Apple a dévoilé hier sa nouvelle création : l'iPad. Je ne puis résister à l'envie d'apporter mon commentaire car l'objet est particulièrement prometteur.
Un nouveau produit pour les usages d'aujourd'hui
Disons-le d'emblée : l'iPad n'est pas un ordinateur. Ce n'est pas un MacBook au format tablette. C'est un grand iPod Touch relié à Internet en wifi et éventuellement en 3G.
Mais éloignons-nous un instant des caractéristiques de l'objet, par ailleurs longuement décrites par les spécialistes, et revenons aux usages que nous faisons d'Internet et de l'ordinateur en général.
Beaucoup de gens possèdent un ordinateur. Qu'en font-ils ? Ils envoient des e-mails, surfent sur Internet, participent au web 2.0, écoutent de la musique, stockent, consultent, retouchent et partagent leurs photos.
Je crois que l'enjeu de l'iPad est là : proposer une solution simple à tous ceux qui veulent vivre leur vie numérique sans adopter les contraintes de l'acquisition et l'entretien d'un ordinateur.
Vivre sa vie numérique sans ordinateur !
Autour de moi, nombreux sont ceux qui acquièrent un ordinateur puissant et bourré d'options en pensant que "ça pourra servir". Mais quelques années après, on constate que l'on n'a pas utilisé le graveur de DVD, la télécommande infrarouge fournie, le port iLink (ou FireWire), le BlueTooth, le port SD, la sortie VGA, la sortie HDMI et même l'entrée micro ou les antiques ports COM et parallèle (pour les PC). Voilà autant d'équipements installés en standard sur de nombreux PC dont nous ne nous servons plus - sans parler du lecteur de disquettes - et qui augmentent la facture d'achat et la complexité d'un ordinateur. Aujourd'hui, participer au web 2.0 c'est avoir un ordinateur portable posé sur les genoux connecté en wifi. Exit même le port Ethernet !
Des millions d'utilisateurs ont su prendre en main l'iPhone et l'iPod Touch sans avoir besoin de comprendre les méandres de son système d'exploitation et de l'informatique. Apple souhaite capitaliser sur cette transition d'usages et poursuivre plus avant la simplification extrême de la technologie et des logiciels. Et ce pari est louable tant on se retrouve perdu quand son ordinateur personnel ne fonctionne plus correctement, et qu'on n'est pas capable de le réparer soi-même tellement ses nombreux composants matériels et logiciels le rendent difficile à manipuler par des non initiés.
La logithèque est la clé
Accéder facilement à sa vie numérique sur iPad c'est bien, disposer d'une panoplie complète de logiciels pour tous les usages, c'est mieux ! Apple ne s'y est pas trompé, qui a rendu son nouveau jouet compatible avec les 140 000 applications de l'App Store. D'emblée, et pour un prix modique, on peut étoffer l'iPad de toute la logithèque iPhone et iPod Touch en profitant d'un affichage sur grand écran. Au passage, la qualité ne devrait pas être altérée car la plupart des programmes de l'App Store utilisent un affichage vectoriel, dont la qualité reste excellente quelque soit le niveau de zoom.
Il faudra cependant attendre les premières annonces des éditeurs car, comme pour l'iPhone et l'iPod Touch, l'offre logicielle sera déterminante pour que le produit soit adopté par le grand public. Et c'est même plus déterminant encore dans le cas de l'iPad puisqu'on l'achète pour ce qu'il est. On ne l'achètera pas pour remplacer son téléphone mobile, par exemple, puisque ce n'en est pas un.
Personnellement, je pense qu'on peut être optimiste sur l'offre logicielle à venir. Les présentations faites hier sont prometteuses, alors que les développeurs n'ont travaillé que pendant deux semaines sur l'iPad. Et on peut faire confiance à Apple pour doter l'iPad d'une offre logicielle suffisante par défaut pour accéder à sa vie numérique : Mail, Safari, iTunes, iBooks, iPhoto, iWork, QuickTime...
Développement de l'offre de jeux
Un autre défi de cette tablette est de séduire les joueurs. Avec l'iPhone et l'iPod Touch, Apple a réussi à faire revenir les éditeurs de jeux vidéo sur ses plate-formes, en particulier les grands noms du secteur : Electronic Arts, Sega, Capcom, Namco, Sony, Vivendi, Gameloft... Aujourd'hui, l'offre en matière de jeux est pléthorique, et nombreux sont les jeux gratuits ou à faible coût.
L'iPhone et l'iPod Touch ont introduit une interactivité nouvelle grâce à leur interface révolutionnaire et les possibilités de jeu en réseau ont également débridé l'imagination des créateurs de jeux vidéo. Pourtant, la taille réduite des appareils pourrait bientôt constituer une limite. Les iPhone et iPod Touch restent des consoles de jeu nomades, à mi-chemin entre le smartphone et les consoles Nintendo DS et Sony PSP.
Avec l'iPad, les éditeurs vont pouvoir repousser les limites du jeu. Il ne s'agit plus de proposer des programmes pour s'occuper dans les transports en commun, la cible est maintenant de jouer chez soi, sur un écran de taille confortable, avec la même interactivité que l'iPhone et l'iPod Touch et éventuellement en réseau. Bien que portable, l'iPad se rapproche ainsi davantage d'une console de salon que d'une console nomade.
Apple capitalise donc sur l'engagement des éditeurs de jeux vidéo sur ses plate-formes. Un succès sur l'iPad constituerait d'ailleurs une revanche pour Apple après l'échec de la Pippin lancée dans les années 1990.
Le faible nombre de jeux disponibles constitue également une critique récurrente à l'encontre de la plate-forme Mac. Avec l'iPad, les éditeurs pourront facilement proposer des versions Mac de leurs produits car les deux plate-formes s'appuient sur le même système d'exploitation : Mac OS X. Les éditeurs qui ont oeuvré sur l'iPhone et l'iPod Touch voient maintenant s'ouvrir un nouvel eldorado avec l'iPad : les meilleures places sont à prendre maintenant !
C'est un peu comme si l'univers tactile et interactif de l'iPhone et de l'iPod Touch s'agrandissait à l'image de cette grande tablette multimédia qu'est l'iPad.
Une offre 3G flexible !
Voilà une autre bonne nouvelle : fort de son succès avec l'iPhone, Apple a réussi à faire plier AT&T pour développer une offre d'accès 3G beaucoup plus flexible. Selon mes informations, elle peut être résiliée plus facilement, donc on peut comprendre qu'il s'agit d'une offre data 3G sans engagement. J'espère que les autres opérateurs vont suivre car voici bien une limite du modèle actuel : l'engagement sur 12 ou 24 mois auprès d'un opérateur pour acquérir un iPhone.
Au-delà de la flexibilité, un effort conséquent a été fait sur les tarifs : le coût mensuel annoncé par AT&T tranche avec les solutions existantes s'appuyant sur une clé 3G.
Une fois de plus, Apple bouscule donc le marché de la téléphonie mobile et de la transmission de données et c'est tant mieux !
Un produit à la rencontre de son marché
Alors bien sûr l'iPad ne répondra pas à tous les usages : les créateurs de contenu, les développeurs web, les infographistes, les artistes et les chercheurs continueront d'utitiliser un ordinateur.
Mais pour tous les autres, c'est-à-dire la majorité des utilisateurs de micro-informatique, l'iPad peut constituer une alternative intéressante.
Il suffit de se poser sincèrement la question : pourquoi avons-nous un ordinateur ? Il ne s'agit pas là de mettre en lumière ce que nous pourrions faire avec un ordinateur mais ce que nous en faisons réellement. Sommes-nous prêts ? Le marché est-il mûr ? L'avenir nous dira si le pari d'Apple, audacieux, sera fructueux.
En résumé, voici un produit nouveau pour des usages bien actuels. La plupart d'entre nous utilise les mêmes ordinateurs que les développeurs informatiques pour accéder simplement à sa vie numérique et surfer sur le web 2.0.
L'iPad est une machine taillée sur mesure pour vivre sa vie numérique, sans les contraintes de l'informatique !