Elles font pourtant partie de Maurice. Agaléga, ce sont deux minuscules îles bleues , verdoyantes de cocotiers et de filaos, aux plages de sable fin préservées et désertes, situées dans le sud de l’Océan Indien.Ce sanctuaire écologique où la vie se déroulait encore sans monnaie jusqu’en 2003, est aujourd’hui menacé d’être complètement défiguré. Sacrifié sur l’autel d’une stratégie de guerre qu’il n’a pas choisie. A quelque mille kilomètres au nord de la Réunion française, de Maurice et un peu plus loin de Madagascar, se situe Agaléga.
Et en effet,à la suite d’un accord militaire secret entre le gouvernement mauricien et indien en 2017, un des derniers territoires de notre planète vierges de pollution, de cupidité, de pesticide, de fléaux "modernes" est en train de se transformer en une importante base militaire indienne. La moitié de la végétation de l'île du nord, où se situera la future position de l'armée indienne, est déjà morte. Pour ces raisons ce samedi 29 mai, de nombreux Mauriciens et Mauriciennes et sympathisantes, épris de justice et indignés par l’opacité de ce pacte vont manifester devant l’ONU à Genève. Mais aussi, en Belgique devant la Commission européenne, à Maurice et un peu partout dans le monde pour stopper ce funeste dessein. Car les citoyens paisibles de Maurice comme ses sœurs d’Agaléga, de la Réunion voisine ne souhaitent, en grande majorité, pas voir évoluer dans les eaux limpides d’Agaléga, les sous-marins P 75 Scorpene. L’Inde vient de fabriquer six de ses engins destructeurs grâce à un transfert de technologie française. Lorsque ces engins de guerre s'installeront sur Agaléga, est-ce Martine, par exemple, pourra encore à marée basse enfoncer ses pieds nus dans le lagon limpide sur l’île du Nord et "piquer un ourite " soit pêcher un poulpe, pour le dîner familial ? Les hommes récolteront-ils au bout de leurs lignes de pêche, assis dans leurs barques, détendus et gais, autant de poissons colorés, frais et délicieux ? Que penseront ces enfants dans cet oasis où il n’existe pas de magasin lorsqu’ils verront au-dessus de leurs têtes le plus grand des Airbus acquis par l’Inde, l’Airbus 321 ou encore ce sinistre oiseau de métal le Boeing P 83 destiné à la surveillance des sous-marins.
Personne ne les a consultés pour demander leur avis. Ils ne veulent pas être les otages de cette rivalité obsessionnelle entre l’Inde et la Chine et bien sûr des alliés des uns et des autres. Chaque allié de Chine ou de l'Inde, la France, les Britanniques, les Etats-Unis, tous sont au courant et complices. Tous préparent la guerre au coeur de l’océan indien au grand dam des populations. C'est le nouveau centre stratégique du monde qui est pourtant censé être une zone de paix.
Depuis l’indépendance de Maurice en 1968, une vraie opacité existe sur l’étendue du territoire mauricien. Aucun manuel scolaire de l’île du cycle primaire puis secondaire n’élabore l’histoire de ses sœurs éloignées. Seul le cours de géographie indique partiellement l’existence de certains membres de la famille mauricienne. C’est probablement aidé par ce manque de lien que l’île Diego Garcia a pu être vidée de manière honteuse et sournoise de toute sa population pour pouvoir y installer une base militaire américaine sur une longue période des années 70 à 80 peut-être plus...La seconde guerre du Golfe, c'est de Diego qu'ont décollé les B 52... Et aujourd’hui, les Américains qui louent ces îles aux Britanniques ne sont pas partis en dépit d’une résolution de l’ONU en 2017, et d’un avis consultatif de la Cour internationale internationale de justice en 2019. Ces instances ont pourtant donné tort à la Grande-Bretagne d’avoir excisé les Chagos du territoire mauricien au moment de la décolonisation en 1965.
Et maintenant, la grande famille mauricienne craint que sa petite sœur Agaléga « vendue » ou peut-être « offerte » par l’entremise d’un bail de 99 ans au gouvernement indien ne connaisse le même triste sort que les Chagossiens. Les droits des Agaléennes et Agaléens sont déjà bafoués. Droit à l’éducation : bafoué. En effet, ils doivent se rendre à Maurice vers 13 ans-14 ans pour poursuivre leur scolarité dans des conditions qui foulent aux pieds le droit de l’Enfant (voir le logement, les visites familiales…). Droit à la santé : bafoué. Droit à la vie familiale : bafoué (les femmes enceintes sont contraintes d'accoucher à Maurice en laissant la moitié ou toute la famille derrière) … Et Maurice, c'est deux heures en bateau... Et les fréquences , deux à trois fois l'an ! Il est clair que les dirigeants n’auront aucun scrupule de faire subir aux Agaléens et aux Agaléennes le même sort que les Chagossiens et Chagossiennes. Pour cela, nombreux, nombreuses ont décidé de descendre dans les rues.