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Billet de blog 7 octobre 2013

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Ariane Walter: Le crépuscule de Pierre Laurent.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pas seulement de Pierre Laurent.

D’un parti, le PC, qui a perdu depuis longtemps bon nombre de  vrais militants communistes, dégoutés par l’alliance avec des sociaux-libéraux.

D’une gauche qui est à droite.

D’un système qui s’effondre.

Hier, Brignoles en a donné des nouvelles. Disons merci au hasard du  calendrier qui permet à certains de réfléchir avant  de sauter dans le vide en s’alliant avec ce parti humainement pourri qu’est devenu le PS.

Mais revenons à Pierre Laurent.

La qualité d’un homme politique, comme d’un général, se traduit par son habileté à la manœuvre en des temps difficiles. Elle est celle d’un capitaine qui choisit la route, la tension des voiles, indispensable maîtrise dont dépend la survie du bateau.

Pierre Laurent, pour ménager des intérêts à court terme, s’est avancé dans une tempête  jamais vue avec des précautions de bassin des Tuileries. il affronte des vagues scélérates en petite marinière, sa sucette à la main.

Sa première erreur a été, la campagne présidentielle passée, de vouloir marquer la supériorité du PC sur le PG et de déconsidérer  le plus possible Mélenchon. Mélenchon, trop critique envers le PS, devait être mis aux oubliettes. Toute cette année, Laurent , Dartigolles et Chassaigne, n’ont pas manqué  de le prendre à contre-pied , de ne pas le suivre dans ses initiatives, (écosocialisme, contre-budget), de lui reprocher d’avoir laissé une ardoise, alors qu’il leur avait fait gagner je ne sais combien d’adhérents. Le résultat de tout ceci a été que bien des abstentionnistes, qui étaient venus au FDG sur la parole de Mélenchon pour créer une vraie gauche et pas pour être « la voiture-balai du PS », selon la formule de Le Pen, sont retournés dans leur campagne.

La première erreur de Laurent , sous des airs d’amitié avec Mélenchon, parfois réelle, ne négligeons pas la complexité des rapports humains,  a été de vouloir faire de lui une nouvelle Ségolène Royal. Qu’il faut sortir du jeu. Pour complaire au PS. Car Mélenchon est le seul ennemi dangereux du libéralisme.  Disant cela, on comprend que la faute de Laurent, choisissant Hollande contre Mélenchon est terrible. Là, nous avons un acte. Tous les discours à venir ne seront que des paroles.

La seconde est récente. Elle date du 18 août et d’une interview,  dans Libération, signée  Alemagna. Alemagna est le chacal du PS lancé aux basques de Mélenchon. Il n’empêche que c’est par ce canal que Laurent va avouer les résultats de son entrevue avec Hollande. Acceptant cette interview, il a été d’une naïveté confondante. 

1-Il va prononcer la fameuse phrase qui va mettre les feux aux poudres,  critiquant  Mélenchon qui avait pris parti contre Valls. On voit avec le recul la vista de Laurent.

2-Il va  avouer benoîtement qu’il est en négociation avec Hidalgo  pour des postes et que son parti ayant progressé (grâce à qui ?) il en demande davantage. Et le vote des militants ? Ca  n’a pas l’air de le tracasser

3-Il signale que pour les Européennes , Mélenchon ira se faire voir ailleurs qu’en Ile de France.

Tout ceci, sortant de négocier avec Hollande, il le clame sur les toits !

 On connaît la réponse de Mélenchon. Il a fait éclater la pustule et a posé ce qui aujourd’hui, après Brignoles, apparaît comme une vérité d’or. Toute alliance  du PC et du FDG avec le PS sera mortifère. Sauf si le PS ou EELV les verts rejoignent le FDG sur le programme de l’Humain d’abord. C’est clair. Et ça n’est pas le cas de Hidalgo.

Mais Laurent s’entête.  

Il inaugure un blog pour dire qu’il n’y a pas deux sortes de communistes et que tous ceux qu’il rencontre sont d’accord avec lui.
On apprend donc qu’au PC, comme au PS , quand le chef se promène, on parque les dissidents !!

Et les erreurs continuent. A la grande réunion des délégués du PC, le 4 octobre, réunion morne où j’ai vu un Dartigolles pâlichon soutenir les égarements de son maître, Laurent persiste et signe. Il est pour le rassemblement et non l’autonomie. C'est-à-dire qu’il dit, en termes clairs, à Mélenchon qu’il aille se faire voir. Et que les militants vont voter.

Là, on est très inquiet, car on sait, au PS, ce que sont les votes de militants… sans parler de la noble UMP !!! Et au PC, que dire… Heu…

Mais faisons une parenthèse sur le PG. Car là aussi la réflexion politique ne néglige pas les intérêts des élections. (Pour le peuple, toujours !) Ils ont Mélenchon ,il s’exprime clairement, ils pourraient l’écouter. Mais non. La volonté d’obtenir des postes, chez tous ceux qui veulent faire de la politique un métier, est   nocive dans tous les partis. Un courant, depuis cet été, prône plus de souplesse avec le PS. Il ne faut pas les bousculer, les pauvres. Comprendre que, vu l’évolution du PS , c’est impossible,  met en danger leurs châteaux en Espagne leurs amitiés avec les uns et les autres, et leurs envies de se caser. Comme Laurent défend la même position, Laurent est tout à coup un héros. 

C’est ainsi qu’un PG , très proche de Mélenchon , me dit-on (position idéale pour poignarder), écrit :

« L’ancien candidat du FDG à la présidentielle ne rate pas une occasion d’éreinter son principal allié soupçonné de négocier avec le grand satan solférinien. Mélenchon a poussé la dramatisation en envisageant, sur son blog, un « Front de gauche nouveau » privé d’une partie des communistes.

La note, savamment amenée et préparée de longue date par le staff mélenchonien, visait à provoquer un électrochoc chez les militants. Dans une démarche gaullienne, il passe par-dessus les états-majors de ses alliés pour s’adresser directement au peuple du FDG. Face à cette attaque qui le vise directement, Pierre Laurent observe un silence buté. Pas celui d’un enfant boudeur, non ; celui de l’homme sûr de son fait, enfin.

D’abord, en évitant de répondre aux coups portés, il prend de la hauteur. Il donne aussi des gages aux 7 autres composantes du Front de Gauche qui réclament le retour au calme. Pendant que Jean-Luc Mélenchon fait donner ses lieutenants pour « frapper, frapper et frapper encore », le silence de la place du Colonel-Fabien offre une forme d’autorité rassurante pour les militants communistes. Ils ont un patron. »

Oui, c’est un PG qui écrit ça ! Ouf !! Mais il reste très apprécié dans le parti ce qui prouve l’état des lieux.

Mais parlons de Paris. Danielle Simonnet, fille formidable qui vaut mille et mille Hidalgo et NKM, fait campagne et attend, comme Cosette dans la forêt, que Ian Brossat daigne poser les yeux sur elle. Mais qu’a-t-elle la pauvre chérie comme dot ? Hidalgo a 11 potes à offrir qui permettront à Laurent de garder son poste de sénateur . (Dixit « le canard » qui avait déjà rapporté que le même Laurent  avait dit qu’il ne parlerait pas avant octobre de toutes ces négociations pour ne pas énerver Mélenchon » . Et il  le dit lui-même aussitôt…

Comme Leinemann, cette diablesse qui ronge sans cesse le PS de remarques désobligeantes et menace sans cesse de quitter le parti avec Filoche, semant la terreur chez les solfériniens ! Là voilà qui , laissant tomber ses voiles comme Salomé ,  s’adresse à toute la « gauche » et leur demande de rallier Hidalgo !  Quelle révolutionnaire la Marie-NO !! Une vraie Femen contre le système !

C’est alors que Danielle Simonnet lui répond, en ces termes, hélas :

"Et au deuxième tour, si nos listes de rassemblement anti austérité ne sont pas en tête, alors les fusions démocratiques permettront de battre la droite et l’extrême droite, de façon bien plus efficace car nous aurons remobilisé les nôtres en imposant dans la campagne les vrais débats."

Il s’agit donc, quand même, de  s’allier à Hidalgo au second tour ! Comme je m’arrache les cheveux, on me signale que c’est ce qu’on appelle   « une fusion technique » que cela été prévu dans les statuts du FDG autrefois, etc…  Cela a, en effet, été prévu autrefois et autrefois n’est pas aujourd’hui. Pour tous les électeurs , « fusion technique » sera le nouveau nom de  vaseline !

Par pitié, Danielle, par pitié, tu débutes sur la grande scène politique. Ne vas t’envaser dès la première régate ! Tu es courageuse, tu es dynamique, tu fais de belles choses, ne fais pas ça, ne signe pas ça sur un coin de table ! Ton honneur n’existera plus, le tien et celui de Brossat. Mais vous voulez nous tuer avec vos envies de places ! Soyez patients  bon sang ! Sachez perdre pour gagner ! Ce ne sont pas des postes de conseillers que nous voulons, c’est le poste de président des Français, c’est la sixième république ! Et vous croyez qu’on va y arriver avec des arrangements visibles et honteux ? Un seul FDG au conseil municipal de Paris avec Hidalgo et c’est la mort du FDG ! Comment faut-il le dire ? Hidalgo ne gagnera même pas. C’est NKM qui aura Paris.   Hidalgo n’aura pas les voix de la gauche. L’abstention sera monstrueuse. Et le FN votera NKM.

A moins Hidalgo que tu ne sortes de tes rêves et que tu dises clairement que tu ne représentes pas Hollande et les Solfériens ! Que tu quittes le PS !

( Excusez les grossièretés qui vont suivre, c’est une remarque in petto : « Putain mais c’est quand qu’un PS aura les couilles de le faire, pour entraîner tous les autres ? Quelle responsabilité ils ont ! Oui, ce sont des collabos, des faiseurs de fachos !!! »  Impossible ? Ils ont trop de traites à payer tous les mois pour leur vie de luxe ?)

Face à toutes ces arnaques,  Marie-George Buffet se fait connaître pour ce qu’elle est : une femme formidable.

Buffet est mélenchonienne, adjectif qui signifie désormais « sensée et bonne  politique  ».

De la même manière qu’on dit « un mécène «  et «  un Cicerone », on dira dans les siècles à venir, «  un Mélenchon »  pour qualifier les hommes politiques talentueux, droits et courageux.

Voilà pourquoi Mélenchon a lui aussi de grandes responsabilités en devant rester digne de lui.

Au sujet du vote du budget, Marie-George prend position. Il faut voter « contre. »  Alors qu’on sait, d’après des bruits de couloir, que Chassaigne se ronge les sangs car s’il vote « contre » il aura l’air d’obéir à Mélenchon et alors « bonjour l’ulcère » ! Il envoie d’ailleurs une lettre alambiquée dans laquelle il note que Mélenchon demande une discipline de vote qu’on ne demande pas au PS, quand ils négligent les ordres de leur groupe . C’est ce qu’on appelle un sophisme, cad un discours qui  a l’air bien alors qu’il s’en tient à la forme et non au fond. Car, quand la question est « condamner le budget antisocial du PS », on n’en est pas à légiférer sur le général mais sur l’urgence du particulier.

Marie-George met une autre estocade à son parti quand elle dit, commentant les résultats de Brignoles :

« Voila le résultat de dix ans de droite chassant sur les terres de l’extrême droite et d'une gauche au pouvoir qui suit, à peu de choses près les mêmes sillons que la droite aux plans économique et social.
Voila aussi l'urgence d'une alternative claire à gauche, face au danger, l'heure est moins à l'appel au front républicain sans contenu qu'a une mobilisation sans précédent sur les contenus d'une politique de gauche redonnant sens et efficacité à la politique dans la vie quotidienne de nos compatriotes.
Voila, pour moi, c'était cela la raison d’être du Front de gauche, qu'est il devenu? »

Oui, qu’est-il devenu…Belle lucidité Marie-George, merci et bravo.

Je  dirai, en conclusion, que le corps de FDG , ce héros qui est appelé à mener de grandes batailles dont dépend notre survie, a un grave ulcère à la jambe.

Que cet ulcère s’appelle « vieille politique,  intérêts personnels, jalousies,  jeux de rôle, fric, affaires. »

Que si cet ulcère n’est pas soigné, si Mélenchon ne crée pas sur les ruines de cette coalition FDG qui est une force faible, un parti FDG au-dessus de tous soupçons, la France est offerte au FN.

IL faut un discours clair anti-PS,  anti-austérité, anti-union Européenne.

Car bien des Français qui ne sont pas xénophobes, qui sont ulcérés par le PS et qui veulent sortir de cette Union Européenne qui devient folle,  attendent un parti qui pourrait les représenter.

Mais ne soyons pas dupes, il faudra du temps pour gommer les désastres causés, cette année, par des rivalités mesquines, des alliances inacceptables, quand tout un pays se noie.

Les Européennes, si les municipales ne les ont pas plombées, seront peut-être le moment de commencer la vraie bataille : Mélenchon vs le Pen.

Tout le reste est mort.    

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