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Billet de blog 24 février 2016

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A la recherche du candidat idéal...

Vu la tonne de critiques qui se sont abattues récemment sur l’initiative « personnelle » d’un Mélenchon, je me suis fait la réflexion suivante : au fond, quelle type de candidature serait susceptible d’emporter la majorité des suffrages à gauche ?

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D’emblée, on notera que je me situe dans le cadre politique un tantinet moribond de notre bonne vieille « cinquième » : en passer par le jeu électoral, aussi biaisé soit-il. On peut bien sûr se dire qu’un véritable changement ne se produira pas de cette manière, et que seule une insurrection populaire pourra réellement changer la donne. Si une telle chose se produit, j’en serai le premier enchanté. On constate cependant que cette insurrection qui devait venir joue les Arlésiennes, et que la morosité ambiante se prolonge. Pourtant, on se dit que les conditions nécessaires pour un tel évènement ont été remplies, et même archi-remplies, depuis un sacré bout de temps ; mais rien que la continuelle désespérance quotidienne.

Etant encore relativement jeune, je me suis dit que je n’allais peut-être pas attendre mes vieux jours pour que la conjonction astrologique idéale se produise, et qu’on pouvait peut-être essayer avec les conditions existantes. Et elles ne sont pas fameuses : tout le système politique actuel étant subordonné à l’élection présidentielle, on peut considérer que c’est quasiment la seule qui compte, et la seule susceptible de débloquer les verrous. Election déplorable, nul n’en disconvient ; elle personnalise les débats à outrance, transforme le casting électoral en véritable « concours de beauté », et le système médiatique mainstream en rajoute une louche à grande doses de « réalisme » et de discours néolibéral sur nos tartines matinales jusqu’à l’écœurement. Ce n’est pas gagné, donc.

Il faut donc qu’un candidat véritablement de gauche n’offre aucune faille, et soit à même de rassembler tous les électeurs, tout en sachant parer efficacement les contre-feux que les chiens de garde médiatiques ne manqueront pas d’allumer.

J’ai alors dressé une check-list des prérequis ; et ils sont nombreux.

1.       Ne pas la jouer « solo » : « proposer » sa candidature est un acte éminemment personnel, et nous fait plonger dans les affres du bonapartisme et du péronisme. On sait que la présidentielle est une élection par définition personnelle, mais faut quand même pas pousser ! Exit Mélenchon.

2.       Etre de gauche (ben oui…) : il faut également un véritable progressiste, et pas quelqu’un qui tienne un discours anti-immigrés, ou moralement conservateur, si ce n’est réactionnaire. Asselineau out, donc.

3.       Etre à l’aise dans les médias : étant donné que les médias alternatifs n’ont pour l’instant qu’une audience restreinte, il faut bien passer dans les chaînes et les radios mainstream, pour que les électeurs aient au moins une chance de connaître votre nom. Et il faut savoir argumenter, se défendre contre les interviewers agressifs, menteurs et malhonnêtes, tout en ne donnant pas l’impression de réciter un laïus appris il y a trente ou quarante ans. Bye-bye les représentant-e-s le LO, Besancenot, Poutou, et consorts.

4.       Avoir une autorité manifeste et reconnue. Ben oui, pour incarner la fonction, il faut en avoir quand même une petite dose. Etre gentil, c’est sympathique, mais la magistrature suprême requiert quelqu’un dont on sait qu’il ne se fera pas bouffer tout cru par le premier dictateur ou le premier arriviste venu.

5.       Ne s’être jamais trompé. Condition exigeante s’il en est. Critère qui élimine d’emblée Mélenchon : il a voté Maastricht (pour les néophytes, prononcer « mastrikt », comme dans « strychnine »). Il ne faut pas avoir soutenu Mitterrand, il ne faut pas avoir d’accointance suspectes (exit Chouard, si d’aventure l’envie lui prenait) ; ne jamais avoir servi dans le moindre gouvernement ayant trahi le peuple ; en clair, ne jamais avoir exercé la moindre fonction politique au cours de ces quarante dernières années. La pureté idéologique doit être sans faille, pour emporter l’adhésion des gens de gauche les plus exigeants. On les comprend.

6.       Avoir de l’expérience : Il vaudrait mieux éviter de confier les affaires du pays, même de façon limitée, à un néophyte. Si le candidat une fois élu ne se fie qu’aux apparences, il en trouverait sans nul doute un Jean-Claude Juncker très sympathique, ou un Barack Obama très humain ! Bref, il faut quand même quelqu’un qui sache bien jauger les hommes, et sache éviter de se faire poignarder dans le dos. Bon, je conviens qu’il y a une légère contradiction avec l’exigence précédente, mais les délibérations collectives servent précisément à faire émerger des gens se situant au-dessus de ce genre de contingence, non ?

7.       Etre porteur d’un projet collectif : non pas arriver avec sa vérité sous le bras, mais mettre en avant le résultat d’une délibération collective, seul rempart contre le césarisme.

8.       Avoir des convictions personnelles : ne pas être un falot, ou une girouette tournant en fonction des sondages, façon Royal en 2007, mais avoir de solides convictions de gauche chevillées au corps.

Hein ? Et si ça entre en contradiction avec le programme collectif ? Comment ça ? Ben, par exemple, quelqu’un qui voudrait sortir de l’Euro alors que le collectif veut « sauver l’Europe à tout prix » ? Non mais, vous avez de ces questions, franchement…

Bref, ayant rassemblé toutes ces exigences dans mon shaker métaphorique, j’ai passé au crible les différents personnages susceptibles de conjuguer ces différentes qualités. Je n’en ai trouvé aucun qui les satisfasse toutes, mais celui qui obtenait le score le plus élevé était… Un petit instant, je retrouve ma fiche… Ah, le voici :

Illustration 1
Voici sans nul doute le candidat le plus naturel pour la gauche en 2017 !

MAJ : Catastrophe. On me souffle dans mon oreillette que la personne en question occupe déjà un poste très bien situé et qu’il n’a pas l’intention d’en changer. C’est ballot… Du coup, il va falloir tout recommencer. J’ai plus le moral, tiens.

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