Scène vue cette semaine: Vers midi, dans un quartier central de la capitale argentine, une trentaine de personnes sans ressources, dont une majorité de SDF, font la queue devant un local tenu par des volontaires. Les démunis, de tous âges, sont patients et dignes, malgré la crise et leur situation économique compliquée. Ils recevront chacun un bon plat chaud, des pâtes au poulet (un guiso), cuisinées sur place par une demi-douzaine de volontaires. Ensuite, ce sera une distribution de vêtements chauds, en prévision de l'hiver qui s'approche... Le tout, malgré la faim qui tenaille, dans une assez bonne ambiance, ordonnée, chacun espérant son tour avec calme et respect pour le voisin.

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Ces volontaires du centre de Buenos Aires, qui aident les SDF en pleine épidémie de coronavirus et leur servent la "soupe populaire", ils font partie d'une organisation politique fameuse en Argentine, la Cámpora. Depuis leur modeste local, dont ils paient eux-mêmes le loyer, ils aident 300 à 400 personnes par semaine, en distribuant nourriture et vêtements à tous ceux dans le besoin. Et bien que l'organisation politique à laquelle ils appartiennent soit puissante politiquement, et influente idéologiquement, c'est en se cotisant entre volontaires (ils sont une quarantaine, dans ce quartier de la capitale) qu'ils font face aux frais d'achat d'aliments, de vestes et de chaussures... Et ce n'est pas un cas isolé: dans chaque quartier de Buenos Aires et de sa banlieue, cette scène de solidarité se reproduit, que ce soit sous la bannière de la Campora ou d'autres organisations.
En France, un groupement politique puissant recevrait des fonds publics pour une mission d'utilité et manifestement de bien public, mais ce n'est pas le cas en Argentine, où le budget de l'Etat est déjà limité et tendu. C'est en tout cas réconfortant de voir que la solidarité s'organise, et que des femmes et hommes courageux prennent sur leur temps de travail ou de repos, mettent leurs masques sanitaires, et vont, sur leurs propres deniers, aider les plus démunis, les laissés-pour-compte de la rue. Dans un prochain article, nous évoquerons et étudierons les convictions politiques de La Campora, mais en attendant, force est de constater que cette organisation marque des points sur le terrain de l'aide aux SDF.