C'était donc ce matin. Un tweet de félicitations adressé à Elon Musk par Guillaume Kasbarian, ministre de la fonction publique. La provocation est claire et évidente :

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"J'ai hâte de pouvoir partager nos bonnes pratiques dans la lutte contre la bureaucratie excessive et la paperasse et pour repenser les organisations publiques au bénéfice de l'efficacité des agents publics" nous dit le ministre.
Tout y est : une considération des agents publics sous le seul angle de l'inefficacité de leur travail, les services publics comme une "bureaucratie" qu'il faudrait "simplifier" (c'est d'ailleurs l'intitulé du ministère), l'inspiration d'un régime fascisant et d'un chef d'entreprise autoritaire qui licencie à tour de bras.
C'est souvent le principe de l'outrance en politique : plus c'est gros plus ça passe. Les réactions fusent, la presse embraye, le ministre doit être ravi. Demain on citera son nom dans les journaux du matin. Dénigrer le service public, ça paye.
Et les agents publics dans tout ça ? Ceux qui essaient au quotidien de défendre l'intérêt général ? Ceux qui se démènent, parfois en dépit des orientations politiques et budgétaires dominantes ?
Encore une fois, ils subissent une stigmatisation publique. Et encore une fois, celle-ci provient du ministère qui serait justement chargé de les défendre.
Aujourd'hui encore, les enseignant.e.s qui sont sur le terrain au contact des enfants, les soignant.e.s qui donnent tout pour leurs patient.e.s, les égouttier.e.s, les travailleurs.ses sociaux, les agents d'accueil de mairie, ceux des administrations qui essaient de rendre tout cela possible, etc. Tous et toutes seront ramené.e.s à une chose : leur "poids excessif". Leur inefficacité supposée. Et encore une fois on oubliera le cœur de leur métier : faire grandir, prendre soin, accompagner.
A chaque fois que le travail des fonctionnaires est déshumanisé, l'intérêt général régresse dans le débat public. Cette conception de l'intérêt général où l'on essaie de répondre en commun aux défis immenses auxquels nous faisons face : les crises écologiques, le reflux démocratique, les urgences sociales. Cette conviction que nous ne pourrons pas y faire face "chacun pour soi" et que les services publics sont justement des armes de protection collective face à ces défis.
Et à chaque fois que les clichés les plus éculés sur le service public sont véhiculés, depuis le plus haut niveau de l'Etat, cela nous renvoie à notre propre responsabilité : si l'on ne peut apparemment pas compter sur nos actuels dirigeants pour défendre le sens du service public, peut-être qu'il faut le faire nous-mêmes.
En tout cas, avec le collectif Nos Services Publics nous en sommes convaincu.e.s : une conception ambitieuse de l'intérêt général et du service public est possible et nécessaire. Et il est plus que jamais important de la défendre collectivement. A nous de jouer.
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