Youssef avait 16 ans, il était soudanais. Comme tant d’autres, il avait fui son pays avec un seul objectif : rejoindre l’Angleterre. Calais ne devait constituer qu’une étape. Pourtant, la route du jeune homme s’est arrêtée ici, à quelques kilomètres de la Jungle, fauché par une camionnette alors qu’il tentait de partir vers son rêve.
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Cette marche est la marche dont font référence Pascale Ferran et Roy Aridda dans leur film "Pour Mohammed".
Youssef était arrivé quelques jours auparavant à Calais. Seul. C’est dans le quartier des soudanais, comme il est appelé ici, qu’il avait trouvé refuge. D’abord dans une petite tente, puis dans une plus grande, partagée avec d’autres. Sur le tissu qui sépare le coin nuit du reste de la tente, on peut lire « Open us the way to UK » (ouvrez-nous le chemin vers le Royaume-Uni).
Alors, les migrants ont marché pour la mémoire du jeune homme. Toutes nationalités confondues. Pour oublier les tensions qui peuvent régner entre eux. Pour être solidaires face à une situation de plus en plus insoutenable.
Car depuis quelque temps, ils le savent, les possibilités de passer en Angleterre se réduisent à peau de chagrin.
Cette marche, ils l’ont voulue silencieuse, avec pour seul cri des messages brandis à bout de bras. « Notre destin ici est inconnu », « Nous sommes des humains. Pas des chiens. ». Ils voulaient marcher vers Calais, manifester leur tristesse hors de la jungle. Leur marche a été arrêtée nette par une rangée de CRS à l’entrée du camp.
Après un moment de tension palpable, les manifestants ont fait face aux forces de l’ordre. Calmes. Fiers. En silence. Un moment suspendu. Une petite heure d’hommage et ils ont regagné la Jungle.