Les télés, les radios les aiment, les mâles alpha, elles en aiment certains plus que d’autres, qu’elles invitent plus souvent qu’à leur tour pour se rassurer, pour recouvrir ou refaire le réel si celui-ci leur fait peur. Elles en ont même ressorti quelques anciens des placards. Encouragés à répondre à la question « pourriez-vous être le Premier ministre ? » par des présentateurs ou présentatrices incapables de penser et de présenter quoi que ce soit d’autre que la répétition de schémas convenus – « il nous faut un chef, hein, sinon on n’y comprendra rien, alors qui ? » -, voici que ces mâles alpha répondent prudemment, ils ne s’imposent pas tout en laissant entendre qu’ils ne refuseraient pas qu’on les choisisse, voire proposent un autre nom que le leur, un autre nom qui permettrait de disqualifier les rivaux. Gageons que certains ont pensé, pensent déjà au coup d’après : les présidentielles, et à jouer peut-être cette carte plutôt que celle de premier ministre maintenant.
Aucun de ces mâles alpha n’a répondu que la bonne question en cas de majorité pour le Nouveau Front Populaire ce ne sera pas qui sera le Premier ministre, mais la constitution d’un gouvernement avec … plusieurs ministres reflétant non seulement les différentes formations de gauche, et surtout un programme à défendre. Aucun n’a répondu que la bonne question ce sera la relation de ce gouvernement avec le parlement ou avec les partenaires sociaux.
On leur dit quand, on leur dit comment à ces mâles alpha que ça suffit ? Ils sont toxiques ; ils menacent la démocratie au sein de l’union, ils menacent l’union elle-même et son programme écologique et social.
Qui peut croire que l’union des gauches pourra se faire de façon solide et efficace autour d’une figure de chef ? L’urgence serait plutôt de penser à la manière de travailler ensemble sur le long terme, ce qui passe par une réforme des institutions et le passage à une sixième république qui nous libérerait enfin de ces faux choix qu’ont été depuis des décennies les « votes utiles » et « votes barrage ».
Les appels au « vote utile » puis au « vote barrage » ont fait devoir aux citoyennes et citoyens de renoncer à ce qu’ils ou elles aimeraient positivement défendre, puis à accepter des politiques qui ont renforcé les inégalités, la violence sociale, dégradé les services publics, les solidarités, abimé la démocratie. Comment continuer à voter encore ?
C’est peut-être la dernière fois que le devoir du vote barrage peut être mobilisé, et il ne peut l’être qu’à la condition de ne pas être seulement un vote barrage mais de porter un projet politique de rupture avec l’extrême libéralisme. Ceux qui voudraient l’utiliser pour avoir le poste, n’importe lequel, celui de maintenant, le suivant, menacent les possibilités que porte le Nouveau Front Populaire, mais ils se font des illusions si ils pensent même gagner juste pour leur pomme.
Je ne les nomme pas, je ne voudrais pas sembler taper sur l'une des forces de cette union plutôt que sur l'autre. Je ne les ai certainement pas tous repérés, tant il m'est difficile d'écouter encore les "bulletins d'information". Je vous laisse les reconnaître.