Le constat est malheureusement sans appel, les conditions devraient être extrêmement favorables à une réforme en profondeur de l'état providence en France : taux d'interêt historiquement bas, euro sur une tendance baissière très favorable à nos exportateurs et surtout un ras-le-bol général avec des français exaspérés qui veulent du changement.
Et pourtant ni à gauche avec le gouvernement actuel dont le bilan est catastrophique : baisse de crédibilité du pouvoir politique avec toutes les reculades sur de nombreuses lois, hausse d'impôts, hausse de charges sociales, clientélisme dans l'éducation nationale, réduction du déficit public sans cesse reporté. Et tout cela, sans compter les 2 principales préoccupations des français avec un chômage au delà de 10 % qui monte en France alors qu'il baisse en Europe et la sécurité en berne avec les attentats et surtout le climat permanent de menaces.
Mais ni à droite qui avec sarko n'a pas fait mieux (et portant, j'ai voté pour lui par conviction en 2007 et par dépit en 2012), allez soyons partisan cela a été un peu moins pire, mais Sarkozy a attendu les 6 derniers mois pour mettre en place la TVA sociale, juste à temps pour qu'Hollande puisse la retirer (et s'en mordre les doigts).
Mais le constat est dramatique aujourd'hui, on est bien d'accord qu'il y a aucune figure politique ni à gauche ni à droite (et pourtant je vote à droite depuis toujours) qui semble en mesure d'incarner les réformes qui font l'objet d'un consensus de la part de tous les économistes.
Projetons nous un peu en 2017, car après tout c'est demain.
A gauche, on se dirige vers une représentation d'Hollande sans primaire. il n'a tenu aucune de ses promesses électorales et bien qu'il est lié son sort politique à la lutte contre le chômage qui est un échec cuisant et il va quand même se représenter tout auréolé de son statut de chef des armées.
A droite, pour le moment on a Sarko et depuis 18 mois son bilan à la tête de la droite est minable. Alors qu'en étant dans l'opposition, il devrait sortir grand vainqueur des élections intermédiaires comme cela a toujours été le cas quand le gouvernement en place est autant contesté. Mais non, le centre + la droite au soir du premier tour ne représente plus que 27 % des électeurs. Comment peut on confier les rênes de l'opposition à un gars qui n'a pas de bilan et qui est empétré dans au moins 6 affaires graves de trafic d'influence, de financement douteux ?
Alors en 2017, il y a une candidate qui est déjà qualifiée pour le second tour. C'est la mère Le Pen, elle qui sait si bien capter la contestation et surfer sur le rejet et le dégoût de nos édiles politiques, qui ne renonce à aucun argument populaire et populiste, qui profite allègrement du rejet de l'euro que nos chers politiques n'ont cessés d'accuser depuis 15 ans de tous les maux, qui manie beaucoup mieux que son père juste ce qu'il faut de patriotisme. Elle attend son heure, bien au chaud, drappée dans son voile tout neuf de respectabilité, elle donne le change et grande illusionniste, elle arrive malgré un programme anti-economique et opportuniste à incarner l'opposition et à passer pour la seule alternative possible !
La logique de rejet du gouvernement voudrait qu'on se retrouve dans un duel Sarko - Le Pen. Dans ce cas, on peut encore penser au moins pour 2017, que Sarko l'emporterait. Mais ne serait ce pas une victoire à la Pyrus ? Les électeurs de la gauche modérée devront se faire violence pour voter 'utile' et éviter l'affront d'un quiquénat d'extrême droite. Il est toutefois assez logique que sur l'échiquier politique, un électeur de centre gauche se reporte au centre droit plutôt qu'à l'extrême droite. Mais alors que Sarko ne fait déjà pas l'unanimité à droite, comment peut on imaginer qu'il réussirait là où il a échoué en 2007 alors qu'il avait un grand soutien populaire ?
Cependant, si on en croit l´article de mediapart affirmant qu'Hollande joue à qui perd gagne, la gauche essaye d'affaiblir la droite républicaine (qui se débrouille déjà très bien toute seule) pour se présenter comme le seul rempart contre le FN.
Et alors dans la perspective d'un duel Hollande - Le Pen en 2017, comment vont voter les électeurs du centre droit situés au centre de cette alternative politique ? Vont ils se reporter vers le centre gauche et soutenir Hollande malgré leur haine ancestrale contre la gauche et leur constat d'un bilan catastrophique depuis 2012 ou vont ils céder aux sirènes de l'illusioniste le Pen vendant à peu de frais un monde meilleur ?
Et bien moi je crains qu'on ne soit pas loin d'un 50/50 pour le report des électeurs de centre droit quand on sait que 20 % des électeurs ayant voté Sarko en 2012 ont voté FN dimanche alors que la droite était présente, combien seront ils à le faire si la droite est absente du second tour ?
Et quand on additionne ce report de droite avec son électorat de base (situé à 28 % aujourd'hui et en constante progression), le report assez naturel d'une large partie des contestataires d'extrême gauche qui portent en fait les même themes électoraux et tous les dégoûtés qui préfèreront s'abstenir .. On se dirige tout droit vers une victoire de l'extrême droite.