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Billet de blog 18 mars 2021

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COVID 19 en France: La nef des fous

La France s'est donnée un dictateur pour combattre l'épidémie. Un an après quelle est la logique qui guide le dictateur?

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Le dictateur se présente comme celui qui est capable de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Son but, protéger ses concitoyens contre une terrible menace, épidémie, terrorisme, chômage, décadence, invasion... c'est selon. La mise en scène de la décision a toujours été le moment fort d'une dictature. On le voit encore aujourd'hui avec Macron. Une fois la décision communiquée au bon peuple, la claque des courtisans doit étouffer les éventuelles critiques. Et puis, on oublie et on passe à autre chose. On oublie les promesses, les bévues, les fausses prédictions. La mémoire du poisson rouge est l'objectif à atteindre pour les sujets bien dressés. Les media qui sautent d'un point à un autre, sans jamais essayer de dégager une logique sur le moyen terme, s'accommodent à merveille de cette exigence. Pas de mémoire, pas de bilan et on continue dans l'urgence, en semant un brin de panique pour bloquer la réflexion.

Il y a pourtant des critiques qui relèvent les contradictions, les mensonges et les échecs. Avec une mortalité de 140 décès pour 100 000 habitants, pas difficile de constater qu'il y a un problème d'insécurité sanitaire par rapport à la plupart des pays du monde qui font bien mieux que nous. Comment est-ce possible? Une fois que l'on a constaté la grande détresse de l'Hôpital Public, l'indigence des EHPAD, l'épuisement des personnels alors que rien n'a été fait pour améliorer la situation depuis un an, on peut en déduire que l'urgence sanitaire n'a pas fait bougé le dictateur d'un pouce sur sa ligne politique de destruction des services publics. Le néolibéralisme mondialisé reste l'alpha et l'oméga de sa pensée. Tout le prouve, la confiance aveugle aux grands labos anglo-américains comme l'appel au cabinet conseil MacKinsey grassement rémunéré. 

Donc, notre banquier dictateur fait passer les intérêts du capital avant la santé des "riens" qui s'échinent sur ses terres. Ce n'est pas une bien grande découverte. Juste une confirmation. Est-ce que pour autant, on a tout dit? On peut considérer que le gouvernement suédois qui a préservé le plus longtemps possible le "business as usual" dans son pays a tenu avec cohérence la ligne "maintenir le fonctionnement normal des affaires quoiqu'il arrive". Ce n'est pas le cas en France. Certes, les actionnaires ne souffrent pas des mesures gouvernementales. La plupart des grandes entreprises non plus. Les inégalités s'aggravent ce qui est toujours une bonne nouvelle pour les possédants. Notre dictateur banquier travaillent bien pour ses patrons. Mais le tourisme? L'industrie de la culture? Je dis bien l'industrie, car la culture il n'en a cure. Les transports aériens...Et la dette, ciel la dette? Comment peut-on aligner à la fois une telle casse sur le plan économique et social et une telle inefficacité sur le plan sanitaire? On ne peut répondre à cette question, si on suppose que le comportement du dictateur est guidé par la rationalité. Non, c'est l'irrationnel qui est au poste de commande. Et ce ne serait pas la première fois qu'un pouvoir absolu ne se contente pas de la simple défense rationnelle des intérêts des possédants. C'est même une caractéristique des périodes de décadence, n'ayons pas peur du mot, de choisir un dictateur entrainé par ses phantasmes loin du monde réel. 

Il est clair que l'investissement dans l'augmentation des capacités de l'hôpital public aurait coûté moins cher que un é-nième confinement.

Mais, c'est sur le plan des traitements que l'absurdité de la politique française est la plus évidente.

Un malade on le soigne, c'est le B.A BA, le serment d'Hippocrate qui ne date pas d'hier. On le soigne, comme on peut avec ce qu'on a. Puis on compare, on améliore... En France, depuis le début de l'épidémie on en est toujours à la fameuse injonction " Rester chez vous, prenez un doliprane et si ça s'aggrave appelez le 15". C'est criminel. Car, comme pour toute maladie infectieuse, plus on attend avant de soigner, plus on court de risque. Même si le corps se débarrasse tout seul du virus, les dégâts peuvent être durables - covid long - voire irréversibles et la vie du malade en danger. 

On sait que dés le début de l'épidémie le Pr Raoult et son équipe de l'IHU Méditerranée ont mis en place un protocole inspiré d'études chinoises. Un protocole amélioré au fil du temps et qui a permis de soigner plus de 14 000 malades dont beaucoup en hôpital de jour. De nombreux états dans le monde, qui ont des taux de mortalité bien plus faibles que la France, utilisent la même molécule l'hydroxychloroquine, d'autres l'ivermectine avec des résultats semblent-ils encore meilleurs. Même certains anti-dépresseurs semblent faire preuve d'efficacité contre le virus. Mais la doctrine française en un an d'épidémie n'a pas varié d'un iota. Le Pr Raoult est sans cesse attaqué, sans que l'on daigne jeter un oeil sur son bilan, et les médecins qui se risquent à préconiser un traitement contre un covid diagnostiqué se voient harcelés par le conseil de l'ordre. 

Je ne traiterai pas ici du fond, mais je fais simplement cette constatation, les autorités sanitaires françaises interdisent tout traitement de la covid19 sous prétexte que pour aucun il n'y a de "preuves suffisantes" selon le bon mot de Véran. Comment faire face à une épidémie sans traitement? La recherche d'un traitement efficace, c'est quand même la première des choses à faire, si l'on n'est pas logé sur la nef des fous.

Je citerai ici Dominique Costaglia, qui a condamné Didier Raoult pour ne pas avoir validé son protocole par des tests randomisés. Cette dame, très péremptoire et qui ne croit qu'aux tests randomisés, déclarait "En l'absence de thérapeutique validée, ce qu’il faut faire, c’est mener vite et bien des essais randomisés permettant de sélectionner les pistes thérapeutiques les plus prometteuses." C'était le 20 mars 2020. Il y a bientôt un an! Depuis des tests randomisés ont été lancés en France Discovery, à l'échelle européenne Solidarity, en Grande Bretagne Recovery. Tous ont été interrompue sans résultat. La même Dominique Costaglia, qui est quand même membre du conseil Scientifique, affirmait dans un interview en Mai 2020 que les tests avaient été arrêtés, car il n'y avait plus assez de malades, mais que si l'épidémie reprenait on redémarrerait les tests. L'épidémie a repris, pas les tests. Par contre, nous avons eu l'épisode du Remdésivir, dont l'Agence Européenne du Médicament a acheté à l'automne 2020 pour un milliard d'euros de doses, alors que l'OMS venait de déclarer à raison que ce médicament ne servait à rien. Et ce n'est pas fini. Quand le laboratoire US Lilly met sur le marché un traitement à anticorps monoclonaux, sous le nom disgracieux de bamlanivimab, l'ANSM délivre immédiatement une autorisation temporaire d'utilisation contre la covid, sans étude préalable indépendante, pour la modique somme de 1000 euros la dose. 

J'ai peine à croire que l'on interdit les traitements à base de molécules connues et tombées dans le domaine public uniquement pour permettre aux actionnaires de Big Pharma de se remplir les poches avec des molécules nouvelles, brevetées,  couteuses et qui n'ont pas fait la preuve de leur utilité. J'ai peine à croire qu'après avoir fait ce tir de barrage contre l'IHU Méditerranée, sous prétexte que leur étude était observationnelle et pas randomisée, on s'en remette, sans aucune étude indépendante, aux affirmations des labos privés en matière de traitement, comme de vaccin. 

Je ne sais pas si les tests doivent être randomisés ou observationnels, je ne sais pas si les vaccins actuellement expérimentés en occident s'avéreront efficaces pour arrêter l'épidémie, mais je sais que sans traitement, des malades qui auraient pu être soignés à temps, continueront à mourir. Ceux qui portent la responsabilité de cette situation sont des criminels. Mais au delà des responsables, il est pour le moins étonnant que personne ne se pose plus la question des traitements, ni des études indépendantes des laboratoires privés. Il semble entendu que le salut ne peut plus venir que de Pfizer, Moderna, Gilead, Lilly, AstraZenecca...

C'est bien pour cela que le tableau sous nos yeux est celui d'un dictateur fou gouvernant une nef des fous.

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