Aux larmes, citoyens,
Restez devant la télé.
Ecoutons, écoutons,
Le monde de l’argent,
Qui abreuve nos écrans,
Et qui abrutit nos enfants.
Chers politiciens de tous partis, que se passe-t-il dans vos têtes ce soir ? Etes-vous satisfaits pour certains d’avoir gagné, tristes ou déçus pour d’autres d’avoir perdu ?
Je n’ai rien d’une politicienne, je ne me reconnais, malheureusement, aujourd’hui, dans aucun parti. Mais je tente pour quelques minutes de me mettre dans votre peau et votre cerveau. Je n’ai aucune ambition, sinon celle d’être quelqu’un de bien. Et si je ne prétends nullement la perfection, j’essaie de m’améliorer car dans ce que l’on donne à autrui, dans l’exemple que l’on donne à ses enfants, on se sent grandi, on se sent heureux parfois un instant apaisé.
Alors si j’étais politicienne aujourd’hui, gagnante ou perdante, je serai anéantie devant ce premier parti de France qui l’emporte haut la main et qui dit, par son mutisme, sa défiance et son dégoût vis-à-vis de nous.
Cette abstention qui crie silencieusement qu’elle ne souhaite plus se prêter à un jeu où le pouvoir et l’argent sont toujours les grands gagnants.
Ce vide dans les urnes qui renvoie aux idéaux creux, manipulatoires que l’on tente de faire avaler à nos concitoyens que l’on considère assez naïfs pour nous suivre avec des programmes reposant non sur des objectifs que nous portons avec loyauté et sincérité mais avec des programmes que nous portons avec l’ambition d’accéder à une place que vous convoitons.
Car que veut dire cette abstention, que mes concitoyens, c’est-à-dire, des hommes et des femmes qui sont censés être rassemblés, avec moi, autour des valeurs communes ne se considèrent pas impliqués ou s’estiment ignorés.
Que le processus démocratique est une mascarade, qui n’arrange que moi, et quelques-uns qui me ressemblent. Que je ne suis pas à même de représenter dignement mes concitoyens. Des femmes et des hommes qui sont censés être mes égaux et dont je suis garante des libertés et de la dignité.
De tout ceci, je me sentirai salie, car j’aurais participé à la démolition d’un mot, depuis longtemps largement perverti, qui se nomme démocratie.
Allons mes amis, quasiment plus d’enfants impliqués dans la patrie, le jour du désespoir est bientôt arrivé. Nous avons tué la parole des jeunes qui ne se sentent plus impliqués. Nous avons laissé s’épuiser ceux qui souhaitaient s’investir ou nous contredire.
Bientôt nous ne serons plus inquiétés par un peuple qui a baissé les bras. Qui las, de nos préoccupations éloignées de sa réalité, que nous n’avons pas voulu prendre le temps d’écouter, a décidé d’abandonner.
Je me demanderai ce qu’apportent intrinsèquement nos idées que nous essayons d’imposer, de ces libertés que nous essayons de limiter, d’encadrer, que nous soumettons à notre bon vouloir et à nos injonctions contradictoires.
Et pour finir je me dirai qu’il est de mon devoir que ce système change, que ce n’est pas parce que cela est érigé en modèle qu’il faut le prendre et le conserver comme tel. Simplement parce que ça m’arrange.
Mais je ne suis pas une politicienne, je suis une simple citoyenne. Et me mettre dans votre peau et votre cerveau ne prend pas. Je ne comprends pas vos égos surdimensionnés et votre manque d’humanité.
Aux larmes, citoyens,
Restez devant la télé.
Ecoutons, écoutons,
Le monde de l’argent,
Qui abreuve nos écrans,
Et qui abrutit nos enfants.