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Billet de blog 25 septembre 2011

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Ce que François Fillon ne vous dit pas

Monsieur Fillon vient de faire une déclaration enjoignant aux Français de se soumettre à la politique de régression des droits sociaux et des salaires que Berlin a fait subir aux Allemands. Le Premier Ministre imagine qu'une « convergence franco-allemande » est souhaitable en la matière et qu'il est urgent pour la France de se conformer aux lubies de Madame Merkel.

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Monsieur Fillon vient de faire une déclaration enjoignant aux Français de se soumettre à la politique de régression des droits sociaux et des salaires que Berlin a fait subir aux Allemands. Le Premier Ministre imagine qu'une « convergence franco-allemande » est souhaitable en la matière et qu'il est urgent pour la France de se conformer aux lubies de Madame Merkel.

L'Allemagne est, je le répète, un contre-modèle, un anti-modèle, basé sur la stagnation salariale et le développement exponentiel du travail précaire. Cyniquement la droite allemande mise sur l'euro (trop) fort alors qu'il étouffe la croissance chez ses partenaires. Alors qu'elle a réalisé ses excédents sur tous ses voisins européens (hors République Tchèque ou Hongrie, devenus les pays manufacturiers du « Made by Germany »), l'Allemagne joue l'égoïsme dès qu'il s'agit d'établir une véritable solidarité européenne. Au mieux, Madame Merkel réagit-elle avec un retard considérable sur la question des eurobonds. Le problème de l'Allemagne est qu'à terme, elle paiera elle aussi cette politique suicidaire pour l'Europe. Elle est dans une contradiction majeure : elle refuse de sauver l'euro mais l'implosion de la zone euro lui coûterait énormément.

Cette politique, que François Fillon propose de suivre, est en effet inepte car elle ne permet pas de faire face aux défis liés aux dettes grecques, italiennes ou espagnoles. D'ici à la fin de l'année la moitié des 21% de chômeurs espagnols seront en fin de droit. Le total des dettes espagnoles est d'environ cinq fois le PIB espagnol tandis que le total des dettes grecques est de l'ordre de trois fois et demi le PIB hellénique... Sauver l'Espagne sera une tâche bien plus ardue que de « sauver » la Grèce.

Ce n'est pas en collant aux régressions sociales allemandes que l'on va retrouver le chemin de la croissance, c'est en s'attaquant à la toute puissance des marchés financiers.

Il faut donc un plan de sauvetage d'urgence de la monnaie unique.

Le drame de cet aveuglement sur la crise monétaire à venir est aussi qu'il révèle l'incapacité totale de nos gouvernants à avoir un cap, une ligne politique et une vision véritable de l'avenir. François Fillon me fait penser à ces grands féodaux du XVIIème siècle qui n'avaient de cesse de chercher en Espagne ou en Allemagne la politique à imposer à leur peuple, le plus souvent contre ses intérêts et ceux du pays mais à leur bénéfice exclusif propre. Balloté par les événements, le gouvernement se mue peu à peu en syndic de faillite de sa propre politique quand le Président de la République joue l'emphase sur la scène internationale pour faire passer son agitation pour de l'action.

François Fillon doit donc répondre à une simple question : a-t-il conscience que l'actuelle politique du gouvernement, à la remorque d'une CDU-CSU finissante est déjà condamnée ?

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