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Billet de blog 17 avril 2020

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too much

en eau trouble

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Too much

OUI c'est une chanson des Beatles too much c'est aussi le nombre d'informations que j'ai été chercher. Je me suis retrouvé dans cette spirale infernale de la ré information et je crois que tout ce que j'ai collecté m'a fait mal au casque. C'est en plongeant à coté de cet iceberg, moi qui suis incapable de dépasser deux atmosphères ( un atmosphère c'est en gros un mètre en dessous de la surface) mais oui pour une fois j'ai pu descendre plus bas, encore plus bas. Le grand bleu ça vous dis quelque chose ? Et bien oui je suis arrivé à une profondeur qui fait flipper. Combien d'ATM (atmosphères) j'ai passé en ce mois de confinement ? Je n'en sais rien, mais sans doute trop pour mes tympans, moi qui déjà à deux ATM commence à avoir les sinus complètement bloqués.

Cette descente paradisiaque de prime abord ou je croisait les bancs de sardines éclairés par les rayons du soleil qui fessaient miroiter ces animaux inoffensifs et très agréables à regarder, offrant tant tôt une lumière ou de l'ombre, apparaissant puis s'en allant hors de portée. Puis tout ça s'efface et nous descendons maintenant là où la lumière devient plus difficile à discerner. Les grands fonds, c'est là que j'ai choisit de plonger et sur terre la fausse abyssale est celle des Mariannes environ 11 km sous le niveau de la mer, là les pressions y sont telles que ces habitants ont été obligés de recourir à une forme de vie différente. Les yeux ne servent plus à rien et les sens développés par ses habitants nous sont étranger. Leur système nerveux leur squelette semblent ne plus répondre aux lois de la physique. Si différents ils sont pourtant une partie intégrante de la vie sur terre et c'est avec une certaine analogie que je confronte cette descente dans cette fausse avec les informations que je glane de ci de là. Je me pose la question de savoir à quoi pensent ces êtres, quelle est leur façon d’interagir avec leur milieu si inhospitalier , si froid.

A cette profondeur tout les sens sont en éveil, seul le cœur à ralenti sa fréquence et les yeux ne servent plus à rien, induisant une propension à rester plus longtemps sans avoir besoin de respirer.

Là je découvre la plénitude la solitude et l'isolement. Le froid aussi qui me fait prendre conscience que je ne suis pas dans mon élément naturel, puis soudain la réalité qui se rappelle à moi. Combien de temps durera la remontée, ais je assez d'oxygène pour faire cette route vers la surface, cet endroit me semble tout à coup très inhospitalier et je me surprends à paniquer. Cette action a sur mon corps l'effet d'un détonateur et plus je panique plus je me dis que la remontée n'est pas évidente. Je me résigne donc à cette accession vers un milieu qui m'est plus favorable. Je calcule que 11km à la vitesse de 100m par minute va me prendre plus de temps que je n'aurais prévu. Soit je ne fait qu'écrire et donc je vais pouvoir vous compter à loisir les différentes étapes de cette émergence. Je croise différentes espèces au court de cette remonté et aucunes ne me semble vraiment dangereuse pour ma personne. Et soudain, elle apparaît, cette lueur qui maintenant m'indique la verticalité et mon orientation dans cet espace liquoreux. Je peux en effet maintenant apercevoir la lumière qui m'indique la surface. Elle est pour l'instant presque indicible et les quelques bulles qui s’échappent de mes poumons me confortent sur la suite de la route à tenir, ce cap en trois dimensions que je dois suivre si je veux pouvoir retrouver les miens, ceux que j'aime, ceux que je n'aiment pas et ceux qui ne sont rien pour moi. A cette profondeur je me pose la question de savoir si les êtres si différents de moi n'étaient pas cette nouvelle famille silencieuse et calme que je recherchais depuis longtemps, mais je me ravise et poursuit cette inexorable remontée vers le néant, vers les conflits, la guerre, la pollution et les affres d'une humanité bouleversée par les intérêts cupides de quelques uns. Je n'avais pas senti tant d'animosités dans ces grandes profondeurs, n'étais ce sûrement pas d'actualité tant la survie est le seul moyen d'exister dans ce monde froid où les pressions sont si importantes que chaque geste est mesuré. Mais voilà que j'arrive à 250 m et la lumière bien que toujours très ténue offre à mon regard une certaine profondeur de champ. Je reprends tout doucement la conscience de sens qui ne me servaient plus à rien et je commence sérieusement à déjà regretter ce monde du silence qui n'est qu'harmonie, adaptation et simplicité.

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