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Billet de blog 1 novembre 2021

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Ls scientifiques et leur art du langage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je viens de résilier mon abonnement à Sciences et Vie.

Je ne plaisante pas avec les sacrilèges.

L’autre jour, que lis-je sur la couverture du dit « Sciences et Vie », bien exposé, à la vue de tous, même des enfants, dans les kiosques de la ville :

« Le centre de la Terre va exploser. »

Sept heures du matin, on se lève, on fait des efforts tragiques pour trouver poétiques les rues commerçantes d’une cité moderne, on déploie ses poumons atrophiés, on tente d’apercevoir le ciel à travers les brumes productrices d’asthmatiques postillonnants et là, « Boum », « Le centre de la Terre va exposer !

Je m’approche pour lire sans acheter.

Je suis inquiet quand même. L’explosion est-elle prévue pour cet après-midi ?  Non, non, je vous rassure.

Résumons le scoop :

 En couverture, donc : « La terre va exploser. » Page 27 : « …dans vingt-cinq millions d’années… » …D’accord…Page 28 : « …peut-être »… et page 30 ,après les annonceurs : «  En fait, on n’en sait rien. »

Mais si ce n’était que ça !

Sur le même « Sciences et Vie », écho de nos scientifiques émérites :

 « MG 4532 s’éloigne de notre galaxie. »

Qui est MG 4532 ?

Une galaxie.

Même pas fichus de trouver de jolis noms.

Ah ! Le temps n’est plus du bouclier d’Orion, de la Chevelure de Bérénice, de la Petite Ourse et de la Grande Ourse. Les scientifiques ont la flemme de les baptiser. Il y en a trop.

Quelle époque ! Pourtant leur métier est bien moins fatigant qu’autrefois, du temps des Incas, quand il fallait grimper au sommet du Machu-Pichu pour voir la lune ! À présent, tu appuies sur un bouton et des lunes, tu en vois dix mille milliards ! Alors les baptiser !!

Remarquez, il vaut mieux qu’ils s’abstiennent, vu leur talent pour nommer la Nature et ses avatars.

Ainsi, grâce à ces scientifiques, quelques électrons, nom ancien, ont été appelés des « machos » et des « mauviettes ».

Qui sont les mauviettes face aux machos ? Les féministes ne réagissent pas ?

Vous savez comment ils appellent la voie lactée ? « L’amas local. »

Et cet éther impalpable, célébré par Baudelaire, le voilà baptisé avec maestria : « La purée homogène ».

Oui ! « La purée homogène. » Ils auraient pu faire un effort et opter pour « La mousseline à l’ancienne».  Ils y auraient gagné un sponsor.

Enfin, heureusement, heureusement, que le soleil et la Terre savent comment ils s’appellent depuis longtemps. Ils l’ont échappé belle. On aurait pu se retrouver avec :  dans le ciel : notre étoile Bouboule ! Sous nos pieds : la planète « Paillasson ». Pour la lune, « loupiote » me paraît bien trouvé.

D’où le poème célèbre : 

« Sur la planète Paillasson,

Remercions tous à l’unisson,

Le si joli clair de loupiote

Qui nous conduit jusques aux chiottes,

Et nous permet sans autre ampoule,

De nous passer du beau Bouboule ! »

Mais il y a pire !

Oui, oui, c’est possible !

C’est leur manière de raconter la création du monde.

Alors là, chapeau !

Les peuples les plus primitifs, les plus reculés dans le temps et dans l’espace, ceux qui savaient à peine marcher, à peine se moucher, à peine baragouiner avaient inventé des mythes à broder le ciel et le cœur de merveilles époustouflantes !

À présent,  notre mythe fondateur , c’est le « Big bang » !

Oui ! Le « Big Bang » !

Une pétarade de neutrons et de protons agglutinés sur des foutoirs de photons, avec des ribambelles de machos et de mauviettes qui pataugent dans la purée !

Mais à qui va-t-on pouvoir présenter ça ?

Evidemment, l’expression est américaine et l’on sait qu’en matière de finesses artistiques, nos amis américains ont été teintés de western à leurs débuts.

Le Big Bang !

Traduction française : « Le gros pet. »

À la question traditionnelle que tant d’hommes se sont posée le soir, au coin du feu, levant les yeux vers un miroir d’étoiles : « Qui a créé le monde ? », s’est substitué l’interrogation hautement scientifique : « C’est qui qui a pété ? »

Mais il y a mieux ! Encore mieux !

Un chercheur… (Mais qu’ils arrêtent de chercher si c’est pour nous angoisser ! Et on les paie ! Et ils demandent chaque année encore plus de crédits ! Mais quand vont-ils s’arrêter ? Quand tous les êtres humains dormiront sur des divans ??)

Un chercheur, donc, nous apprend que la plus proche étoile de notre soleil qui s’appelle « Alpha du Centaure », pour vous dire qu’elle a été découverte il y a un certain temps, Alpha du Centaure, donc, est à quatre années-lumière de la Terre. Traduisons pour être plus clair. Elle est à cent mille millions de kilomètres.

Donc, pour se promener là-bas, quelques difficultés se présentent. Ce sera dur, mais on réussira. L’homme est inventif !

Hé bien non. Personne n’y arrivera. La nouvelle est tombée et nos rêves avec. C’est impossible. On ne voyagera pas dans l’espace. Jamais. Nous n’irons nulle part.

Pourquoi ?

« Sciences et Avenir », N°620 nous le révèle :

« Les galaxies s’écartent les unes des autres à une vitesse vertigineuse. »

Ainsi l’étoile la plus proche qui était déjà bien lointaine, la petite Alpha qui fait du poney, le temps que je vous parle, nous a mis six cent millions de kilomètres dans la vue, ce qui fait…ce qui fait…si l’on ajoute ces six cent millions de kilomètres aux cent mille millions qui étaient le premier kilométrage inscrit sur la carte, cela fait…cela fait…

Ça va être dur à rattraper.

Le monde se dilate, figurez-vous. Poussé par un pet qui n’en finit pas.

C’est un petit peu comme si, partant de Roissy pour le Mexique, dix heures après, on se posait à Pantin. Et encore, Pantin, il faudrait vite sortir le train d’atterrissage, sinon, hop ! On débarque à Pigalle !

Plus on vole loin, plus on se pose près.

Un cauchemar.

Mais pourquoi nous raconter des histoires pareilles ?

Parce qu’imaginons, imaginons…que le centre de la terre explose et qu’on soit projeté vers les étoiles qui s’éloignent…Où irait-on se poser ? Hein ? (On dirait un problème du certificat d’études de la classe préparatoire au suicide.)

Je préfère faire confiance à l’inventivité humaine.

Qui aurait cru, il y a cent ans, qu’on volerait dans le ciel en chevauchant des citernes de pétrole !

Ce n’est pas le plus léger que l’air qui vole, c’est le plus lourd que le mazout !

C’est quand même hallucinant !

Alors, pourquoi ne pas imaginer que les galaxies qui s’éloignent de nous : « Tu ne m’attraperas pas ! », tout à coup nous reviendront en faisant du surf sur les grandes vagues solaires rafraîchies aux glaçons et que l’on s’endormira au centre de la Terre qui aura transformé ses laves en jacuzzis phosphorescents !

Oui ! Je fais confiance au réel !

Il a fait ses preuves. Il a mis des fleurs partout. L’air est doux, la mer nous porte, les étoiles nous font de l’œil, les saisons reviennent. Jamais elles ne nous abandonnent, elles vont simplement faire de petits voyages et reviennent les bras chargés de cadeaux.

Les galaxies aussi, j’en suis sûre, vont revenir avec toutes sortes de cadeaux, des extra-terrestres, des flopées de dieux anciens et nouveaux, des cargaisons de morts ressuscités !

Voilà où elles vont les galaxies !

Dans la caverne du Père Noël !

Arrêtez de nous faire peur !

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