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Billet de blog 25 août 2021

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It's only rock and roll...

Charlie Watts n'était pas seulement un batteur hors pair, c'était le pilier de cette formidable machine à sons, les Rolling Stones.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Des journalistes spécialisés en parlerons mieux que moi. Mais je me sentirais coupable de ne pas payer mon dû en reconnaissance de tout ce que je dois, à Charlie Watts, aux Stones, au rock, au jazz, à la musique qui a éclairé les 50 dernières années. 

Un journaliste spécialisé a cru rendre hommage à Charlie Watts en le qualifiant de fantassin du rock, sans doute pour le différencier des "vedettes". Mais Charlie Watts était bien plus qu'un batteur de rock. D'abord, avant d'être un musicien de rock, c'est un jazzman. Et il jouera du jazz toute sa vie. Le plus discrètement possible, mais sans jamais abandonner cette musique qu'il aime, comme Keith Richard ne peut se passe de jouer de la guitare avec ses potes jamaïcains, même si l'un et l'autre savent que leur grand succès c'est d'être membre des Rolling Stones. Car les Rolling Stones, c'est un tout, pas une simple collection de musiciens talentueux. Même Mike Jagger, qui aime tant jouer les vedettes, a compris qu'il n'était vedette que parce qu'il était le chanteur des Stones. Cette intelligence collective, c'est ce qui explique la longévité exceptionnelle du groupe.

La force des Stones, ce n'est pas la richesse et l'invention mélodique des Beatles. Ceux ne sont pas des solos de musiciens doués. C'est la cohésion d'un ensemble où la richesse rythmique et la précision est absolument essentielle. Il y a bien sûr la guitare envahissante de Keith Richard, les hurlements déchainés de Jagger. Les textes qui valent bien ceux de Bob Dylan. Mais encore faut il que tout cela tienne ensemble et ne sombre pas dans la cacophonie. Et ce miracle c'est la main de fer du batteur.

D'ailleurs peut on qualifier la musique des Stones de Rock and Roll? Cà se discute. Entre ballades et déchaînement sonore, bien peu de véritable rock dans leurs morceaux. Prenez Satisfaction, le meilleur ? En tout cas le modèle de tous les grands succès. On ne saisit pas une mélodie. On entend un grondement rythmé qui va crescendo et peu à peu envahit tout et d'où émerge les éructation de Jagger. Tout est rythme. Et l'inventivité rythmique du batteur est mise au service du groupe. La leçon sans doute des musiciens noirs américains que les Stones ont toujours pris pour modèle. Dans un temps, qui était aussi le temps des révoltes et du free jazz.

Charlie Watts, toujours imperturbable était le centre de cette tempête musicale. D'abord pour le groupe des cinq musiciens du départ. Puis lors des grands show, c'est lui qui donnait le rythme et l'unité au jeu des guitares, des saxos, des choeurs, des percussions... de tout ce qui fait l'incroyable folie d'un show des Rolling Stones. Jagger lui même restait dans le rythme. Et quelle précision, quelle coordination impeccable. Impossible sans Charlie Watts.

Les Rolling Stones ont survécu à la mort tragique de Brian Jones, le guitariste surdoué. Ils ont survécu à la lassitude de Bill Wyman, le génial bassiste. Mais le départ de Charlie Watts tourne la page.

Dans un enregistrement en public d'Honky Tonk women, au début du morceau on entend Mike Jagger qui dit "Charlie is good to night". Écoutez et réécoutez Honky Tonk women. Charlie is good for every night!

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