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La loi Duplomb, adoptée par les députés le 8 juillet dernier, marque un recul significatif en autorisant la réintroduction de l'acétamipride, un néonicotinoïde pourtant interdit en France depuis 2020. Cette loi favorise également l'expansion des "méga-bassines", des infrastructures controversées pour le stockage de l'eau et assouplit les procédures pour construire des élevages intensifs.
Des solutions inadaptées aux défis agricoles
Cette loi Duplomb ne répond en rien aux défis concrets auxquels sont confrontés les agriculteurs. Elle n'offre aucune solution pour améliorer leurs revenus, rééquilibrer les relations commerciales, réguler le foncier agricole ou réformer un système d'aides encore trop axé sur le productivisme. Au lieu de s'attaquer à ces problèmes fondamentaux, elle préfère réintroduire des produits toxiques.
Un pesticide toxique de retour
La réintroduction de l'acétamipride est particulièrement alarmante. Ce pesticide est reconnu pour sa toxicité envers les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, et représente un risque significatif pour la santé humaine et environnementale, en particulier celle des agriculteurs. Plus préoccupant encore, cette décision a été prise sans l'avis scientifique de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Cette décision est à la fois trompeuse pour les agriculteurs et dangereuse pour notre santé et l'environnement. La ligue contre le cancer met notamment en avant que l'adoption de la loi Duplomb met en péril notre sécurité sanitaire
Les méga-bassines : accaparement de l'eau
La proposition de loi inclut aussi un volet sur le stockage de l'eau, accordant notamment aux controversées "méga-bassines" une présomption d'intérêt général majeur, une qualification qui allège les procédures d’obtention des autorisations. Pourtant celles-ci accaparent et privatisent de l'eau au profit d’une minorité d'agriculteurs (6%) aux détriments des petits exploitants.
Les impacts environnementaux sont également importants avec des risques avérés de rabattement des nappes phréatiques et d'assèchement des zones humides environnantes. Cette approche du stockage de l'eau soulève des questions fondamentales sur la gestion équitable des ressources et la préservation de nos écosystèmes.
Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne, rappelle que « Les méga-bassines ne profitent aujourd’hui qu’à la production de maïs exporté aux dépens de cultures vivrières qui pourraient être consommées localement ».
Des mesures en faveur de l’élevage intensif
Concernant l’élevage intensif, les seuils de contrôle des émissions pour les ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement) ont été relevés. À la fin de l’année 2026, ces maxi-fermes pourront ainsi se soustraire aux contrôles environnementaux jusqu’à 85 000 volailles contre 40 000 aujourd’hui, et 3000 porcins contre 2000.
Une offensive contre l'écologie et une souveraineté alimentaire affaiblie
Cette loi s'inscrit dans une offensive plus large contre l'écologie. Elle dénature par ailleurs le concept de "souveraineté alimentaire". Une véritable souveraineté alimentaire ne peut être atteinte si notre biodiversité décline, si nos normes sanitaires et environnementales perdent leur crédibilité, ou si la santé de celles et ceux qui produisent notre alimentation n'est pas protégée.
L'adoption de cette loi, rendue possible par l'union de la droite macroniste, des Républicains (LR) et de l'extrême-droite, constitue une régression dangereuse pour l'agriculture, l'environnement et la santé publique.
Arnaud MOUILLARD - http://arnaudmouillard.fr