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Billet de blog 10 avril 2010

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La société de compétition ou l'élevage intensif... de nous-mêmes !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il me semble que l'Homme, depuis qu'il a inventé l'élevage, le décline tous azimuts. Y compris à lui-même !

Je voudrais parler de nos villes.

On dit parfois que nos centres-villes se meurent, que la vie de quartier diminue car les commerçants fuient les loyers exorbitants. On dit aussi que c'est parce que leurs anciens clients préfèrent maintenant économiser quelques centimes d'euro par article et se rendre en voiture dans des super-hangars-marchés situés en périphérie.

Mais la mort des centres-villes n'est-elle pas avant tout la mort de la diversité ? Soit dit en passant, j'ai beaucoup aimé le "slogan" du XIème arrondissement de Paris qui, il y a quelques années, mettait en avant la "miXIté" de ses quartiers.

Comme dans le monde naturel, il me semble que la diversité, c'est la vie.

La fin de la diversité, ce n'est donc pas seulement la "boboïsation" des quartiers et l'augmentation des loyers qui en résulte. C'est aussi le développement de quartiers d'affaires et de parcs d'entreprises, de banlieues pavillonnaires ou cités dortoirs, de maisons de retraite, bref, de tous ces types de lieux homogénéisés où l'on croise des gens de profils identiques, qui marchent à la même allure et ont les mêmes préoccupations.

La fin de la diversité, selon moi, c'est la fin de la complémentarité et le début de la compétition.

Et tel est mon propos : le regroupement en zones d'activités homogènes conduit naturellement à la compétition.

Je pense que la compétition diminue naturellement avec la diversité, que le contact avec des individus différents contribue à l'ouverture d'esprit et permet de continuer à réfléchir en aimant l'humain dans toute sa diversité et non plus en l'abordant sous un angle spécifique.

Je voudrais simplement dire que l'esprit de compétition qui nous anime n'est pas apparu en réponse à une politique qui afficherait de ridicules slogans du type "travailler plus pour gagner plus" et auxquels les gens croiraient ridiculement. Je pense que la compétition sociale est apparue avec, entre autres, la spécialisation des zones d'activités : parcs d'entreprises, zones résidentielles, maisons de retraite...

Dans chacune de ces zones, il ne s'agit pas de vivre de manière intégrée dans l'écosystème de son voisinage. D'ailleurs un écosystème ne fonctionne pas dans l'uniformité. Il a besoin de diversité. L'objectif devient clair : dans chacune de ces zones, il faut être le meilleur. Dans chaque étape de sa vie, il faut être le meilleur.

Épilogue : si la politique d'aménagement urbain a tant de conséquences sur l'évolution sociale, et je n'aborderai volontairement pas la question de l'aménagement douteux des banlieues décidé dans les années 60, quand faisons-nous le travail d'analyse et d'humilité nécessaire pour noter ce qui a fonctionné et ce qui doit être amélioré ? Comme tout homme, un homme politique peut se tromper et il est de son devoir, il est du devoir de l'État, de faire le bilan des aménagements réalisés pour ses citoyens. Eussent-ils atteint leur objectif ou non. Que l'on sache quelle direction prendre pour l'avenir.

Ma boîte noire à moi (et je vous prie d'excuser par avance le cynisme de mes propos) :

Cette réflexion m'est venue en pensant au concept des maisons de retraite. J'ignore si le lien social s'est distendu avant ou à cause de la création des maisons de retraite mais il m'est apparu que celles-ci tendent à déconnecter nos aînés de la réalité. Or ils ont un rôle essentiel à jouer dans la société et nous avons tant à apprendre d'eux ! Car à les "parquer" ensemble, dans des résidences de personnes âgées de 70 à 90 ans, quelle peut bien être leur seule et unique préoccupation ? Pardon encore une fois, mais il s'agit de "durer" le plus longtemps possible. Et c'est la porte ouverte à l'acharnement thérapeutique et à la dérive des coûts de santé publique.

Il me semble que dans une société intégrée, la personne âgée, vivant près de ses enfants et petits-enfants, sentira naturellement venir le moment où elle perdra pied. Intégrée à une famille où elle sera de plus en plus étrangère, elle se sentira isolée et de plus en plus inutile. Et elle finira par cesser de lutter. Quand on cesse de vouloir, on cesse de pouvoir.

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