Le titre fait mouche et vu la réputation de Trump, l'affaire est entendue. Cet énergumène défend le traitement à l'hydroxychloroquine car il a des intérêts dans le laboratoire Sanofi. Sauf que lorsqu'on prend la peine d'y regarder de plus prés, on s'aperçoit que de nombreux biais viennent déformer la réalité pour nous servir une fausse information.
D'abord la traduction. Le titre de l'article du New York Times signale simplement que la prise de position agressive - comme d'habitude - en faveur du traitement à la chloroquine divise la communauté scientifique. Jusque là rien que de très banal. En lisant l'article on découvre qu'un débat public fait rage aux USA sur la question. Mais aussi que le Food and Drug Administration a autorisé, contrairement à l'administration française l'usage de l'hydroxychloroquine dans le traitement du covid 19 et qu'un certain nombre d'hôpitaux prestigieux ne s'en privent pas. Pourtant aussi chauvin que la presse française, le NYT ignore les études chinoises ou celles pratiquées à Marseille. La mondialisation c'est juste pour les capitaux et les marchandises, car si les USA veulent utiliser massivement l'hydroxychloroquine, il faut que Trump use de ses bonnes relations avec Modi, le premier ministre indien. Les USA , comme les pays européens sont dépendants pour leurs médicaments des molécules de base fabriquées en Asie.
Vient ensuite la question des intérêts liés aux laboratoires Sanofi et Mylan. Et grosse surprise, ce que disent les journalistes du NYT n'a rien à voir avec le résumé publié par Mediapart. Car Sanofi ne distribue plus le Plaquenil aux USA! Par contre, nombre de petits ou grands laboratoires américains sont capables de produire ce médicament avec la matière première indienne, et bien sûr leur PDG font le siège de Trump pour qu'il poursuive dans la même voie. De limpide qu'elle paraissait au vue du titre retenu par Mediapart, l'affaire se complique sérieusement.
Elle se complique d'autant plus, si on repasse de ce côté ci de l'Atlantique. Car ici aussi tout le monde peut livrer du Plaquenil. Sanofi en a proposé des tonnes au gouvernement français, mais Novartis a fait la même proposition au gouvernement suisse. Et encore ceux ne sont pas, loin de là, les mammouths du secteur. Le champion, c'est l'allemand Bayer. Et celui là s'est montré beaucoup plus généreux en proposant de fournir gratuitement le gouvernement allemand! Et plus prévoyant aussi, car il a rapatrié en Allemagne la production de la molécule de base de son usine du Pakistan.
La vérité, c'est que la chloroquine est un vieux médicament tombé dans le domaine public qui ne coûte rien. Personne, pas plus Trump que Sanofi, ne fera fortune si c'est ce médicament qui est utilisé massivement pour combattre le covid 19. Les grands laboratoires et leurs actionnaires n'ont aucun intérêt à promouvoir le traitement à base de chloroquine. ls sont tous entrain de travailler sur des médicaments, nouveaux, complexes et coûteux qui leur permettent de déposer des brevets.
La triste vérité, pour revenir à la France, c'est que notre système de santé n'est pas capable de faire face à l'épidémie efficacement. La solution à portée de main la plus simple serait de généraliser, région par région, la méthode employée à Marseille, mais pour cela il faudrait tester massivement la population, ce que nous sommes incapables de faire. Après avoir appris que la France était le 19 ième pays pour le nombre de lits en réanimation par habitants, nous apprenons aujourd'hui que nous sommes le 42 ième pour le nombre de personnes testées. Voilà ce que des journalistes sérieux devraient mettre en évidence.