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Billet de blog 27 août 2013

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Ariane Walter: Le Front de Gauche nouveau est arrivé.

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 La vérité est un silex qui ouvre la plaie pour guérir le malade.

« Le Front  de gauche n’a pas vocation à fournir du cash électoral à l’une de ses composantes. » 

C’est par cette phrase cinglante que Jean-Luc Mélenchon a mis fin à sa situation de mercenaire du PC et par ricochet du PS.

Il était en effet une fois un parti qui, pour améliorer ses résultats, avait décidé d’engager  un mercenaire pour les élections présidentielles. Super affaire car celui qui fut choisi, Jean-Luc Mélenchon, tribun exceptionnel, co-président du parti de Gauche, les sortit de leur décadence  et leur donna un coup de frais.

Mais les présidentielles terminées, non sans frissons glacés, car le bougre manifestait une hargne anti-PS qui allait quand même à l’encontre des vœux  de ses patrons, il fallait comme le dit si bien Frédéric de Prusse au sujet de Voltaire « Jeter l’écorce  après avoir pressé le citron . »

Mélenchon après les présidentielles, n’était plus un atout. Il était une gêne. On se débrouilla,  en tout cas pour éviter de l’avoir à l’assemblée.

Mais il avait ses supporters, ses groupies, les medias ne voulaient que de lui, alors il fallait quand même le garder, non sans le blesser ou l’humilier car rien de tel que de frapper un chef pour démotiver ses troupes.

Puis vint le temps d’agir. Car les affaires sont les affaires.

La direction du  PC  savait qu’à l’approche des municipales, il faudrait quand même le faire taire d’une façon ou d’une autre car ses attaques contre le PS risquaient de faire perdre des voix.  Il avait été utile, très utile. Hollande lui devait son élection. Mais toutes les belles histoires ont une fin. Et la fin approchait.

(A ceux qui trouvent tout ceci cruel je leur conseille de lire Shakespeare pour savoir que chez Macbeth, on ne plaisante pas. Certes Pierre Laurent avait vécu des moments intenses avec Jean-Luc Mélenchon, certes ils avaient été au sommet de l’émotion à la Bastille, mais il y a toujours un moment où les réalités  commerçantes se présentent.  )

Le PC est aussi une grosse boîte qui doit faire des sous si elle veut rester influente. Elle a ses comptables qui n’ont pas d’état d’âme. Or, si le Pc voulait enfin profiter de la brillante campagne de Mélenchon pour gagner plus, il devait s’allier, dès les premiers tours des municipales, avec le PS.

L’aberration saute  aux yeux. Une alliance du PC, le parti qui a fondé  le code du travail, avec le PS au moment même où il l’abolit !!

Il faut être gonflé pour que cette idée devienne acceptable, qu’on nous en parle comme d’un inévitable avatar de la vie politique ! Ceci est en tout cas  révélateur de cette mentalité américaine que le public a bien digérée où, pour réussir, tout est bon, même le  pire. Il faut faire du fric et les moyens peu importent. La morale ? Hein ? L’honneur ? Kesaco ?

 Ainsi un parti politique est une multinationale avec des actionnaires qui veulent leur blé.

Pierre Laurent a donc été reçu par François Hollande et il en est sorti en lançant des piques à Mélenchon, ce qui n’était pas la première fois, mais surtout en ayant conclu un accord avec les Solfériniens. Les alliances avec le PS commenceraient dès le premier tour.  Laurent le reconnut dans une interview accordée à Libération.  Dans la plus grande tranquillité d’esprit : il allait demander au conseil de Paris un certain nombre de postes de conseillers, plus qu’avant, puisque son parti avait progressé ! (Pas gonflé !!)

Il  faut être peu réfléchi ou gribouilleur propagandiste pour s’imaginer que la source du différend gravissime qu’il y a eu, qu’il y a,  entre Mélenchon et Laurent  est une simple phrase.  Soudain   est apparue  une vérité insupportable, intolérable plus encore à Mélenchon qui en était la première victime : cette alliance, le FDG, était une escroquerie qui voulait à la fois dénoncer les dérives assassines du libéralisme tout en étant un des pourvoyeurs de voix de ces mêmes criminels.

L’immense courage de Mélenchon, à ce moment-là, personne n’en parle. Il a dit « Non » à une situation qui le torturait et qui torturait ceux qui levaient le poing criant « Résistance » alors qu’ils savaient  qu’ils allaient toujours finir par voter pour le Moloch. Ce n’était plus des bulletins qu’on mettait dans les urnes mais ses propres enfants.

Que Martine Billard et Clémentine Autain aient alors appelé les deux hommes à la raison est, à mes yeux, une faute politique. C’est les mettre sur un même plan. Comme s’il s’agissait d’une chamaillerie de gamins dans une cour d’école. Alors que se décidait à ce moment-là, cette inévitable rupture entre ceux qui se soumettent au capital et ceux qui entrent en lutte avec lui. Que l’appareil du PC appartienne à la première catégorie, il y a de quoi s’arracher les cheveux. Mais c’est un fait.

Quel est l’avenir de ce nouveau Front de Gauche qui a renvoyé Pierre Laurent à ses chères études Elyséennes et surtout au  jugement critique de ses militants ? Car ne nous trompons pas. Une grande majorité des militants communistes a  trop la fierté de son  parti  pour vouloir ainsi le compromettre.

Quel est donc son avenir ?

-D’être un parti dans lequel on n’aura plus honte de finir un billet PS à la main.

-D’être un parti dans lequel on n’aura  plus le ventre tordu parce que les dirigeants  du PC critiquent sans vergogne le porte-parole  de leur alliance.

-De prendre la tête de la coalition qui, en France, lors des municipales même va se lever contre le PS, L’UMP, le FN qui sont des clones.

Il ne peut plus avoir en France et en Europe que deux partis : ceux qui sont contre l’Union Européenne, l’alliance avec l’OTAN qui nous mène à la guerre, notre nation devenue un simple drugstore des Etats-Unis. Ceux qui sont « pour » . Qu’ils le disent. On les évitera.

-D’être le parti du « bien vivre ».  D’un renouveau des rapports humains et de la planète.  

Qui le suivra ?

Tous ceux qui le verront adopter  une ligne nette qui retrouvera l’enthousiasme de la campagne présidentielle. Le PS doit se scinder et rejoindre soit le FDG , soit le centre. Le PC productiviste, à l’image de Robert Hue, doit aussi rejoindre le PS et ne plus déconsidérer le Front de gauche.

Cette bataille commencera pour les municipales .  

On dit que les municipales sont des élections locales qui n’ont rien à voir avec des élections nationales. Quelle erreur. Les temps ont changé. Nous vivons un moment d’une importance terrible. La France roupille ou est rongée de pauvreté . C ’est l’occasion de lui dire vers quel monde elle se dirige.

Là encore ne soyons pas étonnés d’entendre les PS dire que c’est seulement une élection locale. Ils ne veulent surtout pas que l’on parle des décisions générales qui vont faire sombrer les communes dans la misère.

Quelqu’un me disait : «  Si je veux moi, PC, m’allier avec un PS qui est d’accord avec moi pour une régie publique de l’eau, pourquoi ne le ferais-je pas ? »

 Quelle misère ! Et ces gens là sont des politiques qui nous dirigent !!!

Ils ne savent même pas que l’Europe veut imposer les régies privées ? Qu’aucune décision prise dans les conseils municipaux ne sera retenue si elle n’a pas l’aval de Bruxelles ? Que les métropoles utiliseront à leur goût toutes les collines de France sur lesquelles pourront s’installer toutes les multinationales de la terre ? Qu’ils feront saigner notre terre de tout son gaz de schiste sans que nous n’ayons rien à dire ? Que la moindre compagnie pourra intenter un procès à notre pays si une de ses lois ne lui convient pas ?

On va attendre quand pour porter ce message à la France ?

Le « Non »  de Mélenchon a ouvert une nouvelle ère. Celle où tout à coup la défection de Front de Gauche passe pour ce qu’elle est : une sacrée tuile entraînant  la défaite des fauxcialistes .

Cela est apparu si nettement au gouvernement, qu’informé de la position intraitable de Mélenchon,  de la bronca des réseaux sociaux, des protestations des militants communistes qui ne veulent pas manger de ce pain ‘là, il annonçait, ce matin, ne pas envisager de changement pour les retraites avant 2020. (En gros…pour le détail, méfions-nous.)

Il est évident que ceci nous conforte dans cette puissance qui est la nôtre dès maintenant et qui ne cessera de grandir quand ce que nous serons ne souffrira d’aucune compromission.

Comment voulez-vous que les PS viennent avec nous si nos mic-mac sont égaux aux leurs ! Croyez-vous qu’ils veuillent passer sous domination de communistes non communistes?  Pour finir par voter socialiste après les avoir quittés ? Mais on marche sur la tête, là !

Certes, dans l’avenir, il faut être prudent. Toutes les magouilles auront cours. On en verra qui, hier, signaient avec les lobbys et qui soudain, dans leurs discours, les vomiront.  

On verra le PS et la direction du PC s’adoucir car ils ont absolument besoin des voix du Front de gauche pour passer. Ils laisseront peut-être faire pour le premier tour, sachant qu’au second ils vont faire donner leur éternel atout la cavalerie du Front républicain contre le FN !

Mais je crains qu’ils ne soient déçus.

Le nouveau Front  de gauche ne votera pour aucun parti de droite et le PS en fait partie. Plus encore. Quand Mélenchon dit que Valls est l’extrême-droite du PS, il emploie une image, mais quand dans le Vaucluse le PS et le FN , d’après une enquête de l’Express , ont poussé l’ignominie jusqu’à avoir favorisé par des accords électoraux l’élection de Marion le Pen, là, il est en plein dedans.

« Mais si on ne vote pas pour le PS, la droite va passer ! » m’a dit une amie avec effroi.

C’est la gauche qui est passée en 2012, élue pour un programme de gauche. Elle a trahi sa parole et ses engagements. Si la droite passe qui sera responsable ? Cette fausse gauche n ’est-elle pas devenue la droite la plus dangereuse, car la plus sournoise, la plus décidée à plaire au capital pour garder un peu plus le pouvoir ?

Le Front de Gauche ne doit pas céder un pouce  s’il veut, bien plus que lors des Européennes, être  l’incontestable leader de la révolte anti-libérale   en 2017.

Il se présentera face à une droite vieillissante, face aux fauxcialistes essorés et face à un Fn dont il doit, calmement, prouver, qu’il appartient  à la même bande, se souciant  certes des ouvriers, mais surtout pour les employer au black. Car cette fameuse immigration qu’ils veulent maîtriser, elle est le fonds de commerce de leurs patrons.

Sarkozy mentait. Hollande a menti. Le Pen ment.

Nous, nous  devons sortir de ce cercle infernal.

Voilà l’horizon du nouveau Front de Gauche .

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