Je veux dire ici mon indignation et mon effroi.Comment une équipe d'enseignants a-t-elle pu en venir à dénoncer un enfant pour qu'il soit poursuivi par la justice ? Emmené au commissariat et interrogé par la police ? Huit ans ? Faillite, faillite terrible de ces enseignants précisément qui ne sont même plus capables d'exercer leur métier de passeur de savoirs et de valeurs, entre autres celle de la responsabilité. Pour quelles raisons, ce directeur d'école n'a -t-il pas discuté avec l'enfant concerné et sa famille, de manière cadrante et apaisée ? Je lis que le père s'est énervé, aurait voulu frapper l'enseignant... Peut-être. Mais je dois avouer que si j'avais en face de moi cette équipe d'irresponsables, il me serait très difficile de ne pas leur montrer ma colère. Des adultes, en plus des adultes en charge d'une des plus hautes missions qui soient, des adultes donc avouent clairement non seulement leur incompétence, mais aussi leur peur d'un enfant de huit ans, leur totale impuissance à le gérer. Et ajoutent à toutes ces tares, celle de penser qu'en enfant si jeune puisse être responsable de ses propos, qu'on puisse lui en demander compte et le poursuivre même. Quel est ce monde où nous vivons aujourd'hui ? Comment l'articuler avec cet élan qui a emporté des millions de Français (et d'autres personnes dans le monde entier) lors des attentats ? La ministre de l'éducation réclame à grands renforts d'annonces médiatiques une vigilance et fermeté accrûes pour tous les élèves qui pourraient être répérés comme suppôts du terrorisme ou proférant des propos complaisants et annonce des réformes, des cours d'éducation civique et morale.... et patati et patata. Dans la réalité, sur le terrain on supprime des heures de cours dans les collèges, 20 heures par ci, 30 par là (je sais de quoi je parle !) et aux chefs d'établissement de se débrouiller pour organiser des emplois du temps où les élèves et les professeurs ne seront pas lésés. Mais ils le seront, à commencer par les profs qui seront contraints à des compléments de service et pour les exécuter feront 50 ou 100kms de plus par jour dans certains cas. Parallèllement, on entend que l'état recrute 25 000 enseignants. Il faut savoir, il faut clamer que ces gens auront des conditions de travail terribles voire indignes, seront mal payés (vacataires ou contractuels), et en plus devront essuyer les foudres du public qui ne connaît pas la petite cuisine interne du Ministère de l'éducation et se laisse avoir par toutes les annonces mensongères et hypocrites qui pleuvent actuellement.
Voulez-vous que je vous dise ce soir mon dégoût, oui, mon dégoût mais aussi ma colère devant ce triste spectacle d'une société frileuse, hypocrite, désenchantée, sans idéal ? Ce matin, en faisant mon marché, je faisais part de cette indignation qui m'a emportée à la nouvelle de la convocation au commissariat de cet enfant. Et à ma grande surprise, les réactions étaient toalement opposées à la mienne. " Tout de même, avec ce qu'on vit actuellement, il faut sévir", "s'il a prononcé ces paroles, c'est qu'il les avait entendues"... Évidemment dans la bouche de ses parents, pas à la télé, pas dans les médias, pas à l'école. Non, chez lui. Normal puisque ses parents sont des arabes donc des musulmans ! Comme j'ai honte ce soir !