Au moment d'écrire pour parler de mon pauvre pays, embourbé dans une Europe qui le tue, deux nouvelles sonnent pour moi le mouvement mondial de la révolte des peuples.
D'une part, aux Etats-unis, un millions de camions et de manifestants convergent vers Washington pour que soit restituée la constitution du pays. C'est une nouvelle qui porte l'estampille "People VS Government». Je me souviens de cette remarque d'un Américain disant que si Obama entrait en guerre en Syrie, le peuple demanderait sa destitution. Il n'y a plus de maître aux Etats-Unis . 800 000 fonctionnaires sont au chômage technique et la faillite ne sera évitée que grâce à d'absurde jeux d'écriture. Voilà ce que devient la dite premiére puissance du monde, à l'agonie dans ses puits de schistes éventrés par de violentes inondations. Autre nouvelle sur le volcan, en Chine, les ouvriers s'organisent et commencent, grâce à internet, à développer une conscience ouvrière qui crée une force syndicale.
Nous sommes dans le temps des changements. Ils seront puissants. Il faut y participer, les encourager, ne pas les craindre.
En France , vieillotte province, où la politique veut exister en termes d'antan, les partis traditionnels vérolés par des années de destruction de la richesse nationale, se réveillent sous la menace du Front National. Cette menace, ils l'ont entretenue comme un jardinier ses salades, la faisant grimper en lui offrant dans leurs médias les tribunes les plus fleuries. Je me souviens encore ,lors de la campagne d' Henin-Beaumont, d'une demi page dans " Le monde" présentant la merveilleuse Marine faisant ses marchés. C'est cette politique, qui ne peut asseoir son autorité sur le droit des peuples, puisqu'elle ne sait que les dépouiller, qui a fait naître au coeur de la blessure gangrénée de la pauvreté, un parti de la révolte.
Ne perdez pas vitre temps à accuser ce parti de fascisme, vous ne lui ferez pas perdre une voix.Par contre, entendre Assouline ou Copé à la télé, voilà qui lui en offrira, à chaque prise de parole, des centaines et des milliers d'autres.
Face à cette éclosion programmée, la gauche, la vraie, aura un mal de chien à se faire entendre.
D'une part parce qu'elle est salie par le PS et à présent le PC de Laurent qui prétendent représenter le peuple tout en s'alliant au libéralisme le plus dérégulé . D'autre part, parce qu'elle a peu la parole. Elle est la seule antisystème voilà pourquoi il faut l'étouffer.
La véritable gauche porte un nom : c'est le Front de Gauche.
Une armée bien mal en point car construite sur des contradictions , avec/contre, que l'évolution du PS a rendu inconciliables.
Le Front de gauche pouvait végéter, par temps mornes. Mais sous la tempête , déchiré par un PC qui ne veut pas sortir du PS, il ne pouvait rien entreprendre de fort.
Jusqu'à ce jour où Pierre Laurent eut la brillante idée de passer à l'ennemi. Il faut lui édifier une statue au nom du peuple de gauche reconnaissant, car il a clarifié la situation d'une manière inespérée. Son parti, qu'il traîne par les cheveux jusque dans les salons d'un libéralisme qui le nie, s'en accommodera-t-il? Rien n'est moins sûr. Il faudra certainement que M. Laurent rende des comptes à un parti communiste qui ,après avoir défendu le chef, se rend compte qu'il défend l'indéfendable . Et que pour suivre cette trahison il faudrait quitter le FDG.
Le FDG va-t-il s'en sortir?
Disons que dans un premier temps, on ne peut qu'être frappé par le caractère vieillot de cette "coalition" , mot prétentieux qui donne à voir d'irrépressibles armées quand on n'était que dans la caserne du libéralisme.
D'un côté le PC, qui en est le grand parti, on est bien monté, puisqu'il est productiviste, européiste, pronucléaire, soumis aux décisions de l'Otan, mais ardent sur le front des luttes sociales alors qu'il marche avec un parti qui les provoque! Ce sont les vases communicants.
D'un autre le PG, jeune parti qui veut donner le la à la coalition, mais a bien du mal, étouffé par le poids du PS/PC .
Autre handicap, la manie d'un certain nombre de négliger la perle rare de leur assemblée qui s'appelle Mélenchon. Pas un jour sans qu'on ne rappelle le fameux " ni Dieu, ni maître" , ou que certains conseillent de donner la parole aux uns ou aux autres. Je dois avouer que le FN est plus intelligent que le FDG , sur ce point-là, car je n'ai jamais entendu personne de ce parti que l’on dit dégénéré , dire " ni dieu, ni maître", en demandant que Le Pen soit remplacé par d'autres orateurs.
Et pourtant , je ne vois dans la situation actuelle que des raisons de nous réjouir.
Parce que les faux semblants viennent de tomber. Parce que la grande majorité du PC a le ventre tordu à l'idée de quitter le FDG.Cela me fait penser à ces couples qui se séparent et qui, ayant senti ce qu'ils perdaient, reviennent en courant se jeter dans les bras l'un de l'autre. Parce que le PG reprend son rôle d'éclaireur, donnant un superbe programme en quatorze points pour ces municipales.
Parce que.. Parce que.. C'est nous ou rien. Parce que nous devons être dignes de cette alternative. Parce que nous devons comprendre que nous allons ramer un moment, ayant perdu un an après les présidentielles à sombrer dans l'inconsistant, parce que les pires attaques nous serons réservées , nous les seuls véritables antisystème.
Parce que, parce que ... Mélenchon.
Sa sensibilité , son humanité sont exceptionnelles . Qui , comme lui , évoquant les misérables, a ce don de nous faire frissonner, pleurer dans l'évidence, tout à coup, de nos peines qu'il sublime?
Qui a son courage, décoré de la médaille rare du " j'ai quitté le PS , j'ai quitté le parti du pouvoir»?
Qui a son sens de la formule, son sens de l'Histoire que nous vivons?
Oui, la véritable gauche a une chance de tomber sur cet homme là, en cette période là.
Nous sommes au pied de la montagne qui s'appelle courage. Nous sommes engagés dans une responsabilité immense pour nos enfants, notre pays, la terre entière, comme il le dit, dépassant le particulier pour atteindre à cette universalité qui nous transcende.
Il est l'homme de l'Amour . Elle est la femme de la Haine. Nous vivons sur les terres de la désolation
Nous entrons dans ce combat là. Le Moloch veille.
Courage ! Ce sera nous ou la fin des hommes .
He oui, parfois les légendes sont nos vies. Ecrivons-les pour qu'on se souvienne de nous.