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Billet de blog 6 octobre 2025

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Quand plus personne ne veut gouverner

Sébastien Lecornu démissionne, laissant la France sans pilote. Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, il incarne un pouvoir à bout de souffle. Tandis que le pays local prépare les municipales, l’État vacille. Il est temps d’un sursaut démocratique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France n’a plus de gouvernement. Sébastien Lecornu, à peine nommé, vient de démissionner. Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Un record dérisoire, presque grotesque, qui dit tout de l’état de décomposition du pouvoir. Nous assistons à des scènes surréalistes : un pays sans cap, sans direction, où plus personne ne semble vouloir gouverner.

Pendant que l’Élysée s’enferme dans ses calculs, le pays, lui, continue de vivre, de s’organiser, d’espérer. La campagne des municipales vient d’être lancée. Partout, dans les communes, les équipes se mettent au travail, préparent des projets, débattent d’écologie, de logement, d’éducation. Le local agit pendant que le sommet s’effondre. La République, désormais, ne tient plus que par la base.

Ce contraste est saisissant. En haut, des dirigeants déconnectés, épuisés, repliés sur leurs intrigues. En bas, des citoyens, des maires, des élus de terrain qui, malgré tout, continuent à faire vivre la démocratie au quotidien. Pendant que Paris se paralyse, les territoires avancent. Pendant que le pouvoir central vacille, la République locale tient encore debout, par courage, par devoir, par dignité.

Mais combien de temps cela peut-il durer ? Le contexte géopolitique est instable, les équilibres fragiles, les tensions multiples. La guerre en Ukraine continue, le Proche-Orient menace de s’embraser, l’Europe tangue. Et la France, puissance moyenne devenue impuissante, s’enfonce dans ses crises domestiques comme dans un marécage.

Ce qui se joue n’est plus un simple remaniement : c’est la faillite d’un système. La Ve République, construite pour la stabilité, est devenue une machine à produire du chaos. Les institutions sont fatiguées, les gouvernants usés, les citoyens désabusés. Le pouvoir ne gouverne plus : il se contente de gérer l’urgence, de jouer la montre, d’improviser.

Il faut un sursaut. Un véritable sursaut démocratique. Ce pays ne peut pas continuer à être dirigé par des hommes seuls, dans des palais silencieux, loin du peuple et de ses réalités. La France mérite mieux qu’une série de crises ministérielles et de stratégies de survie. Elle mérite une direction, une vision, un projet.

La politique ne doit pas redevenir un théâtre d’ombres, mais un lieu de clarté. Il est temps de rendre la parole aux citoyens, de redonner sens à la démocratie, de sortir du vertige institutionnel dans lequel nous nous enfermons. Car si plus personne ne veut gouverner, alors c’est à nous, collectivement, de reprendre le gouvernail.

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