L'Argentine est semble-t'il en train de gagner la bataille sanitaire contre le COVID-19, mais une lourde menace plane; un nouveau front presque aussi redoutable s'est ouvert: l'économie.
Les chiffres de patients infectés par le coronavirus, et de morts, restent relativement faibles en Argentine. Quand on regarde les statistiques, les courbes sont plus ou moins aplanies, et les hôpitaux ne sont pas débordés, avec seulement 50% d'occupation en réanimation dans le secteur hospitalier public et 35% en cliniques privées. Il semble donc que le gouvernement argentin, ayant réagi tôt et fermement, est en passe de gagner son pari, grâce à des confinements assez efficaces et des contrôles routiers stricts.

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Mais ces quarantaines provoquent de grosses tensions sur le front économique. L'Argentine est en effet sans possibilité d'emprunter sur les marchés financiers, souffrant d'un indice de "risque-pays" supérieur à 4 000 points de base. Donc la seule alternative disponible pour financer le déficit budgétaire croissant, est une massive émission monétaire (du Quantitative Easing, comme en Europe d'ailleurs).
Le problème est que, alors que dans d'autres pays plus forts économiquement, il peut être émis (des billets) sans augmenter l'inflation, ce n'est plus possible en Argentine car la demande de pesos est très faible et l'inflation structurelle, déjà énorme. Ceci rend difficile de faire face au problème de liquidité des entreprises locales et des provinces endettées, d'autant plus si l'on considère que dans les prochains mois, le gouvernement argentin devra injecter encore plus d'argent dans ces entreprises pour qu'elles ne fassent pas faillite. D'autant plus que les banques ne sont pas bien généreuses, malgré les appels à la solidarité.
La "machine à billets" risque donc de s'emballer. Mais malgré ce risque, et en l'absence d'autres instruments, l'émission d'argent reste essentielle pour fournir une assistance urgente aux segments sociaux les plus vulnérables et maintenir la chaîne de paiement des salaires publics ou privés. Le problème étant que l'ampleur, jamais vue, de l'expansion monétaire en cours en Argentine ouvre de sérieuses craintes à moyen terme. L'avenir dira si l'Argentine réussira à gérer cette crise du coronavirus sur le front économique aussi bien qu'elle le fait sur le front sanitaire.