
Ce 11 février, les rues de Téhéran et des grandes villes en Iran vont être témoins de manifestations massives pour, officiellement, célébrer le 31ème anniversaire de la révolution de 1979.
Celle-ci, après la révolution constitutionnelle de 1905-1911, et la période 1951-53 qui vit la nationalisation du pétrole - à l'instigation et sous le gouvernement légal de Mohammad Mossadegh -, constituait le troisième épisode d'émancipation des Iraniens, et portait en elle les espoirs de liberté, de fin de la dictature et de la marche vers la démocratie. Or le régime de la République islamique, dès son instauration suite à la mainmise des religieux, n'a eu cesse d'opprimer les libertés les plus élémentaires, de porter atteinte aux droits humains, d'ignorer les demandes et la volonté de la population.
La situation des Droits de l'Homme s'est détériorée, cependant, d'une manière sans précédent, depuis les élections présidentielles du mois dejuin 2009 : les femmes et les hommes iraniens ont protesté massivement mais pacifiquement au lendemain de l'annonce des résultats pour montrer leur désapprobation, dénoncer les nombreuses irrégularités et les fraudes manifestes dans le déroulement des élections. La réponse du pouvoir fut une répression sanglante, d'une violence inouïe, l'arrestation de plus de 4000 personnes en l'espace d'une semaine, début juillet 2009, et des actes de tortures barbares et des meurtres ayant atteint un tel niveau qu'ils provoquèrent la contestation dans certains cercles conservateurs du pouvoir même. Rappeler les aveux arrachés sous la pression et la torture, les procès-spectacles staliniens, d'une part, l'interdiction de nombreux journaux, l'arrestation massive des journalistes indépendants, le filtrage des sites internet et le brouillage des chaînes satellites, d'autre part, montre à peine l'étendue de la répression mise en place par le pouvoir pour étouffer les voies de contestation en Iran.
Malgré la censure, des milliers de photos et de films ont pu sortir de l'Iran et témoignent des horreurs commises par M. Khamenei, M.Ahmadinejad et leurs acolytes.
Le régime, qui revendique sa légitimité en instrumentalisant la religion dans le cadre d'un système théocratique exsangue, n'a pas hésité à tuer encore le 27 décembre dernier (au moins 8 personnes et des centaines d'arrestations), le jour de la fête religieuse d'Ashoura, où toute violence est interdite selon la croyance religieuse même. Cet épisode sanglant, comme les précédents depuis le mois de juin 2009, n'a pu entamer la détermination de la population à continuer de réclamer droits et justice, et la perspective de l'ampleur des manifestations à l'occasion de l'anniversaire de la révolution ce 11 février, inquiète le pouvoir.
La situation est telle que l'ambassadeur d'Iran au Norvège, MohammadReza Heydari, vient de démissionner au mois de janvier en signe de désapprobation des exactions du pouvoir.
Organisée en parallèle dans de nombreux pays, une campagne internationale d'envoi de cartes postales aux représentations diplomatiques iraniennes vise à faire pression sur les diplomates et leur demande de suivre la voie de M. Heydari. Des centaines de cartes ont ainsi rempli les boîtes postales des ambassades iraniennes à l'étranger depuis plus d'une semaine. Cependant, etant donnée ses prises de position violentes contre le mouvement de contestation, qui ne laissent aucun doute quant à sa collusion avec le pouvoir iranien, la probabilité d'une rebiffade du consul iranien à Paris reste nulle.
