Cela s'appelait cours sur le Cours.
Ce mardi après midi la fac de lettres d'Aix en Provence est sortie de ses murs pour envahir bien pacifiquement le Cours Mirabeau, la si chic artère de la non moins chic "ville d'art et d'eaux" , bordée de banques et de cafés.
Vous avez deviné, on était côté cafés, au soleil bien sûr, assis par terre.
Merveilleuse après midi ! Même si l'hiver s'attarde, le soleil est un peu plus haut dans le ciel et nos enseignants-chercheurs nous ont donné à voir et à entendre quatre heures passionnantes, ont montré dans la rue qu'enseigner est un art qui se vit avec chaleur et passion, et non une punition pour mauvais-pas-rentables chercheurs ...
J'ai entendu des étudiants déclamer du Valère Novarina, sous la vivante et joyeuse houlette de leur professeur, qui leur apprenait à respirer et à énoncer, j'ai entendu ma prof de grammaire nous parler avec beaucoup d' humour des gestes du discours, les gestes "emblèmes", les gestes "coverbaux" ...s'en est suivi un cours sur l'univers cinématographique de Jean Rouch , et enfin un cours de linguistique sur les langues et les locuteurs.
Un peu plus bas sur le cours c'étaient les profs d'allemand qui faisaient amphi en plein air.
Et plus haut ceux d'histoire et de géographie.
Entre les deux, un cercle assistait à un cours sur "la Princesse de Clèves".
Sur un tableau, il y a avait écrit "la Princesse de Clèves" barré et en dessous " la Pécresse de grève".
Eh oui, monsieur N.S. nos enseignants aiment leur métier.
Ils sont plein d'humour, ils se battent, ils réagissent, ils contestent.
Nous tous avec eux allons vous montrer que nous savons conjuguer le verbe contester, à toutes les personnes, et aux temps présent et futur, ne vous en déplaise.
Nous allons vous montrer que la Princesse de Clèves n'est pas morte.
Votre vision petite-boutiquière, étriquée, mesquine, revancharde de l'enseignement vous ressemble.
Votre ministre Darcos se prend pour le PDG de l'entreprise "éduc'nat".
Et puis quoi encore ?
Le 19 février, tous, de la maternelle à l'université, des bambins que vous voulez mettre sous Ritaline en passant par les étudiants de tous âges ( c'est cela aussi la fac ! pouvoir reprendre un parcours inachevé !) jusqu'aux enseignants-chercheurs que vous avez lamentablement méprisés, nous serons tous dans la rue.
Une grève, monsieur N.S, cela se voit.
Plus que jamais.