Voilà un conflit social d'ampleur, par sa durée et ses enjeux. Sur la sellette un secteur économique dynamique, le transport aérien, qui emploie des personnels très qualifiés. Air France, une grande entreprise, presque une vitrine pour la france. Un syndicat représentatif, le syndicat des pilotes, qui lutte contre un projet de délocalisation et défend le statut des personnels qu'il syndique. Des personnels qui se battent avec courage et dans l'unité, malgré les attaques incessantes auxquels ils sont soumis dans les media. En général, grève de nantis irresponsables, qui paralysent l'économie et coulent leur entreprise. J'ai même entendu un plumitif zélé, tâcheron d'une feuille quelconque à la solde du patronat, affirmait que piloter un avion étant devenu de nos jours un jeu d'enfant, les pilotes ne méritaient plus de considération particulières. Glissons...
Mais pour qu'il y ait conflit, il faut être deux. Qui est donc l'adversaire des pilotes d'Air France?
Sur ce sujet, la presse se fait plus discrète. On nous parle d'une direction qui a des projets pour l'entreprise qu'elle veut forcément sauver. Les clichés habituels. Air France serait dans le rouge ou pas loin. La variable d'ajustement idéale, c'est le salaire des personnels et peu importe s'il ne représente qu'une faible part des dépenses. Quant aux revenus des actionnaires, la question ne sera pas posée.
Après quelques jours de grève, il faut bien sortir de cet anonymat et la direction se personnifie en M. Alexandre de Juniac. La communication ce n'est pas son fort à ce monsieur. Surtout avec ses personnels, qu'il préfère ne pas rencontrer. Il apparait vite comme un homme de paille qui s'abrite derrière le gouvernement pour faire cesser la grève et derrière son conseil d'administration avant d'avouer sa défaite sur Transavia Europe. Pas courageux le bonhomme. Mais pour qui roule-t-il? Qui tire les ficelles? Qui sont les propriétaires d'Air France?
On nous dit que le gouvernement possède 16 % des actions. Ce qui dans nombre d'entreprises suffit largement à contrôler un conseil d'administration. Mais on nous annonce la nouvelle, seulement pour nous dire que 16% des actions ne suffisent pas à contrôler Air France. Voire. Mais alors qui contrôle Air France? Quel est l'actionnaire de référence?
Qui a eu le pouvoir et la volonté de plonger l'entreprise dans un conflit aussi long, aussi politique.
Je n'ai malheureusement pas la réponse. C'est une bonne question pour un journalisme d'investigation.