On confond souvent la dictature romaine, qui est une magistrature élective soumise à la loi, et la tyrannie dénoncée par les historiens et philosophes grecs qui est le résultat d'un coup de force contre la constitution de la cité. Le juridisme ambiant impose que les atteintes aux libertés actuellement en France se fassent le plus souvent dans le respect des mécanismes légaux. Élections, vote du parlement, les apparences sont sauves. Mais, nous savons tous qu'en réalité, le pouvoir politique est concentré dans les mains d'un seul, élu président de la République en 2017 et qui prépare sa réélection en 2022 avec les mêmes ficelles, "faire barrage".
Il n'existe pas de "dictature" prévue dans la Constitution française. Il existe un article 16 qui lui ressemble beaucoup, mais qui est tombé en désuétude. Et pour cause, comme la dictature romaine, l'article 16 encadre le pouvoir personnel du président de la république d'une série de conditions qui le contrôle et le rende disons, peu maniable. Depuis des années maintenant, nous glissons vers une dictature qui ne dit pas son nom, qui n'a ni fin annoncée, ni contrôle. Au contraire, les dispositions présentées un jour comme exceptionnelles, sont ensuite intégrées dans le droit commun sous prétexte d'un retour à la normalité, qui n'est qu'un pas en avant dans la mise sous contrôle permanent de la population. Car un président de la république française a infiniment plus de pouvoir sur ses concitoyens qu'un dictateur romain qui ne disposait même pas de forces de police et ne pouvait pas faire voter les lois. La dictature qui ne dit pas son nom ouvre la porte à la tyrannie et la tyrannie moderne qui s'insinue dans toutes les pores de la société, dans la vie publique comme dans la vie privé, est en réalité un totalitarisme.
Ce qui justifie la dictature, maintenant comme pour les romains, c'est la nécessité de faire face à une crise exceptionnelle qui met en danger la société. Dans l'antiquité c'était le plus souvent la menace d'une invasion, une guerre civile, une bataille décisive. Pour nous ce fût la guerre contre le terrorisme et maintenant l'urgence sanitaire. Les deux contraintes et bien d'autres s'additionnant.
Que l'épidémie de covid19 nécessite de concentrer les pouvoirs dans les mains du président de la République est évidemment idiot. En cas de guerre les romains choisissait comme dictateur un général qui avait fait ses preuves. Pour lutter contre une épidémie choisir un banquier, ne tombe pas sous le sens. C'est pourtant où nous en sommes. Le banquier en question s'est entouré le plus légalement du monde d'une série de conseils consultatifs, qu'il a lui même choisi et dont il est seul destinataire des avis. Au bout du chemin "Le Roi Veut". Le gouvernement lui-même est hors jeu, les ministres étant réduits à commenter le moins mal possible, voire pour les petits chouchous, Véran, Attal, à porter la parole présidentielle. Et le bon peuple d'attendre, d'écouter et d'obéir.
C'est à justifier ce coup de force politique que nous a préparé le discours guerrier du dictateur annonçant le premier confinement. C'est d'ailleurs la seule promesse qu'il ait tenue. Tout le reste du discours sur le monde d'après n'étant qu'un baratin pour naïfs. Sur ce point aussi, on pouvait immédiatement constater que déclarer la guerre à un virus, c'était idiot. Mais déclarer la guerre au terrorisme, c'est aussi idiot. Sauf que ces guerres sans ennemis identifiables, sans objectifs quantifiables, ont l'avantage d'être sans fin et sans bilan possible. Le dictateur autoproclamé est dictateur tant que dure la crise et il n'a pas de compte à rendre. Évidemment, cette mise en scène fonctionne en s'appuyant sur une invraisemblable campagne médiatique qui rendrait Goebbels jaloux. Oui, jaloux. Car les journalistes qui déplaisaient à Goebbels risquaient leur peau. Ceux qui chantent une autre chanson que les rengaines dictées par le service de presse de l'Élysée risquent tout au plus leur place et encore.
Un certain nombre de commentateurs nous ont bien alertés sur cet invraisemblable recul démocratique. Certains audacieux prétendent même que l'on pourrait lutter plus efficacement contre le virus en rétablissant un semblant de débat démocratique. Ils sont plutôt rares. L'ennui c'est que nous sommes placés idéologiquement dans le cadre bien connu de TINA. There is No Alternative. Cette affirmation dans le domaine économique, a été acceptée par tant de gens qu'il a longtemps était impossible de discuter d'une autre politique économique et de contester celle qui nous a été imposée. Elle nous revient maintenant sur le plan sanitaire parée du prestige de la science. Et gare aux critiques, taxées de charlatans, complotistes, diffuseurs de "fakes news" qui mettent en danger la santé publique.
La démocratie n'est pas un objectif en soi. C'est une forme d'organisation politique qui permet d'atteindre un objectif qui est en général le type de société dans laquelle on souhaite vivre. La démocratie antique avait pour principal objectif de lutter contre les inégalités, le pouvoir exorbitant des plus riches, d'interdire l'esclavage pour dettes, de défendre la petite propriété paysanne... Personne ne va revendiquer de gérer l'épidémie démocratiquement en choisissant simplement les dates du confinement ou la marque d'un vaccin. Par contre, tout le monde souhaite que la lutte contre l'épidémie soit efficace, c'est à dire moins de malades, moins de morts et retour à des conditions de vie libérées des contraintes qui nous sont actuellement imposées au grés des fantaisies du dictateur. Tout le monde peut constater les incohérences et les mensonges de nos dirigeants, comme la souffrance sociale provoquée par la politique gouvernementale au nom de la sécurité sanitaire alors que la France enregistre un des plus mauvais bilan en terme de mortalité par habitants. L'impatience et la révolte commence à se manifester dans bien des secteurs, mais on ne pourra sortir de cette dictature ubuesque que par un désir collectif de reprendre notre sort en main pour faire face efficacement à l'épidémie. Ce qui implique que se dégage une politique sanitaire alternative qui emporte l'adhésion.
Et pour cela, il va falloir démolir la TINA qui nous empêche de penser et d'envisager un avenir. La première idole à renverser, c'est celle de la SCIENCE vénérée comme une religion révélée qui justifie toutes les décisions venues d'en haut. Il est pourtant bien clair que la parole des scientifiques est multiple et contradictoire, que les questions liées à l'épidémie sont en plein débat et que les intérêts et la personnalité des différents acteurs influencent leur prise de position. C'est bien pourquoi un débat démocratique est indispensable et qu'il ne peut être limité à un quelconque conseil scientifique. Bien évidemment la démarche scientifique est absolument essentielle pour faire face à cette situation, mais il faut tout reprendre, interroger toutes les affirmations sur la base de l'expérience, des expériences accumulées depuis un an. Or cette parole scientifique est en réalité confisquée par les porte paroles de Big Pharma qui ne défendent que les intérêts de leurs actionnaires.
Enfin, il faut d'urgence sortir de l'enfermement français et même UE/USA. Cette configuration impérialiste, qui a prétendu monopoliser la parole scientifique et l'efficacité médicale, est en pleine déroute, mais cette déroute n'est pas celle de l'humanité toute entière. Ailleurs on soigne, ailleurs on réfléchit, on analyse, on fait de la science et les résultats comme les méthodes et les traitements, sont tellement différents suivant les pays et les continents qu'il y a certainement beaucoup à apprendre sur la lutte contre l'épidémie en Chine, en Inde, en Afrique, à Cuba, au Vietnam... C'est seulement avec cette vision planétaire que l'on pourra analyser l'importance de la maladie, l'efficacité de la gestion sociale, des multiples traitements existants, les risques et les avantages attendus d'une politique vaccinale. Il faut une démocratie oui, une démocratie qui s'appuie sur un débat scientifique ouvert, sans tabou, et une démocratie avec une vision internationaliste.