Dès après la révolution de 1979 en Iran, la journée de prière dite de "Ghods" avait été instaurée par Khomeiny en soutien au peuple palestinien. Les analystes les plus lucides n'ont pas manqué d'y voir des larmes de crocodile, la cause palestinienne étant devenue l'instrument de la politique étrangère de l'Iran au Proche et Moyen Orient, avec surtout un impact négatif et destructeur dans la région.
Dans le contexte de la répression massive qui s'est abattue sur les Iraniens après le coup d'état électorale du 12 juin, le mouvement de contestation cherche à exploiter toutes les occasions pour protester tout en limitant les dégâts (arrestations, disparitions et meurtres, tortures et viols en prison, voir l'article de Pierre Puchot de cette semaine).
C'était donc le tour de la population d'utiliser cette journée de solidarité du 18 septembre où les manifestations étaient de fait autorisées, pour sortir dans la rue et protester contre Ahmadinejad et Khamenei. Il est à remarquer que pour la première fois, des slogans réclamant la séparation de "l'état et de l'église" étaient clairement prononcés, sans qu'il s'agisse pour autant d'un revendication nouvelle de la population iranienne.
A Paris, une poignée d'Iraniens, Franco-iraniens et de Français sont allés protester devant la grande mosquée de Paris, à la sortie de la prière du vendredi dédiée à la journée "Ghods". Habillés d'écharpes et de bracelets verts ils ont brandit des affiches dénonçant l'instrumentalisation de la cause palestinienne par le clan Ahmadinejad/Khamenei/Gardiens de la révolution. La couleur verte et certaines affiches, écrites en persan, soutenaient le mouvement de protestation en Iran et étaient destinées à empêcher les cadreurs de la télévision "nationale" iranienne de rapporter leurs habituelles images de propagande.
D'autres affiches, écrites exprès en langue arabe, rappelaient un Hadîth (tradition) de Mahomet : "Un pays sans foi peut survivre, mais pas sans justice", et étaient cette fois destinés aux médias arabes.
Les slogans étaient d'un côté "A bas le dictateur", "liberté et démocratie pour l'Iran", et du côté des arabophones dirigés contre Israël et en soutien à Ahmadinejad et de Khamenei.
Après quelques échanges de slogans, malgré le calme affiché des "verts", ces derniers ont dû faire face à la violence et à l'attaque de ceux en face qui venaient d'être renforcés par quelques éléments proches du consulat iranien à Paris, qui tentaient d'arracher et de déchirer les tracts et les écharpes vertes. L'intervention des policiers sur place a cependant vite limité les dégâts.
Précisons que beaucoup parmi les présents, ceux venus pour prier, les passants ou les voisins ont critiqué la violence des extrémistes arabophones et manifesté leur sympathie pour les verts.