"Un facteur verbalisé pour avoir conduit son vélo d'une seule main" ai-je lu avec étonnement dans le journal Le Monde daté du 24 juin. C'est une information mineure mais elle m'a fait réagir. Elle témoigne du comportement zélé d'un fonctionnaire de police à Rennes qui a considéré que le postier n'avait pas la maîtrise de son "véhicule". Il l'a donc arrêté puis emmené au commissariat.
Naturellement, le facteur a voulu prévenir sa hiérarchie de la situation et il a donc souhaité utiliser un téléphone. Ce à quoi on lui a répondu "t'es pas chez toi ici". Et voilà le problème. Certains pensent que ces propos sont racistes car le facteur est noir. Le policier rétorque au contraire qu'il voulait dire que le facteur ne pouvait pas, comme à son domicile, aller et venir comme il l'entendait pour utiliser un téléphone.
Et voilà ce qui me dérange dans cette affaire : la provocation permanente de certains fonctionnaires de police. Il est clair que cette phrase ne peut qu'être interprétée à double sens et c'est une manière de pousser à la faute l'individu arrêté. Mais quelque soit l'intention de ce fonctionnaire de police, je reste étonné de la manière dont la police s'adresse à ses citoyens.
Pour être respecté, il faut soi-même imposer le respect. J'aurais souhaité entendre : "Monsieur, vous êtes dans un commissariat, veuillez rester assis". Mais nous sommes en France et certains fonctionnaires de police, même dans les actions les plus simples et les plus anodines, ne savent pas s'adresser à leurs concitoyens autrement que sur le ton de la provocation, comme si chacun est un voyou et que personne ne mérite le respect.
Le tutoiement de l'autorité envers les concitoyens est un problème. Ce n'est pas le principal problème mais il est vivement souhaitable de changer cela car cela participe à la distanciation toujours plus importante entre les institutions et les citoyens.