La chute du gouvernement Bayrou n’est pas un accident, c’est le symptôme d’un régime à bout de souffle. Depuis des années, la Ve République enchaîne les crises, les remaniements, les dissolutions et les improvisations budgétaires. Nous vivons dans un régime instable, incapable de donner une ligne claire, réduit à colmater les brèches en attendant la prochaine secousse.
Le budget, censé être le moment fondateur de toute politique publique, est devenu une mascarade. Chaque automne, la France s’enlise dans des débats stériles, des amendements à répétition, des promesses intenables. Nous n’avons plus de trajectoire économique : nous vivons dans la dette, la fuite en avant, l’illusion. Résultat : la France perd ses notes, recule dans les classements internationaux, et l’Italie nous dépasse. Est-ce cela la puissance européenne ?
Depuis le Covid, Emmanuel Macron a choisi une stratégie claire : gouverner par la peur. Peur du virus, peur de la guerre en Ukraine, peur du chaos économique, peur de l’extrême droite. À chaque étape, la peur est devenue son carburant politique, l’alibi de ses décisions. Aujourd’hui, le même mécanisme se reproduit : nous sommes sommés de choisir entre Macron et le Front national, entre l’incertitude et le pire. Mais gouverner, ce n’est pas agiter des épouvantails. Gouverner, c’est tracer un cap, protéger les plus fragiles, préparer l’avenir.
Or la France n’avance plus. Elle piétine, prisonnière des caprices et des calculs personnels d’un président qui décide seul, comme un monarque jupitérien enfermé dans ses certitudes. La Ve République, dans sa verticalité autoritaire, ne produit plus que des gouvernements éphémères, des majorités bricolées, des projets inachevés. Nous en sommes réduits à subir un pouvoir qui confond autorité et solitude, décision et improvisation.
Il est temps de se réveiller. De dire stop aux caprices d’un régime qui joue avec nos institutions comme avec des jouets cassés. La France ne peut pas continuer à vivre dans l’instabilité permanente, à perdre du temps, de la crédibilité, des places dans le concert des nations. Un pays ne se gouverne pas dans la peur et l’improvisation. Un pays se gouverne avec une vision, une volonté, une confiance.
Le sursaut est vital. Car à force de repousser les échéances, de fuir les responsabilités, de se contenter de tactiques politiciennes, nous risquons de découvrir que le vrai naufrage, ce n’est pas la chute d’un gouvernement : c’est celle d’une République tout entière.