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Billet de blog 19 juin 2016

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Interdire les manifestations : l'hypocrisie du gouvernement

L'idée d'interdire les prochains rassemblements contre la loi travail est distillée dans la plupart des médias, à grands renforts d'éléments de langage. Dans ce contexte, il n'est pas inintéressant de relire les interviews des CRS publiées ces derniers mois, qui mettent en avant l'hypocrisie du gouvernement quant à la gestion des fameux "casseurs".

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Cela fait depuis la manif du 14 juin, que l'idée d'interdire les prochains rassemblements est distillée dans la plupart des médias, à grands renforts d'éléments de langage. Appels aux syndicats à prendre leurs responsabilités, impératifs de devoir garantir la sécurité face aux "casseurs", alors que l'idée fait son chemin, il n'est pas inutile de relire les interviews de représentants de CRS donnés ces derniers mois, et qui mettent clairement en évidence l'hypocrisie du gouvernement dans la gestion des manifestations anti loi travail.

L'élément frappant qui est répété aussi bien par Alexandre Langlois (secrétaire général CGT Police), que par Jean-Claude Delage du syndicat Alliance ou par ce CRS anonyme qui a donné une interview au JDD : la consigne est de laisser passer les casseurs. Ne pas agir en amont alors que les groupes sont clairement identifiés :

- "D’autant que certaines bandes pourraient être interpellées bien avant. Comme pendant la manifestation du 9 avril. Ce jour-là, son équipe est en faction à proximité de la place de la République, où un cortège de manifestants doit prendre le départ vers la place de la Nation. Vers 13h30, il reçoit un appel. Un groupe cagoulé s’apprête à prendre la tête du cortège. "On les connaît bien, ce sont des ultras connus des services de renseignement", précise le CRS. Encore maintenant, il enrage de la gestion des événements : "On avait un signalement précis. On s’est dit qu’on n’allait pas les laisser passer… On n’a jamais reçu l’ordre”, rapporte-t-il. "Au lieu de ça, on les a laissés progresser tranquillement." - Extrait du JDD le 11 mai 2016 - http://www.lejdd.fr/Societe/Un-CRS-temoigne-J-ai-l-impression-d-etre-devenu-un-pion-politique-784991.

- "Lorsque vous voyez des casseurs détruire les vitrines, saccager des panneaux publicitaires, se servir des tubes néons à l’intérieur pour attaquer les forces de l’ordre et que des policiers mobilisés sont en face d’eux et qu’ils doivent attendre une heure en face d’eux pour intervenir (…) on se demande bien pourquoi.​" - Interview de Jean-Claude Delage du Syndicat Alliance le 5 mai 2016 - http://www.bfmtv.com/societe/un-syndicat-de-policiers-denonce-les-consignes-recues-pendant-les-manifs-972088.html

- "C’est important de rappeler que, dans les manifestations, tous les collègues sur le terrain n’interviennent que sur ordre. Si certaines, comme le 1er Mai, se terminent en « souricière » place de la Nation, c’est que l’ordre en a été donné. Le message qui est passé, c’est « casseurs venez, vous pourrez agir en toute impunité, et manifestants ne venez plus avec vos enfants, car c’est dangereux pour vous ». Et à la fin de la journée, les médias ne parlent que des violences, et surtout plus des raisons pour lesquelles les citoyens manifestent. Le pouvoir politique instrumentalise la police, qui sert de bouc émissaire. Cela permet au gouvernement de faire diversion." - Interview d'Alexandre Langlois, secrétaire général CGT Police le 4 mai 2016 - http://www.humanite.fr/tout-est-mis-en-place-pour-que-ca-degenere-606373

Ces témoignages de CRS, en première ligne des manifestations (contrairement à nos ministres) démontrent bien l'hypocrisie et la tentative grossière de manipulation de la part du gouvernement de M.Valls : faire déraper la situation en connaissance de cause, la pointer du doigt en la qualifiant de hors de contrôle, et pouvoir ainsi interdire en toute légitimité des manifestations, et faire taire la contestation contre un projet décrié par la majorité de la population et passé en force et sans débat auprès des élus de l'Assemblée Nationale avec le 49-3. Les ficelles sont grossières mais efficaces. Ne nous laissons pas faire.

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