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Billet de blog 6 décembre 2021

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COVID19: La politique et la santé

Quand les exigences politiques et les exigences sanitaires divergent énormément.

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Le passe sanitaire résume à lui seul la contradiction dans laquelle s'est enfermé ce gouvernement.

L'objectif ouvertement assumé, c'est de convaincre le maximum de personnes de se faire vacciner. Même et surtout, ceux qui n'ont rien à craindre du virus. La méthode utilisée, ce n'est ni la persuasion, ni le libre choix. C'est une méthode qui se situe entre l'incitation et la contrainte. La carotte et le bâton. Pour le bâton, c'est vite vu. D'abord pour les soignants et les pompiers et quelques autres professions, c'est la mort économique. Si vous ne vous faites pas vaccinés en temps et heure, vous êtes suspendus, sans droit, sans salaire et sans indemnités chômage. La pire violence économique. Et peu importe, si l'hôpital public perd encore des personnels et continue à fermer des lits, ce  n'est pas Macron qui risque de se retrouver sur un brancard dans un couloir d'hôpital aux urgences. 

Pour tous, c'est une petite mort sociale qui rappelle les discriminations imposées par les régimes fascistes aux minorités. Vous êtes exclus de toutes les activités sociales, culturelles, sportives, ludiques. Et même des consultations hospitalières. Pas de transports de longue distance, pas de restaurants, pas d'hôtel, même les terrasses de café vous sont interdites. Mais vous pouvez continuer à consommer dans les centre commerciaux et aller au boulot en métro. L'essentiel est sauf. Il vous reste aussi la possibilité d'aller à la messe pour demander pardon de votre entêtement. 

Tout cela au nom de la guerre au virus.

De l'autre côté, le bon peuple vacciné doit pouvoir reprendre une vie normale. Rien ne lui est refusé. TGV, vols aériens, restaurants, boites de nuit, cinéma, concerts... La grande fête. La justification de cette liberté enfin retrouvée nous est révélée le 12 juillet par le Premier épidémiologistes de France. LES VACCINÉS SONT 12 FOIS MOINS CONTAGIEUX QUE LES NON VACCINÉS.

Les révélations en forme de promesse s'enchainent. LES VACCINS SONT EFFICACES À 95%. Qu'est ce que çà veut dire 95%? Peu importe, ça veut dire qu'ils sont très efficaces. Exponentiellement efficaces, si vous voyez ce que je veux dire. Et lorsque l'expérience prouvera que l'on peut être très vacciné et quand même très malade du covid, on rajoutera un nouveau mensonge 80% DES PATIENTS EN SOINS INTENSIFS À CAUSE DE LA COVID SONT DES NON VACCINÉS. Ah mais, ils ne l'ont pas voler!

Bien sûr, ces statistiques sont grossièrement fausses, mais répétés et rarement dénoncées, leur efficacité illustre une maxime de Goebbels "Lorsqu'un mensonge est répété souvent, il devient vérité". Fidèle à cette maxime, Karine Lacombe vient encore de répéter le dernier mensonge au cours de son audition devant le Sénat, alors que maintenant l'on sait que les personnes vaccinés représentent plus de la moitié des hospitalisés, plus de la moitié des patients en soins critiques et plus de la moitié des décès. La réputation de Karine Lacombe comme médecin de télévision n'est plus à faire, mais disons qu'elle creuse encore. Je sais, vous allez me dire qu'il y a beaucoup plus de vaccinés que de non vaccinés et je ne le conteste pas, mais alors pourquoi mentir?

Eh bien justement. L'objectif du passe sanitaire n'est pas, n'a sans doute jamais été de stopper l'épidémie. En tout cas, il est clair depuis le mois d'Août que ça ne marche pas. Comme le confinement ou les masques en plein air ou comme le Doliprane! L'objectif du passe sanitaire, c'est de diviser la population en deux catégories. Les vaccinés qui reviennent à la vie normale et les non vaccinés dont on pourrit la vie sans vergogne. Et pour que l'opération réussisse, il faut une bonne propagande, bien grossière et surtout unanime. Les vaccinés doivent se sentir libérés de la peur par le miracle de la piqure magique. Les non vaccinés doivent marcher tête basse et tremblant d'effroi devant le virus et le gendarme en prime. C'est au prix de la honte et de l'angoisse des non vaccinés que les vaccinés apprécieront au mieux le cadeau de Monseigneur Macron.

Maintenant, regardons comment ça marche sur le plan sanitaire. Pour les non vaccinés, c'est clair. Soit ils ne craignent pas le virus (la majorité de nos concitoyens soit dit en passant) et n'ont pas de contraintes professionnelles, ils sont privés de cinéma et de quelques autres douceurs. Mais en étant exclu de ces lieux propices à la  contamination, ils ont moins de risque de contacter le virus. Soit, ils sont à risque, par exemple parce qu'ils appartiennent à la génération maudite mais vivace des soixante huitard, et ils vont faire très attention pour éviter la contagion. Alors que la cigale vaccinée va fréquenter tous les clusters potentiels sans se soucier de l'hiver qui vient, la fourmi non vaccinée va soigner son immunité naturelle et éviter les contacts potentiellement contagieux. Et que croyez vous qu'il arriva? Très exactement ce à quoi on assiste. La circulation virale repart en flèche vu que la grande majorité de la population est retournée au mode de vie qui convient si bien au virus.

Vous connaissez certainement des cas qui illustre l'absurdité d'un passe imposé par le Père des médecins. En voici quelques uns. Vous êtes jeunes, vous fréquentez les boîtes du nuit, vous vous faites vacciné. Vous êtes cas contact, pour rassurer papi et mamie, vous faites le test. Merde! positif. On n'ira plus voir papi et mamie pendant deux semaines, mais en boite, on y retourne le soir même puisqu'on est vacciné! Et bisous, bisous. Vous travaillez dans un bureau mal aéré en présence du public. Votre mari tombe malade de la covid19. Heureusement, ce n'est pas méchant, mais vous êtes cas contact et sans doute positive, mais vous ne pouvez pas laisser tomber le boulot. D'ailleurs vous êtes vaccinée. Et hop c'est reparti pour un tour! Vous travaillez dans une pharmacie. Le patron vous a obligée à vous vacciner. Votre gamin attrape le covid à l'école. Il est jeune et en bonne santé, ça passe en deux jours. Le patron lui, ne veut pas entendre parler de covid dans sa boutique. Cà pourrait éloigner les clients. Pas question de test. D'ailleurs, si vous êtes vaccinée c'est bien pour aller bosser tous les jours. Et ainsi de suite.

Le comble de l'absurde, c'est la situation faite aux soignants. Non vaccinés, suspendus. Mais pour les vaccinés, vous devez venir bosser même positif, même malade mais pas trop. C'est le plan blanc et tutti quanti.

Maintenant, on sait très bien que les vaccinés, avec les vaccins utilisés en France et en Europe, sont autant porteurs du virus que les non vaccinés, l'exigence sanitaire voudrait que l'on maintienne les mêmes exigences d'isolement pour tous ceux qui sont porteurs du virus. Mais l'exigence politique veut que les vaccinés bénéficient d'une situation privilégiée par rapport aux non vaccinés. Cette exigence devient de plus en plus nécessaire, lorsqu'on constate que le bénéfice sanitaire tiré du vaccin est mince et qu'il s'use très vite. Restent les avantages sociaux concédés par le pouvoir politique.

Une mention spéciale pour les belles âmes qui regrettent l'usage  de la contrainte et le peu de démocratie dans cette façon d'inciter à la vaccination. Le problème des belles âmes c'est que leurs arguments de principe touchent peu de gens. Si le pass sanitaire était efficace sur le plan sanitaire, beaucoup s'en contenterait. C'est d'ailleurs ce que font les belles âmes. Elles supportent très bien le pass sanitaire, tant qu'il pourrit la vie des autres. C'est comme le racisme, le sexisme, l'injustice sociale. De bons sujets de conversation mais tant que ça touche les autres.

Le problème, c'est que le pass sanitaire aboutit à relancer la circulation du virus. Le pass sanitaire est aussi une catastrophe sanitaire. Et cette nouvelle là touche tout le monde. C'est pourquoi vous ne la lirez pas dans votre journal préféré.

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