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Billet de blog 19 mars 2020

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Ce n'est pas le printemps

Est-ce vraiment le printemps quand on vit confiné? Et quand les hôpitaux crèvent d'être saturés? Petit billet d'humeur en alexandrins à la veille de l'équinoxe de printemps.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce n’est pas le printemps

Ce n’est pas le printemps.

Malgré la date et le calendrier. Malgré

L’équinoxe fidèle qui vient nous saluer

Malgré l’astre solaire, qui s’affirme chaque jour

Avec plus de chaleur et avec plus d’amour

Malgré les bêtes en rut, et malgré les boutons

Qui annoncent les fleurs, et malgré les bourgeons

Gorgés de notre espoir de lendemains plus verts

Après les teintes tristes d’un trop long hiver

Ce n’est pas le printemps.

Quand on salue l’ami de la pointe du pied

Quand on craint la toux sèche d’un passant enrhumé 

Quand il devient douteux que deux amants s’embrassent

Quand le gouvernement fait fermer les terrasses

Quand le souci écrase, quand nous vivons cloitrés,

Et quand les hôpitaux crèvent d’être saturés

Ce n’est pas le printemps.

Les journées qui rallongent, les parfums alléchants

Les semis qui frissonnent dans les sillons des champs

Les folles hirondelles virevoltant dans les cieux

Ne sont que faux prophètes et signes fallacieux

D’une belle saison qui cette année s’attarde

Et prive de ses faveurs un peuple qu’on placarde

Ce n’est pas le printemps.

A quoi bon le soleil, s’il doit venir s’échouer

Sur nos maisons en deuil et leur portes fermées

A quoi bon la chaleur, si les corps découverts

Restent dans l’ignorance des faveurs du grand air

Et si leur gracieuse perfection esthétique

Reste fruit défendu aux âmes romantiques

Ce n’est pas le printemps.

Cette asocialité et ce confinement

Cette distanciation, cet emprisonnement

Sont contraires aux principes les plus fondamentaux

De la saison jolie des fleurs et des oiseaux

Mais le printemps viendra.

Dussions nous attendre encore jusqu’au solstice

Il viendra, triomphant, et fera son office

Avec plus de superbe et de magnificence

Que jamais nous n’en vîmes dans les saisons de France.

Alors viendra le temps de l’amour et des fleurs,

Nos cœurs déborderont d’une inédite ardeur

Et nous célébreront le printemps revenu

Et nous rattraperons tout le printemps perdu.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.