Là où Marine Le Pen dit : « Il faut sortir de l’ Europe » (ce qui serait étonnant vu qu’elle est une pouliche du libéralisme, mais bon, prenons le message tel qu’il est délivré, genre « Travailler plus pour gagner plus »), Jean-Luc Mélenchon affirme :« Il faut refonder l’Europe. »
Ma première remarque sera de dire que ce n’est pas avec ce vocabulaire élaboré, aussi flou que les brumes de Bruxelles, que Mélenchon et le FDG capteront un gros électorat qui attend le cœur battant que le FDG dise : « Nous allons briser les chaînes que l’UE a mis en place illégalement et qui font de nous des esclaves. »
Car un vaste électorat, qui n’est pas xénophobe, veut sortir de l’UE. Il attend le parti qui lui tendra ce langage et qui, anti-libéral en paroles, ne s’alliera pas avec les pires des libéraux, nos ennemis les socialistes.
Tant que ces deux conditions ne seront pas réglées, la machine n’avancera pas.
Mélenchon, n’en doutons pas, en est persuadé et y travaille tous les jours malgré des alliés en rut qui, à l’approche des municipales, bandent comme des ours à l’approche du miel, « Grrrrrrrr !!! », (Ah ! L’animalité de « l’Humain d’abord !)
De ce bord, pragmatique et sibyllin, « ne fâchons personne », est Delapierre qui déclarait récemment :
« Nous voulons faire de ces élections l’occasion du rassemblement le plus large possible pour l’Humain d’abord. Partout nous accueillerons les socialistes de gauche prêts à résister à l’austérité, partout nous voulons agir avec les écologistes. Partout nous en appelons à l’implication citoyenne dans l’ambition de construire un Front du Peuple."
Qu'est-ce que ça veut dire exactement " les socialistes de gauche prêts à résister à l'austérité"? On connaît beaucoup de maires qui sont prêts à s'abandonner à l'austérité? Ce serait trop difficile de dire "qui dénonceront la politique destructrice de Hollande?" Ce serait trop pour ces beaux messieurs socialistes?
Ainsi ceci est une version très édulcorée de ce que dit et redit Mélenchon :
Le Front de Gauche est handicapé. Plombé. Nous souffrons de la confusion entretenue par l’idée que le Front de Gauche aurait un système d’alliance à géométrie variable. Et que certains de ses membres pourraient très bien faire campagne pour les listes du Parti solférinien. Tant que courra l’idée qu’on puisse manifester contre le ministre la semaine et voter pour le même ministre le dimanche, rien ne pourra être clair ni sincère."
Mais peut-être que Mélenchon et Delapierre ne sont pas dans le même parti ?
Ainsi chacun trouve de quoi se nourrir au FDG, ceux qui veulent des postes et ceux qui veulent une coalition d’avenir. Ceux qui veulent un langage clair attendront encore un peu.
Cette introduction passée, voyons ce que Mélenchon a déclaré hier dans le cadre de cette carte blanche dont le sujet était :
Europe : souveraineté populaire, indépendance, le nouvel état de la question »
L’actualité a tout d’abord nourri ses premières salves.
Il a commencé par mettre les pendules à l’heure en ce qui concerne la Syrie. A tenter de dissiper, on connaît la difficulté de la tâche, l’enfumage de la presse propagandiste dont « Le Monde « est un des plus beaux fleurons. Il rappelle que c’est en 93 qu’un traité avait été signé concernant non seulement la non utilisation des armes chimiques, mais aussi leur non production et leur non-stockage. Traité jamais appliqué. Les EU ayant demandé un peu plus de temps. Il est vrai qu’ils ont des stocks tellement importants qu’on comprend qu’ils y aillent mollo…
Il rappelle également que l’indignation des EU au sujet de l’utilisation des armes chimiques vient portant d’un maître en la matière, puisque les Eu ont arrosé le Viêt-Nam d’agent orange qui fait encore naître des enfants difformes.
La différence entre Mitterrand et Mélenchon c’est que Mitterrand avait laissé en confidence la phrase désormais célèbre :
« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui. Une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans morts...Apparemment. Oui, ils sont très durs, les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde…Ils mènent une guerre à mort. »
…Alors que Mélenchon clame cette réalité passionnément. Ce qui est un progrès dans notre pays de petits texans boutiquiers. Il prend, ce faisant, tous les risques, on sait que la CIA ne badine pas avec ses adversaires. Pour ce courage immense qui n’est jamais assez souligné, chapeau.
Parler du problème des armes chimiques en Syrie, c’est donc dénoncer l’Empire et son caniche Hollande. « Le meilleur caniche des US. »
C’est aussi dénoncer l’hypocrisie internationale qui omet de dire que l’Egypte n’a jamais signé ce traité et qu’Israël, qui l’a signé, ne l’a pas ratifié.
Mélenchon demande donc que la Syrie mais aussi l’Egypte et Israël détruisent leurs stocks !!!
Prononcer le nom d’Israël en donnant des ordres, on imagine ce que cela peut coûter dans notre république où DSK et Valls, raison de leur réussite, affirmaient que la pensée de la défense d’Israël le éveillait tous les matins…
Bref, crime de lèse-majesté, et à nouveau coup de boutoir contre ce gouvernement Hollandais qui étant le caniche d’Obama est aussi le chihuahua de Netanyahu.
Mais ne soyons pas dupes. Lorsque les Nations unies ont décidé d’octroyer la Palestine au malheureux peuple juif martyrisé, ils les ont placés là pour être la tête de pont de l’Occident, une base avancée face au monde arabe, sachant que cette décision torturerait éternellement et arabes et juifs, simples humains qui sont de peu de prix face à des stratégies impériales. On comprend mieux alors que la paix ne sera jamais en Israël, qui doit être la terre de la guerre. C’est sa mission. L’holocauste n’avait pas suffi pour martyriser les pauvres Juifs, on leur offrait, après avoir été les victimes d’horreurs insoutenables, d’être les bourreaux. Terrible.
Les Etats-Unis d’Amérique qui devraient être appelés les « Multinationales Unies de l’Oligarchie » ont aussi, ce qui est bien plus dangereux, fait remarquer à juste titre Mélenchon, des armes bactériologiques. Et de rappeler le fameux anthrax qui avait terrorisé les foules après le 11 septembre, et qui sortait des laboratoires US. ( Là, un bel « inside job » !)
Ceci étant posé en introduction Mélenchon enchaîne, dans un de ces élans dont il a le secret sur cette terrible réalité « Où est en nous le goût du futur ? » Le seul objectif que l’on nous propose est la dette. On interdit à la jeunesse de rêver, de créer, de travailler. C’est elle qui va payer le plus lourd tribut.
Mais, dirais-je, que n’est-elle dans la rue ! Il ne devrait pas y avoir un jeune ailleurs que dans les rues à hurler leur colère. Ils descendent d’hommes et de femmes qui l’ont fait pour imposer la loi aux puissants. Comme le disait un ex-Arcelor Mittal avant que Mélenchon n’intervienne : « Vous croyez que les congés pays, le médecin remboursé, c’est tombé tout seul ? »
Le grand problème de la jeunesse, c’est qu’elle a été élevée par des parents qui ont souffert de l’autorité de leurs parents et n’ont donc eu aucune autorité. Voilà pourquoi le plus grand nombre n’a pas le sens de la révolte. On leur a cédé en tout. Et maintenant, gavés de télé, de smartphones et de pop-corn il leur faudra un certain temps pour entrer dans la guerre invisible qui les saigne.
Pendant ce temps Mélenchon, face à une salle comble au sujet de laquelle il a dit « taquin » qu’il comprenait cette foule était soit si serrée, vu la pluie, mais que de tendresse, d’attente entre lui et elle, rappelle que le problème n’est pas le coût du travail mais les folies du capital et du boursicotage. Tous les jours 5400 milliards d’euros s’échangent qui ne correspondent à rien !
Et L’Europe ?
Tout ceci, c’était déjà parler de l’Europe puisqu’elle est, par l’Otan, le simple complément militaire des US, abaissement qui coûte très cher à nos finances.
(Je fais ici une petite parenthèse. Sur trois petits détails car je suis observatrice. J’ai noté par exemple que Mélenchon commence par compter sur ses doigts par le petit doigt alors que tout le monde commence par le pouce et qu’il dit « l’Otane » et non « l’Otan » et les « Nor-d-américains » et non les « Noraméricinas » Et hier, pour la première fois, il l’a dit comme tout le monde. Non. Pas ça… Qu’il garde ses « nor-d-américains » !!)
Mais venons-en à l’essentiel.
J’ai déjà remarqué que les discours de Mélenchon sont comme de grands vols d’oiseaux qui tracent cercles sur cercles avant de fondre sur le sujet qui est sa proie essentielle.
C’est ainsi qu’il avait atterri brusquement, au moment où l’on n’y croyait plus, sur le dos de Pierre Laurent aux Estivales de Grenoble. (Avec qui il est maintenant réconcilié sinon, le PC lui défaisait son stand dans la nuit. Lol.)
A La fête de l’Humanité, il fond sur cette Europe qui nous tue et que nous devons « refonder ».
Le premier point, brillamment exposé, est de réhabiliter le terme de Nation.
On sait que Blondie en a fait sa marque de fabrique et que parler de nation, de l’amour de la patrie, c’est presque un gros mot. Mais on ne peut pas prendre systématiquement le contre-pied de tout ce qu’elle dit car, comme elle dit tout et son contraire, on ne s’en sort pas. Comme Mélenchon le faisait remarquer, ce n’est pas parce qu’elle est contre la guerre en Syrie qu’on va être pour. De la même manière, ceci étant un envoi aux FDG qui vous traitent de brun-rouge antisémite si vous exprimez des doutes sur le 11 septembre, ce n’est pas parce que Soral émet, lui aussi, des doutes à ce sujet, que la VO est prouvée pour les antifas. Un peu d’intelligence ne nuit jamais.
Mélenchon produit alors un de ses plus beaux moments.
« N’ayez pas peur de l’idée de Nation. Je ne suis pas un nationaliste. Je suis un patriote. A Valmy, c’est ce mot « Nation » qui courait les collines. »
C’est cette Nation Française qui vit en nous, par notre langue mais plus encore par notre esprit, notre culture, notre histoire , notre goût pour l’universel, qui sera à la racine de la révolution contre l’Empire ennemi. Ce peuple espion et criminel qui, il y a 40 ans, on le sait maintenant, avec l’aide de la CIA a abattu Allende. ( On attend le jour où on saura enfin que le 11 septembre, les mêmes forces ont été mises à l’oeuvre.)
Tel est le devoir de la France. Soyons en fiers. Portons-le.
Là, Mélenchon prend le contre-pied de tous ceux qui ne jurent que par l’union des peuples indifférenciés. Mais, admettons que ces peuples arrivent à un salaire égal, admettons, qu’en est-il de ces vies déracinées de leur histoire ? Le « Nouvel ordre mondial » , le gouvernement des plus forts qui en veut ? N’est-ce pas un petit village gaulois qui résiste aux Romains ? Nous ne sommes vraiment nous que dans la finesse de notre langue. Le globish nous prive de notre richesse. Les grandes valeurs de notre histoire, « liberté , égalité ,fraternité », voilà ce que nous voulons porter en nous pour les autres.
Et ceci n’est pas l’apanage du FN. Et ce d’autant plus que le Fn appartient au libéralisme destructeur de l’Etat et de la Nation.
Ce mot Nation est important car il entraîne la notion de Nation souveraine et indépendante .
L’indépendance d’un pays passe évidemment par une armée et ce message s’adresse aux pacifistes qui voudraient oublier qu’une défense nationale est indispensable surtout quand on veut se détacher de l’Empire.
On ne peut cependant que souligner une contradiction dans la position de Mélenchon.
Il dénonce d’un côté la folie de l’Europe , l’Europe du grand marché transatantique, des contrats au-dessus de la loi, des métropoles libérales et d’un autre côté il veut s’adresser à sa raison. Une fois au pouvoir, rencontrer Merkel (mais pourquoi rencontrer une employée de banque qui ne dirige rien ?) et lui dire ce qu’il convient de faire.
La réponse on la connaît avant même de l’avoir posée. Ce sera « niet ».
Il faudra donc bien sortir de cette Union Européenne.
« Refonder l’Europe » passe par la dénonciation de l’illégitimité de toute la masse de lois qui ont été votées, parfois une centaine par jour, par un parlement qui n’a aucun pouvoir sinon d’être une chambre d’enregistrement.
« Sortir de l’union européenne, » phrase maudite puisqu’elle a été adoptée par Le Pen est pourtant une réalité. Le premier pas. Le premier acte.
Car avant de refondre l’épée de notre juste combat, il faut l’arracher de nos corps où il créée tous les jours une plaie purulente et mortelle.
Oui, La nation.
Oui, notre souveraineté.
Oui, notre indépendance.
Oui, le refus d’une union européenne dont l’étape la plus assassine sera le Grand marché transatlantique, fin de notre démocratie déjà bien mal en point.
Oui à l‘affirmation de l’universalité de notre Patrie mais aussi à la puissance de son histoire et de ses racines.
Les nations sont les perles du collier Humanité.
J’observe assez Mélenchon pour le voir pris entre une honnêteté et un courage hors-pair mais des difficultés liées à une situation qui le force à louvoyer. A avancer prudemment encerclé d’alliés qui veulent profiter de son talent pour mener une politique qui n’est pas la sienne.
Il joue en ce moment une partie essentielle pour se retrouver, incontesté, à la tête de la coalition du FDG.
Ce sont les militants qui refuseront de participer à une alliance avec le PS, dans la mesure où le PS ne dénoncera pas clairement la politique de Hollande, qui lui donneront ce pouvoir.
Il pourra ensuite s’engager dans une campagne européenne où il faudra aller encore plus loin.
Car là, il ne sera plus question d’alliance avec un socialisme qui est le fossoyeur de nos libertés et l’ami du libéralisme européen.
Une dernière remarque. Hier Raquel Garrido, belle oratrice, dénonçait les ruses des tribunaux d’arbitrage . Partout, une rage, une colère conte ce libéralisme et ce gouvernement socialiste… Et sous une autre tente Hidalgo, invitée du PC pour faire sa campagne…. Etouffant d’incohérence.
Unité, oui, mais pas pour se retrouver sur la barque avec le Tigre de PI !