans le camp de l’ennemi ! » Le lendemain, 4 juillet 2016, il twitte : Élie (ndr) « Wiesel affabulateur ? » Profanations en effet puisque ces deux figures à peine disparues, le créateur du FN révise l’Histoire en diffamant pour la énième fois de sa haine, de ses mensonges, et lâchement au surcroît puisque les morts ne peuvent ester en justice.

Je ne m’exprime jamais publiquement à propos d’impostures ni d’engagements politiques personnels. Pas davantage, je ne veux alimenter des échanges nés de cette verve nauséabonde. Pourtant, puisqu’il garde autour de lui des fidèles, ses partisans proches ou lointains continuent de s’alimenter et de diffuser son fiel (voir stats Internet). C’est inacceptable ! Partout dans le monde politico-médiatique sa logorrhée haineuse n’est même plus prise au sérieux. C’est tout aussi inquiétant, cette tolérance par l’accoutumance. Son temps serait passé, révolu de diatribes en procès. Et même le FN, qui l’a condamné à plusieurs reprises et définitivement écarté en convulsions interminables, ne relève plus sa mauvaise foi, ses diffamations.

Cependant, sa sémantique sournoise continue insidieusement d’entretenir des contre-vérités historiques. Pire, pour les plus jeunes, les moins informés et les nostalgiques d’une suprématie nationaliste jamais advenue en France, les fictions atemporelles qu’il convoque alimentent sans fin les conversations en prêches d’un fascisme sournois. Goguenard, à l’endroit de Rocard et de Wiesel, il assène narquoisement des contre-vérités. Il suscite la polémique pour occuper l’espace médiatique ; ce serait faire son jeu que de réagir ? Parler de ses propos c’est lui donner de la visibilité ? Il est pourtant nécessaire de le contredire ; qui ne dit mot consent. Car, en rancœurs du passé, de bruissements en tumultes, d’autres peuples utilisent aussi les mêmes procédés de haine, de l’Internet à la bombe. Nous fustigeons tel dictateur, tel autocrate ou encore tels extrémistes et tels fanatiques. Vigilants, regardons aussi tout près de nous.

Contre-vérités : « Rocard, combattant » du « camp ennemi » pendant « la guerre d’Algérie ». Pour un officier retraité à la langue experte, le vieillard déforme l’Histoire, ni combattant ni camp ennemi ni guerre. Ès-qualité, officier ayant lui-même été présent sur place, il connait les faits, il sait le sens des mots, et il mesure lorsque l’approximation devient mensonge. Il ment publiquement, en parfaite mauvaise foi. [Reparcourir posément l’ouvrage collectif de chercheurs algériens et français : Histoire de l'Algérie à la période coloniale (1830-1962) (Éd.Barzakh-2012 ou Éd.La Découverte-2014)]. Nous connaissons aussi les épreuves et les sentiments déchirants vécus alors, il y a plus de 50 ans, par tous les acteurs en présence, civils et militaires. Des « Mémoires » d’Élie Wiesel (Éd.Seuil-1994) où l’auteur écrit qu’en romançant ses ouvrages il peut broder et inventer des détails historiques, Le Pen traite « d’affabulateur » le Prix Nobel, témoin perpétuel de la Shoah. Ce procédé est immonde. Le vieux révisionniste poursuit sa sape antisémite sournoise et mensongère.

Qu’il s’agisse de Michel Rocard ou d’Élie Wiesel, leur mémoire et leur œuvre ont été unanimement saluées. Leur tâche accomplie, qu’ils reposent en paix. L’outrance de Le Pen est insupportable autant que criminelle lorsqu’elle fait écho dans le camp des néo-fascistes et autres suprémacistes. Cette peste grandit en Europe et au-delà, des velléités des nostalgiques de grandeurs défuntes d’ex-empires coloniaux. Empires et colonisateurs nous replongeant des origines aux ressorts, des fils aux tissages de deux millénaires de vertus civilisationnelles en cercles vicieux, de raison(s) du plus fort en soumissions, en conversions religieuses, en asservissements, en dogme, par la force, pour la richesse et pour la puissance en compétition, en processus humains (sic) déterministes, lents autant que violents, mais savamment entretenus, transmis et insidieusement complexes, sur tous les continents, l’Afrique, les Amériques, l’Asie, l’Océanie. Les échos nous en reviennent ; nous voyons où nous en sommes aujourd’hui en autant d’acculturations, de déculturations, de conditionnements intergénérationnels et collectifs, puis, en balanciers de l’Histoire désormais, en déconditionnements sismiques ; retours de colères, en haines, en barbaries. Mais point de repentances, point de martyrs iconiques, point de boucs-émissaires ; tous ont déjà lourdement payé leur tribu. Puisque le passé éclaire sans cesse notre présent à quoi bon le réécrire tel qu’il ne fût pas et ne sera plus. 

De la France et de son identité nationale, il convient aussi de la savoir au-delà de l’Hexagone. Exactement là où durant plus de 400 ans depuis le 16e siècle notre pays a étendu son territoire autant que ses valeurs en notre histoire. Grâce à plusieurs générations ouvrageant sur l’immensité du sol français et ensevelis aux champs d’honneur pour leur patrie, notre pays s’entend sur 4 des 5 continents et possède la seconde plus grande zone économique exclusive du Monde. Notre Nation s’est fondée grâce à ces femmes et à ces hommes des provinces de France et d’Europe, des Amériques, d’Asie, d’Afrique et d’Océanie. Lui conférant ainsi une identité universelle, car pluriethnique et multiculturelle depuis l’avènement du premier royaume des Francs Saliens de 481 à 511, puis de la partition nouvelle de la Francie par le traité de Verdun en 843 et du premier pas colonial en juillet 1534. Depuis les règnes de Clovis et des empereurs Charlemagne et Napoléon jusqu’à second empire colonial (comptant 111 millions de Français) démantelé autour de 1960, l’identité française ne se borne pas à ses frontières métropolitaines qui ne sont d’ailleurs définitives que depuis deux générations et demie. Mesurons aussi ce long chemin parcouru en mémoires partagées depuis le 18e siècle où Paris (600 000 habitants) était la capitale mondiale avant-gardiste des Lumières. Et depuis Clovis, bien des princes ou des gouvernants en leurs alliances, bien des événements collectifs français, européens ou mondiaux, heureux ou malheureux, bien des productions du travail, du génie et des arts, autant que les actes, les vies, les morts, les engagements et les suffrages du peuple de toutes les conditions ont façonné l’esprit français, par sa culture, en sa nature.

Il convient toujours de bien regarder le passé pour comprendre notre époque, ici, ailleurs et plus loin encore. Tous les Français, tous, ont des droits, mais autant de devoirs. Et les falsificateurs n’ont plus leur place si leurs mensonges sont contredits pied à pied. Le patriotisme diffère du nationalisme, et l’indifférence existe aussi... En toute bonne foi, et une bonne fois pour toutes, par décence à défaut d’humanisme pour beaucoup, vouloir prospérer dans la concorde en aimant son pays ne consiste pas à lever les uns contre les autres. La faillite de tous les représentants politiques (français, européens - démocraties dans le Monde) réside précisément en ce point : le clivage, le pour ou le contre, l’avoir ou l’être, le oui ou le non, certes amplifiés par les dimensionnements exponentiels des champs de force. Faute de projets aux fondements humains, puisque que le marché est à la fois le dogme et le moteur, le programme-type des bipartismes contemporains s’apparente à la base du langage des machines, le codage binaire informatique 1 ou 0, décliné en autant d’équations mathématiques nécessaires.

Manifestement, et c’est un constat objectif, l’opposition déterminant le bipartisme historique est une hérésie si l’on regarde la myriade de courants au sein même de chacun d’eux. Par exemple, de jour en jour, pour la prochaine présidentielle française, on ne parvient plus à endiguer l’incrémentation des candidats aux candidatures de droite comme de gauche. Et, merveille de la technologie, le prochain président français sera la parfaite synthèse de cette équation qui n’en finit plus de s’allonger. Le secret réside pour chaque prétendant à être parfaitement original, sans être trop différent (en son parti) des 30 ou 40 autres postulants pour mieux se fondre lui seul dans la matrice que des millions de suffrages univoques lui promettent. Un nouveau nombre d’or en somme.

Tout serait ainsi rationalisé, jusque dans les esprits, en un et son opposé, dérivés en autant de déclinaisons, d’imbrications gigognes ? L’alternative ne serait plus permise ? Nuance et altérité, n’entrant pas en équations, seraient suspectes ? À la colère populaire répondrait désormais l’optimisme hautain des élites ? La prospective des marchés condamnerait à la réussite ou à la banqueroute ? Les grondements populistes seraient étouffés par les technocraties qui pourtant les attiseraient !? Bipolarité, bipartisme, clivage, rationalisation inexorable de la pensée, mots valises : populistes VS élites ; vainqueurs et perdants ?

Ce système de représentations politiques démocratiques est dépassé ; débordé d’une part par les dimensionnements exponentiels des champs de force et, d’autre part, par des enjeux dépassant désormais l’abstraction individuelle et la conscience collective proportionnellement aux environnements physiques et humains. Maintenir un tel système dans les démocraties modernes est d’ailleurs une terrible irresponsabilité des dirigeants et des gouvernements, allant contre l’Histoire autant que contre toutes les évidences. Un système nouveau viendra immanquablement ; naturellement ou fatidiquement.

Arrêtons-nous quelques instants sur le mot : patrimoine... Attention, il y a un piège, mais en toute bonne foi.

Adviennent encore demain des femmes et des hommes de bonne volonté, tels que Wiesel et Rocard qui, à leur mesure, ont tant œuvré !

J-L Gély - 5 VII 2016 -©APHIZ

-_-_-_-

Lien vers la bibliothèque :

https://www.linkedin.com/pulse/une-bonne-foi-pour-toutes-jean-luc-g%C3%A9ly?trk=mp-reader-card

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.