« J’ai rencontré Ahmed, 26 ans, originaire du Darfour, en décembre 2015.
J’avais prévu d’aller dans la jungle fin novembre, suite à l’Appel de Calais.Le 13 novembre à Paris, j’ai perdu un tendre et cher ami.
L’action est devenue difficile, les mots avaient peu de sens.Le voyage a été maintenu et j’ai suivi sans force trois amies déterminées à voir ce qu’il se passait dans le camp de Calais.
Les hommes et les femmes croisés là-bas sont nos semblables : des vieux, des mineurs, des familles, des femmes isolées… et tellement de jeunes en désir de construire leur avenir qui nous parlent de leur rêve, de leurs études, de leur métier, de l’Angleterre...
Quelques sourires, mais beaucoup d’effroi aussi, car leurs vies sont suspendues.
Dans la jungle, j’ai zoné comme ces réfugiés sans refuge, comprenant seulement qu’Ahmed - comme beaucoup d’autres - n’a pas le choix, il doit fuir la barbarie.
J'ai enregistré les mots de ceux qui voulaient les partager dans leur propre langue, sans les comprendre.
Aujourd’hui seulement, j’ai pu les faire traduire, ici grâce à Hussein Emara et Moina Fauchier Delavigne.
Je cherche pour d’autres témoignages un traducteur de Pachto. »
Cécile Mille