Les élections de représentants sont un outil essentiel de la démocratie, mais pas un outil suffisant, les citoyennes et citoyens le sentent bien, qui sont appelés d’élection en élection à voter utile ou à voter barrage, et qui se sentent ensuite dépossédés du résultat des urnes qui est opposé à leurs aspirations et à leurs revendications.
Non seulement le fonctionnement de la cinquième République est problématique, qui renforce les gagnants bien au-delà de leur représentativité réelle, et pourrait donner très prochainement les clés du pouvoir à l’extrême droite, mais même la démocratie parlementaire. Nous des avons des députés élus sur des programmes qui sont pris au piège de jeux d’alliances et de trahisons, dans des rapports de force qui déforment ou modèlent de manière forcée les divisions de la société.
Comment citoyennes et citoyens pourraient-ils revenir dans le jeu, revenir au cœur de la démocratie ?
Il y a bien sûr les syndicats, les mouvements militants, mais ils se voient opposer la force répressive au nom du verdict des urnes.
C’est une question dont la gauche devrait se saisir. Dont les militantes et militants de gauche devraient se saisir, à défaut des directions des partis.
Pourquoi ne pas travailler sur des outils complémentaires au travail du parlement, comme cela avait été fait avec la convention citoyenne sur le climat. Un outil plus riche qu’un référendum, permettant de s’informer, d’élaborer, de faire des propositions qui seraient ensuite soumises au parlement.
On pourrait imaginer une grande convention sur la fiscalité, une autre sur l’école ou l’hôpital public, etc.
Le combat des candidates et candidats aux élections changerait de nature : il ne s’agirait plus de promettre telle ou telle mesure, mais de s’engager à se battre pour tel ou tel sujet de convention citoyenne.
On pourrait même imaginer un mécanisme permettant aux citoyennes et citoyens de constituer leurs propres conventions et d’en soumettre les propositions au parlement.
La prise du pouvoir par la gauche, cela ne peut pas signifier seulement avoir un président, un premier ministre, une majorité. C’est rendre le pouvoir au peuple, avec des règles pensées pour que son jugement soit éclairé et ne soit pas confisqué par des démagogues et des carriéristes.