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Billet de blog 19 mars 2023

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L'Etat n'a-t-il rien de mieux à faire qu'harceler les défenseurs de l'environnement ?

Entre l'extrême droite et les écologistes, le coeur de l'Etat ne balance pas : l'ennemi désigné, c'est l'écolo! Cas d'école avec la lutte pour une meilleure gestion de l'eau dans les Deux-Sèvres

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que le dérèglement climatique pointe son nez avec de plus en plus d'insistance, alors que la biodiversité s'évapore sous nos yeux à une vitesse inquiétante, alors qu'une prochaine sécheresse se profile faisant craindre pour l'agriculture, l'eau potable et l'environnement...

Que fait l'Etat dans les Deux-Sèvres ?

Et bien, il est très occupé à mater les défenseurs de l'environnement et ceux qui s'opposent au passage en force du projet de Méga-bassines. On l'a vu avec le déploiement de force inédit contre la manifestation de Ste Soline, avec la mise en examen de 4 manifestants qui n'avaient rien fait d'autre que... manifester et maintenant, avec une tentative de museler l'APIEEE, seule association départementale des Deux-Sèvres spécialisée sur l'eau.

Nous avons en effet, reçu un courrier de la Région académique nous annonçant la suppression de notre subvention "jeunesse et éducation populaire" pour cause de participation active à l'organisation de la manif de Sainte Soline contre les Méga bassines[1]. (Cette subvention nous permettait d'assurer des animations nature auprès de publics variés. Pas très subversif tout ça!...) Conséquence directe de cette décision, la fragilisation d'un emploi [2]

Nous sommes en effet opposés au projet des 16 bassines du bassin versant de la Sèvre Niortaise et du marais poitevin. Léger détail : nous n'avons pas participé activement à l'organisation de la manifestation de Ste Soline. Il n'y en avait d'ailleurs nul besoin car plus de 150 organisations avaient appelé à manifester !

Autre reproche à notre encontre : un post facebook montrant notre soutien au mouvement anti-bassine ! Cette fois, nous assumons pleinement : nous ne savions pas qu'exprimer une opinion était un délit !

Et cerise sur le gâteau, nous avons reçu, le 12 février, une lettre de la préfecture nous annonçant notre éviction des comités "ressource en eau" ainsi que de tous les comités de gestion de l'eau.

C'est une tradition : nous avions déjà été évincés de la commission scientifique et technique du projet des 16 bassines car nous n'avions pas voulu signer un protocole[3] qui a été par la suite désavoué par quasiment tous les acteurs hormis l'Etat et la profession agricole majoritaire.  Et bien, les prochains comités "ressources en eau" pourront maintenant se dérouler à huis clos entre l'Etat, les irrigants (sauf la Confédération Paysanne tout de même) et la seule association (favorable au bassines) qui soit restée dans le protocole.

Nous avons bien entendu défendu notre position. Mais ayant épuisé les moyens non conflictuels de résoudre ce dossier (demandes de recours gracieux et de conciliation), nous nous sommes trouvés contraints de faire un recours contentieux. C'est ce que nous avons fait avec l'aide de Mes Ambroselli, Kalaf, et Maesle.

C'est en effet, la liberté d'expression qui est en jeu ici. Rappelons que d'autres associations font les frais de ce type de violence d’État : Alternatiba à Poitiers, 5 associations de Corrèze et d'autres encore. Bizarrement, en revanche,  les subventions et le siège en commissions consultatives de la Coordination Rurale ne sont pas supprimés quand cette organisation agricole détruit des locaux associatifs et agresse des militants ?

Il est malheureux d'en arriver là, alors que nous devrions mobiliser toutes nos forces pour répondre intelligemment aux défis à venir, notamment la pénurie d'eau, l'empoisonnement du monde et la disparition de la biodiversité.

Voulant rester optimistes, nous nous consolons en pensant que c'est un aveu de faiblesse sur les arguments servant de base aux projets de méga bassines. Aurait-on besoin d'une telle répression si les projets tenaient la route?

Les récentes interventions de scientifiques à l'encontre de ces projets[4] rendent-elles nerveux les tenants du stockage à tout va ?

[1] les mégabassines sont d'immenses stockage d'eau agricole (à Ste Soline ce sont 16 ha de terres agricoles plastifiées sur 12m de hauteur) qui sont remplies en hiver en pompant l'eau des nappes phréatiques déjà surexploitées, mettant à mal rivières et zones humides

[2] Si vous voulez nous soutenir, vous pouvez signer cette pétition (https://agir.greenvoice.fr/petitions/non-au-muselage-de-notre-association-de-defense-de-l-eau) ou/et émarger à cette cagnotte(https://www.helloasso.com/associations/apieee/collectes/suppression-de-subvention-pour-cause-de-militantisme)

[3] https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/bassines-l-apieee-ne-signera-pas-l-accord

[4] https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/mauze-sur-le-mignon-79210/pour-florence-habets-multiplier-les-bassines-est-une-mal-adaptation-au-changement-climatique-

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