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Billet de blog 13 octobre 2025

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Alexis Hanquinquant, le Porte-voix d'un Sport Paralympique oublié

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Septuple champion du Monde et double champion paralympique de paratriathlon, Alexis Hanquinquant a récemment dressé sur France TV le bilan amer de l'après-Paris 2024. Le « tsunami » d'émotions et de visibilité médiatique qu'ont apporté les Jeux a laissé place à un reflux brutal, révélant un opportunisme qui désole le champion.

Un an après l'extinction vibrante de la flamme, le silence succède aux acclamations. Pour les héros qui ont galvanisé la nation, le retour à la réalité est d'une brutalité glaciale. L'Yvetotais, porte-drapeau exemplaire et médaillé d'or, refuse de laisser cette douleur silencieuse enfermée dans les vestiaires.

La vase économique après la vague du succès

« Le sport paralympique a connu un tsunami de bonheur. De cette vague ne demeure que la vase, » martèle le paratriathlète normand. Cette formule percutante dénonce le triomphe d'un réalisme économique froid et opportuniste, où les sponsors privés et les soutiens publics se sont éclipsés dès la fin de l'olympiade parisienne.

Le constat est accablant et chiffré : « J'ai perdu la moitié de mes partenaires par rapport à l'an passé, sans avoir rien à me reprocher. » Malgré une nouvelle médaille d'or paralympique et un engagement total pour la visibilité de la France, les financeurs qui s'étaient invités à la fête brillent par leur absence.

« Je m'entraîne autant en 2025 que l'an passé alors que j'ai perdu la moitié de mes revenus. Ça fait mal. Quels salariés accepteraient de faire le même travail pour deux fois moins ? »

Cette question résonne avec force, posant l'enjeu central de la stabilité financière des athlètes. Comment exiger l'excellence du haut niveau sans garantir un minimum de pérennité ?

Le contraste brutal avec la réalité politique

Cette désaffection économique entre en contradiction flagrante avec les ambitions affichées. Hanquinquant évoque la baisse du budget des sports de 13 % adoptée en février 2025 et, de manière significative, la réduction du nombre d’enfants éligibles au Pass Sport à la rentrée 2025, une aide cruciale pour l'adhésion sportive des familles modestes. Les promesses non tenues de l'État de faire du sport une grande cause nationale au-delà de 2024 alimentent sa colère.

« C'est sûr que la conjoncture n'est pas forcément propice à investir, » concède-t-il, avant d'asséner : « Mais c'est une erreur de ne pas croire en la puissance du sport. »

L'Investissement dans le sport : Un calcul GAGNANT pour la société

Pour étayer son plaidoyer, le champion rappel cette étude du Centre de droit et d'économie du sport publiée en janvier 2024. : « Un euro investi dans le sport, ce sont 13 euros d'économies pour la société. »

Le sport exerce un impact multidimensionnel. Il allège les dépenses de santé par la lutte contre la sédentarité, il est un vecteur d'éducation (apprentissage des règles et du respect), et il renforce la cohésion sociale en unifiant et en dépassant les clivages.

Il met en avant sur France 3 Normandie que « Pour toutes ces valeurs-là, les politiques doivent croire dans le sport et investir massivement. Aujourd'hui, le budget des sports ne représente même pas 1 % du budget français. Et on veut encore taper dessus : ça m'horripile ! »

L'athlète cauchois, qui a transcendé un terrible accident du travail en 2010 pour atteindre le sommet mondial, n'est pas du genre à se plaindre. Sa force est désormais mise au service de la cause. Poursuivant l'objectif inébranlable d'un troisième titre paralympique à Los Angeles en 2028, il peut heureusement compter sur la fidélité de ses partenaires régionaux, la Matmut et le Crédit Agricole Normandie Seine.

En se faisant le porte-parole de ces lendemains qui déchantent (comme il l'a exprimé dans le Courrier Cauchois), Alexis Hanquinquant ne demande pas la charité. Il exige le respect et l'équité pour le sport paralympique, incarnant l'icône d'une lutte qui doit garantir que la reconnaissance ne s'éteigne pas avec les feux de la rampe.

Arnaud MOUILLARD

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